6e REI: 6e Régiment Étranger d’Infanterie

Le 6e régiment étranger d’infanterie (6e REI) était le seul régiment de la Légion étrangère qui a été créé au Moyen-Orient. L’unité était organisée au Levant (l’actuelle Syrie et le Liban) à la fin de 1939. Deux ans plus tard, les légionnaires du 6e REI défendraient le territoire avec ténacité contre une invasion britannique. Néanmoins, après cette triste campagne, ils ont dû quitter le Levant où la Légion étrangère a servi honorablement pendant vingt ans. Le régiment est dissout en Afrique du Nord en décembre 1941.

Le 6e REI a été reconstitué en Tunisie (Afrique du Nord) en 1949 pour former et fournir des hommes destinés à d’autres régiments d’infanterie de la Légion combattant en Indochine en 1946-1954. L’unité a également participé à des opérations contre les rebelles locaux en Tunisie. En 1955, après avoir été réduit à un seul bataillon pendant une longue période, le 6e REI fut finalement dissous.

 
6e Régiment Étranger d'Infanterie - L'histoire - 6 REI

 
 

Les Français en Syrie et au Liban avant 1921

Les Français ont des relations avec le Levant (terme géographique historique pour la Syrie et le Liban) depuis les croisades chrétiennes du 11e siècle. À cette époque, ils soutenaient les chrétiens catholiques locaux (maronites), qui vivaient là depuis 600 ans. Plusieurs États francs d’Orient ont été établis le long des côtes syrienne et libanaise et gouvernés par des seigneurs catholiques d’occident. Ils existaient jusqu’aux années 1290, avant d’être repris par les Mamelouks d’Égypte, puis par l’empire Ottoman (aujourd’hui la Turquie) au début du 16e siècle.

En 1799, une campagne française eut lieu en Syrie, mais sans succès. Les Français sont intervenus au Liban avec leurs troupes en 1860, après les massacre de chrétiens par des druzes. Ils forceraient les Ottomans à fonder une province autonome du Mont-Liban sous l’autorité d’un gouverneur chrétien. La conséquence de cette intervention est donc l’autonomie du Liban vis-à-vis de la Syrie.

Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), les deux empires se font face une fois de plus. Jusqu’à sa capitulation en octobre 1918, l’Empire ottoman combattit aux côtés des Allemands et des Autrichiens tout en s’opposant à la France et au Royaume-Uni. En 1916, ces deux puissances européennes ont signé un traité secret (Accords Sykes-Picot) qui était prévu pour le partage du Proche-Orient (le Levant et la Palestine) à la fin de la guerre en plusieurs zones d’influence au profit de ces puissances, ce qui revenait à dépecer l’Empire ottoman.

Début octobre 1918, au cours des derniers jours de la Première Guerre mondiale, les premières troupes françaises arrivent au Levant. Ils ont débarqué à Beyrouth le 8 octobre et après, ils occupent les côtes syriennes. Les troupes ont formé l’Armée du Levant, sous le commandement du général Hamelin. Le même mois, les gouvernements arabes des villes sont dissous. Les Français demandent la mise en application des accords Sykes-Picot, plaçant la Syrie sous leur influence; les Britanniques étaient d’accord. Ils se retirent de Damas en novembre 1919.

Le Liban, avec sa haute représentation chrétienne, serait un territoire relativement calme. Au contraire, après le retrait des soldats britanniques de Syrie, la guerre franco-syrienne a éclaté de mars à juillet 1920 entre la France et les nationalistes du Royaume arabe de Syrie auto-proclamé. L’armée syrienne a été facilement vaincue par les Français. La perte entraîna la capture de Damas (la capitale de la Syrie) le 25 juillet 1920. Le mandat français pour la Syrie et le Liban prit effet par la suite (un mandat institué par la Société des Nations).

 Levant - Liban - Syrie - Map

 
 

Légion étrangère en Syrie et au Liban: 1921 – 1939

 

Légion étrangère au Levant en 1921 – 1924

En mars 1921, la première unité de la Légion étrangère arrive au Levant : le 4e Bataillon du 4e RE (4e REI depuis 1922), un régiment fraîchement établi au Maroc, en Afrique du Nord. En septembre, les hommes sont renforcés par le 5e Bataillon du 4e RE. Les deux unités ont été organisées en Algérie par la maison-mère de la Légion.

