La France en Syrie et au Liban avant 1921
Les Français ont des liens solides avec le Levant, terme géographique et historique désignant (principalement) la Syrie et le Liban. Au cours des croisades chrétiennes du XIe siècle, ils ont établi des contacts avec les chrétiens catholiques locaux (maronites) qui vivaient dans cette région depuis 600 ans. Par la suite, plusieurs États croisés ont été créés le long des côtes syriennes et libanaises. Ils ont existé jusque dans les années 1290, lorsqu’ils ont été repris par les Mamelouks égyptiens. Ensuite, l’Empire ottoman (aujourd’hui la Turquie) s’est emparé de la région au début du XVIe siècle.
En 1799, une campagne française échoue en Syrie. En 1860, les troupes françaises sont intervenues au Liban après le massacre de chrétiens maronites par une tribu druze locale. La France contraint les Ottomans à former une région chrétienne autonome au Liban, gouvernée par un catholique.
Pendant la Première Guerre mondiale, les deux empires s’affrontent à nouveau. En 1916, la France et le Royaume-Uni signent un traité secret (accords Sykes-Picot) qui définit leurs futures sphères d’influence dans le Levant ottoman et en Palestine (aujourd’hui Israël).
Début octobre 1918, dans les derniers jours de la guerre, les premières troupes françaises arrivent au Levant. Elles entrent à Beyrouth (future capitale du Liban) le 8 octobre. Plus tard dans le mois, elles forment l’Armée du Levant sous le commandement du général Hamelin. Toujours en octobre, une administration militaire conjointe française et britannique est établie sur la Syrie, le Liban et la Palestine (seuls les Britanniques occupent cette dernière).
Avec sa proportion importante de chrétiens, le Liban est un pays relativement calme. En revanche, après le retrait des soldats britanniques de Syrie à la fin de 1919, la guerre franco-syrienne (mars-juillet 1920) oppose la France au soi-disant Royaume arabe de Syrie. Les troupes françaises occupent alors Damas (capitale de la Syrie) et étendent leur sphère d’influence sur l’ensemble du territoire. Entre-temps, en avril 1920, l’administration militaire conjointe de la Syrie, du Liban et de la Palestine est désactivée. Deux mandats de la Société des Nations les remplacent :
- Mandat français en Syrie et au Liban
- Mandat britannique en Palestine
Le mandat français en Syrie et au Liban officialise le contrôle de la France sur le Levant. Cependant, trois années se sont encore écoulées avant que la France n’occupe entièrement la Syrie. Le mandat français a été ratifié en 1923 et a existé officiellement jusqu’en 1946.
Légion étrangère au Levant de 1921 à 1939
Les bataillons du 4e REI au Levant de 1921 à 1925
En mars 1921, la première unité de la Légion étrangère arrive au Levant : le 4e bataillon du 4e Régiment étranger (4e RE, rebaptisé 4e REI en 1922). Le régiment avait été activé au Maroc, en Afrique du Nord, quelques mois auparavant. Le 5e bataillon du 4e RE renforce son unité sœur au Levant en septembre.
Chaque bataillon comprend un état-major, trois compagnies d’infanterie et une compagnie montée. Les deux bataillons participent aux opérations militaires visant à assurer la pacification de la Syrie par la France. Commandé par le commandant Salvat au tout début, le 4e bataillon (environ 800 hommes) opère sur la côte syrienne, autour de Lattaquié et de Baniyas. En 1923, il se déplace vers l’est du pays, dans les régions de Raqqa et de Deir ez-Zor. Les légionnaires maintiennent l’ordre dans les secteurs pacifiés et, connus pour être à la fois des soldats et des bâtisseurs, construisent des routes, des ponts et des installations militaires. En novembre 1924, le 4e bataillon du 4e Etranger quitte le Levant et retourne en Afrique du Nord. Il est stationné en Algérie et devient le 7e bataillon du 1er Régiment étranger (1er REI).
Le 5e bataillon, sous les ordres du chef de bataillon Goepfert, opère le long de la rivière Afrin (1921) au nord-ouest d’Alep, dans les régions de Raqqa et Deir ez-Zor (1922), ainsi que dans les régions de Maskanah et Hasakah (entre 1923 et 1924). Les légionnaires du bataillon participent à la construction d’une importante route entre Deir ez-Zor et Alep. A partir de la mi-novembre 1924, ils sont les seuls éléments de la Légion à servir au Moyen-Orient.
En 1924, la pacification de la Syrie est achevée.



La grande révolte syrienne 1925-1927
Cependant, la pacification n’a pas duré longtemps. En juillet 1925, la Syrie et le Liban connaissent un soulèvement : la grande révolte syrienne (ou révolte druze). La revolte a été lancée par les Druzes, un groupe ethno-religieux du petit État du Djebel Druze existant en Syrie, situé dans la partie la plus méridionale du pays.
Ce mois-là, les Français ont arrêté trois cheikhs druzes qu’ils considéraient comme les principaux animateurs des activités anti-françaises. Quelques jours plus tard, les Druzes abattent un avion militaire français et arrêtent deux aviateurs. Ils prévoient de les échanger contre les trois cheikhs. Le 22 juillet, une colonne française d’environ 160 hommes (composée de Tunisiens et de troupes locales), sous les ordres du capitaine Normand, est envoyée pour libérer les deux Français. Mais les Druzes attaquent et massacrent la colonne lourdement surpassée en nombre. Une autre colonne française (sous les ordres du général Michaud) est massacrée quelques jours plus tard.
En réponse à ces massacres, la France envoie des milliers de soldats en Syrie et au Liban au mois d’août. Parmi eux, deux unités de la Légion étrangère : le 4e escadron du 1er Régiment étranger de cavalerie (1er REC) et la 29e compagnie de marche du 1er REI. La compagnie (deux officiers et 160 hommes) est affectée au 5e bataillon du 4e REI.
En septembre 1925, la bataille de Messifré (aujourd’hui Al-Musayfirah) se déroule dans le sud de la Syrie. Cette bataille de dix heures est la première victoire française de la révolte. Deux unités de la Légion sont engagées : le 5e bataillon du 4e REI du commandant Kratzert et le 4e escadron du 1er REC du capitaine Landriau. Les légionnaires sont attaqués par quelque 3 000 rebelles druzes qui comptent finalement des centaines de tués et de blessés. La Légion subit également de lourdes pertes : 47 hommes ont été tués et 83 officiers et légionnaires ont été blessés. Les deux unités ont été citées à l’ordre de l’armée (la plus haute citation). Cette victoire française débouche sur l’importante capture de Soueïda (également Sweida, la capitale des Druzes) une semaine plus tard. Le 5e bataillon y a participé.
En novembre 1925, une autre bataille héroïque se déroula : la bataille de Rachaya. Le 4e escadron défend la célèbre citadelle antique de Rachaya, attaquée par des milliers de Druzes. Les légionnaires refusent de se rendre et se battent jusqu’à la dernière balle. Finalement, grâce à un renfort, les assaillants ont été repoussés. Environ 1 400 d’entre eux sont tués ou blessés. Douze légionnaires sont également tués et 34 officiers et légionnaires sont blessés. Le 4e escadron du 1er REC obtient une nouvelle citation qui permet à ses hommes de porter une fourragère. L’escadron quitte le Levant en février 1926.
En novembre 1926, une autre unité de la Légion étrangère, le 1er escadron du 1er REC, vient renforcer les troupes françaises au Levant. Elle est commandée par le capitaine Flipo, dont le nom n’est pratiquement pas mentionné dans les sources officielles et les ouvrages historiques de la Légion (même le séjour de son unité en Syrie est à peine mentionné). Peut-être est-ce parce que la situation était presque calme à l’époque, et que l’escadron n’a pas connu d’action sérieuse. Après avoir maintenu l’ordre dans la région de Raqqa, les cavaliers de l’escadron le plus ancien de la Légion retournent en Afrique du Nord en juin 1927.
Le même mois, la grande révolte syrienne est réprimée avec succès. Au moins 6 000 rebelles sont tués.
Pour l’anecdote, le drapeau du 4e Régiment étranger ne reçoit aucun honneur de bataille commémorant les actions célèbres de ses deux bataillons au cours de leurs campagnes en Syrie et au Liban, entre 1921 et 1926.

Légion étrangère au Levant de 1926 à 1939
En juillet 1926, le 5e bataillon du 4e REI change de dénomination et devient, pour des raisons administratives, le 8e bataillon du 1er REI, toujours commandé par le chef de bataillon Kratzert. Il absorbe la 29e compagnie de marche du 1er REI. Par ailleurs, le 8e bataillon se voit attribuer une fourragère grâce aux deux citations qu’il a obtenues lors de la révolte syrienne. Désormais stationnés à Soueïda et Deir ez-Zor, ses hommes assurent le maintien de l’ordre dans les secteurs assignés et effectuent des travaux. À la fin des années 1920, le bataillon est transféré à Baalbek et Rayak au Liban.
Fin 1926, la République libanaise est établie sous le contrôle de la France.
En 1930, la République de Syrie est créée. Ce nouvel État reste lui aussi sous administration française.
En 1931, le 8e bataillon du 1er REI (désormais sous les ordres du commandant Bountry) change à nouveau de nom et devient le 4e bataillon du 1er REI. Le chef de bataillon Guyot en prend le commandement. Le bataillon est considéré comme une formation autonome, de type régimentaire (« formant corps »). Il est composée d’hommes en rotation périodique, en raison de son statut d’unité outre-mer. Le 4e bataillon formant corps (BFC) est stationné à Homs, en Syrie.
Au début de l’année 1936 arrive au Levant le 1er bataillon du 1er REI (ex-6e bataillon), commandé par le capitaine Belloc. Ces légionnaires portent également une fourragère grâce à deux citations obtenues au Maroc. Implanté à Baalbek, au Liban, le bataillon est également transformé en unité « formant corps ». Deux de ses quatre compagnies sont détachées à Homs en Syrie.
En mai 1936, les deux bataillons stationnés au Levant sont regroupés au sein d’une nouvelle formation : le Groupement de Légion Etrangère (GLE) dont le PC est situé à Homs. Le lieutenant-colonel Fernand Barre en prend le commandement.
La vie en Syrie et au Liban est relativement calme après la fin de la révolte en 1927. Les bataillons du GLE assurent le maintien de l’ordre, participent aux exercices et manœuvres militaires et effectuent des travaux.