Les deux bataillons ont pris part aux opérations militaires françaises pour obtenir le plein contrôle sur la Syrie. Commandé dans un premier temps par le commandant Salvat, le 4e Bataillon (800 hommes d’environ) opère sur la côte syrienne, autour de Lattaquié et de Banias. En 1923, ils se trouvent dans la partie orientale du pays, dans les régions de Raqqa et Deir ez-Zor. Les légionnaires maintiennent l’ordre dans les secteurs pacifiés et en même temps, connus comme des soldats et bâtisseurs, ils construisent des routes, des ponts et des postes militaires. En novembre 1924, le 4e Bataillon du 4e Etranger quitte le Levant et retourne en Afrique du Nord. L’unité est stationnée en Algérie et elle devient le 7e Bataillon du 1er REI (aujourd’hui le 1er RE).

Organisé à Saïda en Algérie, le 5e Bataillon est sous l’ordre du commandant Goepfert. Le bataillon opère le long de la rivière Afrin au nord-ouest d’Alep (en 1921), dans les régions de Raqqa et Deir ez-Zor (1922) et dans les régions de Maskanah et de Hassaké (1923-1924). Les légionnaires de cette unité aident à construire une route importante entre Deir ez-Zor et Alep. Depuis la mi-novembre 1924, ils restent les seuls éléments de la Légion à servir au Moyen-Orient.

En 1924, lorsque la Syrie est pacifiée, les deux nouveaux États sont établis au Levant : État de Syrie et le Grand Liban. Les deux états sont demeurés sous le contrôle français.
 

4e RE - 4 RE - Legion Etrangere - 1921 - Oran - Algerie
Une image très rare montre le 4e Bataillon du 4e RE au début mars 1921, lors de son embarquement d’un navire à Oran (Algérie) pour le Levant. Les légionnaires portent un calot au lieu d’un képi.

4e REI - 4 REI - Legion Etrangere - 1921-1925 - Levant - Syrie
Lieux en Syrie où les bataillons du 4e RE / 4e REI ont opéré en 1921-1924.

 

Révolte druze 1925 – 1927

En juillet 1925, la révolte druze (aussi grande révolte syrienne) commence. La révolte druze de 1925-1927 est la plus importante révolte contre les Français sur le territoire de l’actuelle Syrie. L’insurrection a éclaté au Djebel Druze et a été menée par le chef druze.

En juillet, les Français arrêtent trois cheikhs druzes considérés comme les principaux agitateurs anti-français. Quelques jours plus tard, les Druzes abattent un avion militaire français et arrêtent deux aviateurs. Le 22 juillet, une colonne française d’environ 160 hommes du capitaine Normand (Tunisiens + auxiliaires locaux) est envoyée au secours des deux Français. Néanmoins, la colonne sera attaquée par des centaines de Druzes et massacrée. Une autre colonne française (du général Michaud) sera aussi massacrée quelques jours plus tard.

En réponse à ces massacres, la France envoie en août des milliers de ses troupes en Syrie et au Liban. Parmi eux, deux unités de la Légion étrangère : le 4e Escadron du 1er REC + la 29e Compagnie de marche du 1er REI. Les deux unités vont rejoindre la guerre immédiatement.

La 29e Compagnie de marche (2 officiers + 160 hommes) est rattachée au 5e Bataillon du 4e REI.

En septembre 1925, la bataille de Messifré (maintenant Al-Musayfirah) se déroule dans le sud de la Syrie. La bataille est la première victoire française lors de la révolte. Deux unités de la Légion s’y sont battues pendant dix heures contre quelque 3 000 rebelles druzes: le 5e Bataillon du 4e REI (commandant Kratzert) et le 4e Escadron du 1er REC (capitaine Landriau). Des centaines de rebelles sont tués ou blessés. Mais la Légion a également subi de lourdes pertes – 47 hommes sont tués et 83 officiers et légionnaires sont blessés. Les deux unités sont citées à l’Ordre de l’Armée.

Cette victoire française entraînera l’importante capture de Soueïda (la capitale des Druzes) une semaine plus tard. Le 5e Bataillon participe.