En 1939, en raison de la détérioration de la situation politique en Europe et de la nouvelle menace de conflit, Paris a décidé de renforcer ses troupes dans les colonies afin de contrer suffisamment les attaques éventuelles de l’Allemagne hitlérienne et de ses alliés. Le GLE est donc renforcé par deux autres bataillons. Il s’agit du 2e bataillon du 2e REI du commandant Taguet, arrivant en avril, et du 6e bataillon du 1er REI du commandant Boitel, arrivant en août. Les deux unités sont stationnées en Syrie.










6e Régiment étranger d’infanterie au Levant de 1939 à 1941
6e Régiment étranger d’infanterie en 1939
En septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne après que celle-ci a envahi la Pologne. La Seconde Guerre mondiale commence. Ces événements entraînent une réorganisation des forces françaises, y compris des unités au Levant.
En Syrie et au Liban, le 1er octobre 1939, le GLE à effectifs tournants est transformé en 6e Régiment Étranger d’Infanterie (6e REI). Surnommé le « Régiment du Levant », le 6e REI comprend quatre bataillons et un état-major basé à Homs, en Syrie. Le colonel Albert Imhaus en prend le commandement. Ancien attaché militaire français à Prague, en Tchécoslovaquie, il arrive d’Indochine où il a commandé le 5e REI.
Le 6e REI est composé de 85 officiers, 334 sous-officiers et 2 876 légionnaires, soit un total de 3 295 hommes. (pour comparaison, un régiment d’infanterie ordinaire de la Légion au milieu des années 2020 comptait environ 1 300 hommes).
Le régiment est renforcé fin novembre par un détachement de six officiers, 15 sous-officiers et 447 légionnaires venant d’Afrique du Nord (1er REI, 3e REI).
Le 1er bataillon (l’ancien V/4e REI, devenu le VIII/1er REI puis le 4e BFC) est stationné à Soueïda, en Syrie. Le 2e bataillon (ex-I/1er REI) est stationné à Baalbek, au Liban, et à Deir ez-Zor, en Syrie. Quant au 3e bataillon (ex-II/2e REI), il est implanté à Damas et dans une ville voisine, Dumeir, en Syrie. Le 4e bataillon (ex-VI/1er REI) est installé à Homs et Palmyre, en Syrie.
La composition du 6e REI au Levant à la fin de l’année 1939 est la suivante :
- Chef de corps – colonel Imhaus
- Compagnie hors rang – capitaine Delattre
- 1er Bataillon – chef de bataillon Édart
- 2e Bataillon – chef de bataillon Brisset
- 3e Bataillon – chef de bataillon Taguet
- 4e Bataillon – chef de bataillon Boitel

6e Régiment étranger d’infanterie en 1940
Au début de l’année 1940, le régiment subit deux changements majeurs. Tout d’abord, le colonel Imhaus ne conserve plus son commandement. Fin décembre, il est envoyé à Beyrouth pour prendre la tête de la 192e Division. Il est remplacé par son adjoint, le lieutenant-colonel Fernand Barre, ancien commandant du GLE du Levant. Il prend la tête du régiment début janvier.
Parallèlement, les bataillons du 6e REI sont administrativement scindés en deux parties distinctes :
- 6e régiment étranger d’infanterie
- Groupement de Légion Etrangère du Levant (GLEL)
Le 6e REI, désormais considéré comme une unité à personnel fixe, est rattaché à la 192e division et basé à Homs. Il comprend le PC, la compagnie de commandement, une compagnie d’engins et les 1er et 2e bataillons. Chacun des deux bataillons crée une nouvelle section de combat en montagne, celle des éclaireurs-skieurs.
Le GLEL est désigné comme unité outre-mer avec des effectifs tournants. Il est affecté aux Territoires Sud-Syrie des Troupes du Levant et basé à Damas. Le groupe comprenait un état-major, les 3e et 4e bataillons et une section disciplinaire. Il est commandé par le lieutenant-colonel Albert Vias, commandant en second du 6e REI.
Ensemble, les deux parties – toujours sous le commandement administratif du colonel Barre – comptent 85 officiers, 378 sous-officiers et 3 255 légionnaires (3 718 hommes au total).
A la mi-avril 1940, le 6e REI est renforcé par un bataillon qui, deux semaines plus tard, devient le 11e Bataillon de volontaires étrangers (11e BVE). Ce bataillon a été organisé en France le mois précédent et rattaché administrativement à la Légion étrangère. Commandé par le commandant Knocker et composé d’environ 800 volontaires étrangers pour la durée de la guerre (principalement des Espagnols), le bataillon est stationné à Baalbek, au Liban.
En mai et juin 1940, la bataille de France a lieu. Les défenseurs se battent avec acharnement pour stopper l’invasion ennemie. Parmi eux se trouvent des milliers de légionnaires et de volontaires étrangers, dont beaucoup sont tués. Mais fin juin, c’est un armistice.
Suite à ces tristes événements, le 11e BVE est dissous à la mi-octobre 1940. Ses hommes forment un groupe de travailleurs étrangers occupés à des tâches de construction d’infrastructures au Levant.
En décembre 1940, le 6e REI reçoit officiellement son drapeau. La cérémonie a lieu à Homs. A la fin du même mois, une nouvelle réorganisation a lieu. Le GLEL cesse administrativement d’exister et ses bataillons rejoignent le régiment. De plus, la compagnie d’engins est dissoute.