En novembre 1925, une autre bataille héroïque se produit: la bataille de Rachaya. La bataille acharnée de cinq jours a lieu au Liban, où le 4e Escadron défend la célèbre citadelle de Rachaya, attaquée par des milliers de rebelles druzes. Les légionnaires ont refusé de se rendre et se sont battus jusqu’à la dernière balle. Enfin, avec un renforcement, les dissidents sont repoussés. Environ 1 400 rebelles sont tués ou blessés. Cependant, 12 légionnaires sont également tués; 34 officiers et légionnaires sont blessés. Le 4e Escadron du 1er REC gagne une nouvelle citation à l’Ordre de l’Armée et recevra la Croix de guerre et une fourragère. Mais son séjour est terminé et l’escadron quittera le Levant en février 1926.

En novembre 1926, une autre unité tournante de la Légion étrangère renforce les troupes françaises au Levant: le 1re Escadron du 1er REC du capitaine Flipo. Ce futur général est pratiquement inconnu dans les sources officielles de la Légion et les ouvrages historiques pour servir avec son unité en Syrie. À l’époque, la situation est presque calme et l’escadron n’a pas vu aucun combat. Après avoir maintenu l’ordre dans la région de Raqqa, les cavaliers de le plus ancien escadron de la Légion rentreront en Afrique du Nord en juin 1927 pour être déployés directement au Maroc peu de temps après.

Le même mois, la révolte druze est terminée. Au moins 6 000 rebelles ont été tués.

Il faut dire que même si les bataillons du 4e REI ont participé à deux campagnes importantes et de succès (1921-1924 et 1925-1926), le 4ème Régiment étranger n’a pas été apprécié officiellement. Ainsi, son Drapeau n’est pas décoré d’honneur de bataille en nous rappelant leurs célèbres faits d’armes au Levant.
 

Legion Etrangere - Messifre - Syrie - 1925 - Rachaya - Liban - Map
En 1925, deux batailles importantes ont lieu au Levant. À Messifré (Syrie) et à Rachaya (Liban). Les deux unités de la Légion s’y sont battues. Peu après la bataille de Messifré, le 5e Bataillon/4e REI participe à la capture de Soueïda, la capitale des Druzes.

4e REI - 4 REI - Legion Etrangere - 1925 - Messifre - Syrie - Levant
Légionnaires du 4e REI à Messifré (Al-Musayfirah aujourd’hui) en 1925.
1er REC - 1 REC - Legion Etrangere - 1925 - Liban - Levant
Le camp du 4e Escadron au Levant en 1925.
La citadelle de Rachaya, Liban, 2019. Les cavaliers de la Légion du 4e Escadron l'ont défendu pendant cinq jours à la fin novembre 1925... (vous pouvez zoom +/- l'image et le tourner en 360°)

 

Légion étrangère au Levant en 1926 – 1936

En juillet 1926, pour des raisons administratives, le 5e Bataillon du 4e REI du commandant Kratzert change de nom et devient le 8e Bataillon du 1er REI. Ses légionnaires portent la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre des T.O.E., grâce à deux citations obtenues lors de la révolte druze de 1925-1926, comme leur camarades du IV/1er REC. La 29ème compagnie de marche fusionne avec le bataillon. Le 8e Bataillon, basé à Soueïda et Deir ez-Zor à l’époque, maintient l’ordre dans les secteurs qui lui sont assignés et effectue les travaux d’aménagement du pays. À la fin des années 1920, l’unité se rendra au Liban pour s’installer à Baalbek et à Rayak.

Fin 1926, la République libanaise est créée sous le contrôle de la France.

En 1930, la République de Syrie est constituée. Même ce nouvel état restera sous le contrôle français.

En 1931, le 8e Bataillon du 1er Étranger (commandant Bountry) change à nouveau de titre et devient le 4e Bataillon du 1er REI. Le commandant Guyot prend le commandement. Le bataillon est désigné comme une formation outre-mer avec des hommes en rotation périodique. Il devient également une unité autonome, c’est-à-dire de Formant Corps (F.C.). Le 4e Bataillon est placé à Homs, en Syrie.

Au début de 1936, le 1er Bataillon du 1er REI (l’ex-6e Bataillon) arrive au Levant. Le bataillon est commandé par le commandant Brisset. Ses légionnaires portent également une fourragère, grâce aux deux citations gagnées au Maroc. Même ce bataillon sera désigné comme une unité Formant Corps. Le bataillon sera basé à Baalbek, au Liban. Deux des quatre compagnies s’installent à Homs en Syrie.
 