Insigne régimentaire du 6e REI
En 1939, les lieutenants Bonchard et Favreau du 2e bataillon du 6e REI dessinent un insigne hexagonal inspiré des ruines du temple romain de Jupiter à Baalbek, où leur bataillon est alors stationné. L’insigne porte également une tête de légionnaire, la grenade à sept flammes de la Légion et la devise latine « Ad Unum » (Jusqu’au dernier). Il a d’abord été distribué aux hommes du bataillon.
L’état-major du régiment a apprécié l’insigne et décide, fin 1939 ou début 1940, de l’adopter pour l’ensemble du 6e REI. Toutefois, dans une version simplifiée et légèrement modifiée, sans la tête et avec une grenade plus grosse. Des photos prises le 30 avril 1940, lors de la fête de Camerone (la fête la plus importante de la Légion), montrent la scène décorée de maquettes en bois du nouvel insigne.
Entre-temps, le projet est envoyé en France à la maison Drago Paris. Cependant, la production est retardée en raison de l’invasion allemande de la France au début du mois de mai et de l’occupation qui s’ensuit. Les insignes ont finalement été fabriqués au Levant par des artisans locaux.



6e Régiment étranger d’infanterie en 1941
Début janvier, le Groupe d’artillerie de Légion du Levant (GALL) est constitué avec les hommes du 6e REI. Composé de trois batteries motorisées équipées de canons de 75 mm, le Groupe est stationné à Baalbek. Sur le plan opérationnel, il est rattaché au 2e RAML (Régiment d’artillerie).
Le 6e REI, légèrement réduit, compte désormais 73 officiers, 359 sous-officiers et 2 686 légionnaires (3 118 hommes au total). Quant au groupe d’artillerie, il compte 16 officiers, 32 sous-officiers et 177 légionnaires.
Le régiment reste sous les ordres du lieutenant-colonel Barre (promu colonel en avril). Il poursuit ses travaux de construction et participe à divers exercices et manœuvres.
Néanmoins, la situation internationale s’est à nouveau détériorée. A cette époque, en avril 1941, l’Irak occupé par les Britanniques – qui borde la Syrie à l’ouest – connaît un coup d’Etat mené par des nationalistes. Ces derniers demandent l’aide des Allemands, qui ont de bonnes relations avec le monde musulman. Les Britanniques accusent ainsi les Français de transformer les territoires du Levant en base de transit de la Luftwaffe allemande. Ces accusations conduisent finalement à l’invasion britannique du Levant français.
Composition du 6e REI au Levant à la mi-1941 :
- Chef de corps – colonel Barre
- Adjoint – lieutenant-colonel Vias
- Chef d’état-major – capitaine Jacquot
- Compagnie régimentaire – capitaine Andolenko
- 1er Bataillon – capitaine Berthoux
- 2e Bataillon – commandant Brisset
- 3e Bataillon – commandant Robitaille
- 4e Bataillon – capitaine Hourtané
- Groupe d’Artillerie – commandant Ribérolles

Campagne de Syrie, juin-juillet 1941
Dès la fin du mois de mai, toutes les unités françaises du Levant sont en état d’alerte. Le 8 juin, les troupes australiennes et hindoues de l’armée britannique envahissent le sud du Liban et la Syrie. Elles sont soutenues par des éléments des Forces françaises libres du général de Gaulle, qui font également partie des troupes britanniques depuis la mi-1940.
Parmi ces éléments figure la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE). Ainsi, les Français se battent contre les Français, et, dans certains cas, les légionnaires contre les légionnaires. C’est le début d’un conflit qui a profondément marqué les troupes fidèles au gouvernement de Vichy. Pour la petite histoire, la triste campagne du Levant entre deux récents alliés a été plutôt censurée en Grande-Bretagne par crainte de son impact négatif sur l’opinion publique. Aujourd’hui, elle y est connue sous le nom d’opération Exporter.
La campagne de Syrie a duré cinq semaines, jusqu’à la mi-juillet. Les troupes britanniques envahissent le Liban à partir de la Palestine britannique (aujourd’hui Israël). Elles avancent le long de la côte, vers la capitale Beyrouth et à travers la chaîne du Mont-Liban, jusqu’à Damas en Syrie. Elles sont soutenues par des navires de guerre qui, jour et nuit, bombardent les positions des défenseurs français le long de la côte, y compris celles occupées par les légionnaires. Une autre vague de troupes britanniques est venue d’Irak et a progressé à travers Deir ez-Zor jusqu’à Palmyre et Alep.
Bien que mal équipés pour la guerre moderne, les légionnaires du 6e REI ont participé à toutes les batailles importantes. Ils se battent avec courage. La compagnie régimentaire et le 1er bataillon se distinguent à Jezzine et à Damour, en bloquant l’avance britannique de Palestine, et perdent 170 hommes. Le 2e bataillon livra un combat acharné à Jadra (19 juin) et lors de la bataille de Damour (6 juillet) contre la 7e Division australienne.
Les hommes du 3e bataillon prouvent la tradition de la Légion de se battre jusqu’au bout lors de la bataille de Merdjayoun le 19 juin. Des dizaines de prisonniers australiens ont été capturés ce jour-là. Enfin, le 4e bataillon s’est distingué à Palmyre, où la 15e compagnie a repoussé les attaques britanniques pendant près de deux semaines malgré la supériorité numérique de l’ennemi.
Cependant, les légionnaires du 6e REI sont finalement débordés et subissent de lourdes pertes. Le 14 juillet, la Grande-Bretagne et la France signent l’armistice de Saint-Jean-d’Acre. Les Français se retirent du Levant.
Fin juillet, le régiment est regroupé à Antoura au Liban. Le 4e bataillon est dissous. A la mi-août, les officiers et les hommes se voient proposer de quitter la Légion et l’armée française pour rejoindre les Français libres de l’armée britannique. Seul un petit nombre de légionnaires accepte. Peu après, le 16 août, le 6e REI embarque et quitte le Levant où la Légion étrangère a servi avec honneur et fidélité pendant vingt ans. Les légionnaires ne reviendront qu’en 1982.
Les Australiens, qui ont entretenu un respect mutuel avec les légionnaires pendant la campagne, ont rendu hommage à leurs rivaux sur le départ en organisant un piquet d’honneur.
Au cours du conflit, près de 250 légionnaires du 6e REI ont été tués. Six cents autres furent gravement blessés.
Parmi les officiers du 6e REI qui ont participé à la campagne de Syrie et sont rentrés en France, après avoir refusé l’offre de rejoindre les forces du général de Gaulle, figurent le capitaine Segrétain (futur chef du 1er BEP, tué en Indochine en 1950), le lieutenant Jeanpierre (son adjoint au 1er BEP et futur chef de corps du 1er REP, tué en Algérie en 1958), le capitaine Jacquot (qui commandera le 3e REI en Indochine de 1950 à 1951 et le 2e REI de 1953 à 1956), le capitaine Laimay (chef du 3e REI en Indochine de 1951 à 1953), le capitaine Andolenko (commandant le 5e REI de 1956 à 1958), le lieutenant Favreau (qui prendra la tête du 5e REI de 1958 à 1960), le lieutenant Bloch (chef du 2e BEP en Indochine de 1952 à 1953), ou le lieutenant Liesenfelt (commandant le 2e BEP en Indochine de 1953 à 1954).

6e Régiment étranger d’infanterie en France en 1941
Fin août, les unités du 6e REI débarquent en France et sont stationnées au camp d’Idron, près de Pau. Entre-temps, un détachement composé de 42 sous-officiers est transporté directement en Algérie, probablement pour renforcer une demi-brigade récemment formée (la future 4e DBLE, sous l’ancien drapeau du 4e REI) qui se déploiera au Sénégal, en Afrique occidentale française.
Au camp d’Idron, fin août et mi-septembre, le 3e bataillon et le GALL sont dissous. Ses hommes rejoignent les unités restantes.
Fin octobre, le lieutenant-colonel Emile Delor, peu connu, prend le commandement du 6e REI. Le colonel Barre se rend à Sidi Bel Abbès en Algérie, la maison mère de la Légion.
Alors que le régiment est stationné en France, la maison Drago Paris livre enfin les insignes qu’il avait commandés au début de l’année 1940.
En décembre, le 6e REI réduit quitte la France pour Sidi Bel Abbès. Là, le Régiment du Levant est dissous le 31 décembre 1941, après deux années d’une existence courte mais mouvementée.
Le lendemain, 1er janvier 1942, les deux anciens bataillons du 6e REI reforment l’ancien 1er Régiment étranger, encore une fois sous les ordres du colonel Barre. Un an plus tard, le 1er bataillon du 1er REI (ex-I/6REI) fait preuve d’une grande bravoure lors de la campagne de Tunisie de 1943, contre l’Afrika Korps allemand.






6e Régiment étranger d’infanterie en Tunisie de 1949 à 1955
6e Régiment étranger d’infanterie en 1949
La Tunisie, petit pays situé entre l’Algérie et la Libye en Afrique du Nord, est un protectorat français depuis 1881. Contrairement à d’autres États d’Afrique du Nord contrôlés par la France, comme le Maroc et l’Algérie, la Tunisie n’a jamais connu de conflits armés avec les Français. C’est pourquoi la Légion étrangère n’y a été stationnée qu’en 1921, lors de la création du 1er REC. Lorsque ce dernier s’installe au Maroc à la fin de l’année 1940, la Tunisie est à nouveau dépourvue d’éléments de la Légion.
Cette situation change à la mi-1946 lorsqu’une unité formant corps, le 1er bataillon du 1er REI nouvellement reconstitué, y est affectée pour garantir la présence de la France, et de la Légion étrangère en particulier, en Tunisie française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ce dernier bataillon est renforcé par un autre trois ans plus tard pour reconstituer le « Régiment du Levant », 6e Régiment étranger d’infanterie, le 1er avril 1949. Le régiment est composé d’un état-major et de deux bataillons (CBA Thomas, CBA Orsini) et stationné au Kef. Il est sous les ordres du lieutenant-colonel René Babonneau, qui a commandé la 13e compagnie du 6e REI lors de la campagne de 1941. Il fut l’un des rares officiers du régiment à rejoindre la France Libre à l’époque.
Le 6e Etranger a repris un centre de repos de l’ancien I/1er REI, situé à Hammamet, une petite ville de la côte est. Avant la Seconde Guerre mondiale, le 1er REC gérait un centre similaire dans la même ville. Cependant, on ne sait pas si les deux centres se trouvaient dans la même caserne (une ancienne forteresse près de la mer).
Au début du mois de mai, le 6e REI a obtenu son ancien drapeau.
A cette époque, la guerre contre le Viet Minh d’Ho Chi Minh se déroule en Extrême-Orient et demande de nouveaux renforts. Pour soulager partiellement Sidi Bel Abbès de sa tâche difficile, des groupes d’instruction commencent à apparaître parmi les unités de la Légion en Afrique du Nord, y compris le 6e REI, pour fournir une formation de base au nombre de recrues croissant.
Comme les autres unités de la Légion en Afrique du Nord, le régiment se transforme rapidement en un réservoir d’hommes, un dépôt. Ceux qui reviennent du séjour de deux ans en Indochine alternent avec ceux qui sont désignés pour être déployés.
La formation des nouvelles recrues par les vétérans de l’Indochine alterne avec des travaux de construction, la rénovation des camps, des manœuvres militaires et des patrouilles pour maintenir l’ordre et la présence française dans la région.
En juin 1949, l’ensemble du 1er bataillon du 6e REI reçoit l’ordre de se rendre en Indochine. Composé de 840 hommes au total, sous les ordres du chef de bataillon Thomas, il devient le 3e bataillon et est stationné dans les secteurs de Phuc Yen et Vinh Yen au Tonkin (nord du Vietam). Ses légionnaires participent, entre autres, à l’opération Canigou, aux côtés de la 13e DBLE (unité que le 6e REI avait affrontée huit ans plus tôt lors de la campagne de 1941 en Syrie-Liban) et du 1er BEP du commandant Segrétain, vétéran de cette même campagne dans les rangs du 6e REI.
Le 3e bataillon du 6e REI sert au Tonkin jusqu’à la fin du mois d’octobre. En quatre mois, 10 hommes sont tués, dont le capitaine Robert Minard (commandant la 10e compagnie), et 12 hommes sont blessés. Le 31 octobre, le 3e bataillon du 6e REI est administrativement dissous.
Le lendemain, il devient le 1er bataillon du 5e régiment étranger d’infanterie (5e REI) nouvellement créé et continue à combattre en Indochine. Quelques mois plus tard, il perd son nouveau commandant, le capitaine Darès, qui meurt au cours d’une opération. Officier d’origine sénégalaise, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, il est probablement le seul natif d’Afrique noire à avoir commandé un bataillon opérationnel de la Légion. Il a servi au sein du bataillon en tant que commandant en second avant même la création du 6e REI.
Pendant ce temps, en Tunisie, le régiment est confronté à une pénurie d’effectifs. Le 2e bataillon n’est pas encore au complet et continue à recevoir de nouvelles recrues d’Algérie. Il est commandé par le commandant Orsini, un autre ancien du 6e REI qui a été blessé pendant la campagne de 1941 et a reçu une citation. Une seule compagnie représente le nouveau 1er bataillon. Placée sous le commandement du capitaine Pfirrmann et composée de personnel non autorisé à servir en Indochine, elle gère la base arrière du régiment au Kef. Mais ce bataillon sera lui aussi progressivement reformé avec de nouvelles recrues.




6e Régiment étranger d’infanterie de 1950 à 1953
Début janvier 1950, le commandant Sourlier succède au commandant Pfirrmann à la tête du 1er bataillon du Kef. En 1941, le capitaine Sourlier, qui commandait alors la 1re compagnie du 6e REI, a été grièvement blessé. Les deux officiers ont servi au sein du 1er bataillon du 3e REI en Indochine avant de rejoindre le 6e REI en Tunisie. Le commandant Pfirrmann quitte l’Afrique du Nord et retourne en Indochine pour prendre la tête du 1er bataillon du 2e REI.
L’année 1950 a vu une forte diminution des effectifs de toutes les unités de la Légion stationnées en Afrique du Nord en raison du conflit en Indochine et des batailles sanglantes qui s’y sont déroulées, y compris celles sur la Route coloniale 4. Tous les hommes capables sont envoyés en renfort directement en Extrême-Orient.
Cela provoque une nouvelle réduction considérable du 6e REI, qui a lieu le 31 mars 1951. Seul le 2e bataillon subsiste, renforcé par les restes du 1er bataillon. Le chef de bataillon Sourlier quitte le régiment. La situation ne s’améliorant pas, une réorganisation a lieu le 1er juillet : le bataillon est rebaptisé 1er bataillon et devient une unité « formant corps » qui conserve le drapeau et les traditions du 6e REI.
L’état-major du bataillon est désormais basé au camp Amyot d’Inville au Kef. Certains légionnaires du 6e REI sont également stationnés à Tabarka.
Les tâches de la seule unité de la Légion servant en Tunisie à l’époque restent inchangées. Le maintien de l’ordre et de la présence française dans la région alterne avec des travaux de construction et de rénovation, des exercices et des manœuvres militaires, et la formation des nouveaux engagés par des anciens de l’Indochine.
Au début de l’année 1952, le protectorat français de Tunisie connaît les premières actions rebelles après plusieurs décennies de paix. Elles ont éclaté au même moment que des actions similaires ont eu lieu au Maroc. Les rebelles tunisiens (appelés fellaghas) dirigés par Habib Bourguiba ont profité de la situation compliquée à laquelle la France était confrontée en Indochine. Ils ont formé de petits groupes armés dans des régions reculées et ont lancé leurs premières attaques.
Les unités françaises, dont le 6e REI, sont alertées. L’opération Mars est lancée fin janvier 1952 avec l’appui des réservistes français d’Algérie. Les légionnaires du 6e REI ont ainsi l’occasion d’opérer aux côtés de leurs camarades du 3e BEP (Bataillon parachutiste, futur 3e REP) basé en Algérie. Cette opération méconnue s’est achevée avec succès au début du mois de juillet.
A la mi-septembre 1952, le lieutenant-colonel Jean Rossi prend le commandement du 6e REI (ou, plus précisément, du bataillon formant corps) en remplacement du lieutenant-colonel Babonneau. De retour d’Indochine, Jean Rossi y a servi pendant cinq longues années au sein du 1er bataillon de la 13e DBLE.
En 1953, les hommes du 6e REI continuent à maintenir l’ordre dans le pays. Ils patrouillent principalement dans le sud-ouest de la Tunisie, le long de la frontière algérienne, afin d’apaiser les tensions dans cette région quelque peu troublée.






6e Régiment étranger d’infanterie en 1954
Au début de l’année 1954, le 1er BFC du 6e REI est toujours basé au Kef, avec des unités occupant également Tabarka, Ain Draham, et Souk El Arba (aujourd’hui Jendouba, situé à mi-chemin entre Tabarka et Le Kef). Deux compagnies du 6e REI assurent l’instruction de base, tandis que la compagnie de commandement, la compagnie d’appui (CA) et la 3e compagnie participent à des opérations militaires, par exemple au djebel Selloum en mars et au djebel Majoura à la fin du mois de mai.
Les activités rebelles, qui avaient été réprimées en 1952, s’intensifient. La vie militaire relativement calme en Tunisie est terminée. Tout au long des mois de mai et juin, les hommes du 6e REI maintiennent l’ordre au Kef, à Kasserine, à Maktar, au Sers et à Sakiet, un village situé à la frontière algéro-tunisienne, à l’ouest du Kef.
Début juin 1954, le chef de bataillon Etienne Georgeon prend le commandement du « régiment ». Ancien chef de section au 6e REI en Syrie, il avait été blessé lors d’une bataille en 1941. Le lieutenant-colonel Rossi quitte la Tunisie pour prendre la tête de la 13e DBLE en Indochine.
Au début du mois d’août 1954, la guerre d’Indochine prend fin. Cependant, la situation de l’insurrection en Afrique du Nord française s’est considérablement aggravée. Le 6e REI cesse donc ses tâches d’instruction et devient une unité opérationnelle. Les compagnies restent dans les secteurs qui leur ont été assignés, où elles effectuent des patrouilles et protègent les voies d’approvisionnement et les lignes de communication.
Entre-temps, l’état-major du 6e REI a quitté Le Kef et, le 5 août, a déménagé au camp Servière à Fondouk Djedid, dans le nord-est de la Tunisie. Il s’agit d’un grand camp militaire français établi en 1899.
Fin 1954, les affrontements avec les rebelles commencent au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Deux unités de la Légion étrangère sont venues d’Algérie dans ce dernier pays pour participer aux opérations aux côtés de leurs camarades du 6e REI. Il s’agit de la 2e CSPL (Compagnie saharienne) et du 3e Bataillon de marche du 1er REI (BM3/1).
En août, la compagnie de commandement et la 3e Cie du 6e REI ont participé à des opérations dans la région de Kasserine. Des patrouilles motorisées opèrent au Cap Bon, une péninsule située à l’extrême nord-est de la Tunisie.
Dans les mois qui suivent, les hommes du 6e REI assurent le maintien de l’ordre à Sidi Bou Zid et au sud-est du camp Servière, à Grombalia.
En octobre, la compagnie de commandement assure le maintien de l’ordre au Cap Bon. Ce même mois voit également, le long de la frontière algéro-tunisienne, le début d’importantes opérations militaires auxquelles participent la 3e Cie et la CA (commandées par les capitaines Morin et Fraysse), et la 2e CSPL et le BM3/1. Le 8 octobre, des accrochages avec des rebelles ont lieu au djebel Gadoum entre Kasserine et Sfax. Deux légionnaires du 6e REI ont été blessés et 16 rebelles ont été tués. D’autres combats ont eu lieu entre Gafsa et Sfax le 19 octobre. Ce jour-là, les hommes de la 3e compagnie tuent 10 rebelles dans le djebel Gouleb, au nord d’El Maknassi.
À la mi-novembre, les légionnaires de la CA ont découvert plusieurs caches d’armes rebelles au cours de l’opération Castor III, qui a duré quatre jours, près de Siliana, dans le nord de la Tunisie.
Les derniers combats importants entre les unités du 6e REI et les rebelles en Tunisie ont eu lieu au djebel Sidi Aich, au nord de Gafsa, le 21 novembre. L’insurrection locale a été brisée.
Cependant, les « fellagas » tunisiens se sont rendus en Algérie, où ils ont contribué à déclencher la guerre d’Algérie (1954-62).
En décembre, la 3e compagnie et la compagnie d’appui quittent leurs secteurs et sont transférées au camp Servière.
Plus tard dans le mois, le PRLE 3 – l’un des quatre pelotons de réparation de la Légion pratiquement inconnus – est dissous. Stationnée à Gabès sur la côte est de la Tunisie et administrativement rattaché au 6e REI, le peloton a fourni des services de réparation aux unités françaises (Légionnare et régulières) basées en Tunisie dans la première moitié des années 1950.






Escorte de la TAT de 1954 à 1955
En 1954, le 6e REI commence une mission intéressante et très appréciée de ses légionnaires. Il s’agit d’escorter les convois de ravitaillement de la Tunisienne Automobile Transports (T.A.T.). Les convois empruntent la Piste Saharienne n° 5 entre la Tunisie et la Libye voisine.
La mission commençait à Tunis (la capitale) et, en passant par Tripoli, se dirigeait vers le Fort Leclerc. Il s’agit d’une ancienne forteresse et du PC de la 3e CSPL de Légion à Sebha, le centre administratif de la région libyenne du Fezzan. Cette région, essentiellement désertique et située dans le sud-ouest du pays, a été sous administration française de 1943 au début des années 1950.
L’itinéraire de la mission était long d’environ 2 400 km (aller-retour) et prenait trois semaines (10 jours dans chaque sens). Chaque convoi est protégé par une escorte du 6e REI composée d’un lieutenant et d’un « groupe renforcé » de légionnaires (une petite section). De temps à autre, les rebelles libyens tentent d’attaquer les convois dans de vastes zones désertiques éloignées. Cependant, les légionnaires voyaient cette mission comme une aventure agréable dans les dunes de sable de l’Afrique, loin de leurs supérieurs et de la vie militaire monotone de la Tunisie.
6e Régiment étranger d’infanterie en 1955 et sa dissolution
A Bizerte, en Tunisie, au début du mois de février 1955, un détachement du 6e REI sous les ordres du commandant Vieules rend les honneurs et accueille le 2e REI en Afrique du Nord après les neuf années que le régiment a passées en Indochine. Le commandant Vieules était probablement le commandant en second du 6e REI à l’époque. Il a commandé provisoirement le 1er BEP en 1954 et a été tué en Algérie en 1958.
Fin février, l’équipe de football du 6e REI devient championne militaire en Tunisie.
En 1955, les légionnaires du 6e REI patrouillent principalement dans les montagnes et les vallées de la région de Gafsa, au centre de la Tunisie. Cependant, la réorganisation des unités d’infanterie après la fin de la guerre d’Indochine affecte la Légion. En raison de ce fait et des rumeurs selon lesquelles la Tunisie obtiendrait l’indépendance à l’avenir, le bataillon n’a pas été autorisé à se transformer en un régiment opérationnel à part entière.
Le 30 juin 1955, le B.F.C. du 6e REI en Tunisie est dissous. Le lendemain, il devient le 3e bataillon du 2e REI. Le commandant Escaron en prend le commandement. Le bataillon conserve ses missions, les anciens légionnaires du 6e REI continuant les opérations de maintien de l’ordre dans les secteurs assignés.
Le 11 novembre, le drapeau régimentaire du 6e REI est déposé dans la salle d’honneur de la Légion à Sidi Bel Abbès, en Algérie.
Début janvier 1956, le bataillon quitte le camp Servière et la Tunisie pour le Maroc en tant que dernière unité du 2e REI. Alors que la vie militaire en Tunisie est relativement calme, le Maroc devient hostile pour les anciens hommes du 6e REI peu après leur arrivée. Le 28 janvier, la 11e compagnie (ex-3e Cie du 6e REI) du capitaine Ungerman est violemment attaquée à Tainaste, dans le nord du pays. La section du lieutenant Schmidt subit de lourdes pertes, dont la mort de l’officier et de 17 de ses hommes. Pour la Légion, cette tragédie aujourd’hui oubliée reste l’attaque la plus sanglante au Maroc depuis 1934, date de la fin de la pacification du pays. Elle reste également la deuxième attaque la plus sanglante visant la Légion étrangère en Afrique du Nord après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le 30 septembre 1956, l’ex-1er bataillon du 6e REI est définitivement dissous.
En 1984, le 6e Régiment étranger de génie (6e REG) reprend le numéro, l’histoire et les traditions de l’ancien 6e REI. En 1999, le régiment change de nom et devient le 1er Régiment Etranger de Génie (1er REG).






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Principales sources d’informations :
Képi blanc revues
Légion étrangère revues (années 1940)
Bulletins annuels de la Légion (années 1950)
Tibor Szecsko, Daniel Riffet: 6e Étranger de Génie (Editions Atlas, 1990)
P. Cart-Tanneur, Tibor Szecsko: Le 4eme Etranger (Editions B.I.P., 1987)
P. Cart-Tanneur, Tibor Szecsko: La vieille garde (Editions B.I.P., 1987)
Pierre Andolenko: Les canons étaient sous le bureau (Librinova, 2016)
JMO du 6e REI de 1939
Les archives militaires des troupes françaises au Levant
More Majorum (légionnaires allemands en Indochine)
Wikipedia.org
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Les motifs originaux inspirés par la Légion.
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L’article original : 6th Foreign Infantry Regiment
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En savoir plus sur l’histoire de la Légion :
Historique du 1er Régiment Etranger
4e Régiment Etranger d’Infanterie
11e Régiment Etranger d’Infanterie
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La page a été mise à jour le : 18 novembre 2024