4e REI - 4 REI - Legion Etrangere - 1926 - Deir ez-Zor - Syrie - Levant
Deir ez Zor. Une rare photo du camp du 5e Bataillon/4e REI, au début de 1926. Le camp a été construit par les légionnaires du 4e REI en 1922-1926.

1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1929 - Rayak - Liban - Levant
La 29e Compagnie montée du 8e Bataillon du 1er REI au Liban, 1929. L’ancienne 17e Compagnie montée du 5e Bataillon du 4e REI. C’était l’une des deux compagnies montées de la Légion étrangère ayant jamais servi au Levant (avec la 13e CM du IV/4REI, dissoute fin 1924). Cette unité ultra rare et peu connue, équipée de mulets, existait encore au début des années 1930, alors détachée à Palmyre. Sur le cheval blanc, le capitaine.
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1929 - Homs - Syrie - Levant - Tombe
Légionnaires du 8e Bataillon du 1er REI autour de la tombe d’un légionnaire allemand près d’Homs en Syrie, environ 1930. Ils portent le casque colonial troupe (modèle 1886) et la fourragère gagnée en 1925-1926. À gauche, leur commandant (avec le képi).
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1929 - Homs - Syrie - Levant - Pause
Légionnaires du 8e Bataillon du 1er REI faire une pause près d’Homs en Syrie, environ 1930. À l’époque, le Levant était déjà une région calme.
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1934 - 8e Bataillon - Decret - Medaille commemorative - Levant
Un décret du 10 mars 1930 qui certifie la Medaille Commemorative des óperations au Levant pour un légionnaire de la 31e Cie du 8e Batallion du 1er REI. Document publié avec l’aimable autorisation de Krzysztof Schramm, l’historien de l’A.A.A.L.E. en Pologne.
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1926-1936 - Levant - Liban - Syrie
Les lieux où les unités du 1er REI ont servi au Levant entre 1926 et 1936.
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1933 - 4e Bataillon - Carte d'invitation - Levant
La carte d’invitation du 4e B.F.C. du 1er REI d’Homs de 1933 pour commémorer la bataille de Messifré.
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1934 - 4e Bataillon - Equipe de football - Cdt Théraube
L’équipe de football du 4e B.F.C. du 1er REI en 1934. Cette année, il est le Champion militaire du Levant. Troisième de gauche, debout et avec la barbe, le Chef de bataillon Théraube, alors commandant le 4e B.F.C. Collection de Krzysztof Schramm.
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1937 - 4e Bataillon - 4 BFC - Insigne - Levant
L’insigne du 4e B.F.C. du 1er REI au Levant. Il était distribué en 1937.

 

Groupement de Légion Etrangère: 1936 – 1939

En mai 1936, les deux bataillons basés au Levant sont regroupés et forment une nouvelle unité: Groupement de Légion Etrangère (GLE), stationné à Homs. Le lieutenant-colonel Fernand Barre prend le commandement.

Les bataillons du GLE maintiennent l’ordre en Syrie et au Liban, participent à des exercices militaires et effectuent des travaux de construction.

En 1939, avec une guerre mondiale supposée, le GLE sera renforcé par deux autres bataillons. En avril, le commandant Taguet et son 2e Bataillon du 2e REI sont venus en renfort du Maroc au Levant, suivi en août par le 6e Bataillon du 1er REI, sous les ordres du commandant Boitel. Les deux bataillons sont stationnés en Syrie.
 

Legion Etrangere - 1930s - Route des legionnaires - Levant
Une route construite par des légionnaires en Syrie.

GLE - Legion Etrangere - 1938 - Legionnaires - Levant
Les légionnaires du GLE en Syrie, 1938.
GLE - Legion Etrangere - 1938 - Legionnaires - Levant
Les légionnaires du GLE défilent en Syrie, 1938.
GLE - Legion Etrangere - 1938 - Legionnaires - Levant - Nabek - Arc de Triomphe
L’Arc de Triomphe érigé par des légionnaires du GLE à Nabek (au sud de Homs) en Syrie, en 1938.
2e REI - 2 REI - Legion Etrangere - 2e Bataillon - 1939 - insigne - Levant
The insigne du 2e Bataillon du 2e REI en Syrie, dessiné par le lieutenant Point et distribué en 1939. Surnommée comme le Bataillon du Damas, l’unité garderait l’insigne même après 1939.

 
 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: 1939 – 1941

En septembre 1939, après l’invasion allemande de la Pologne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. La France mobilise et renforce ses troupes pour les préparer à la seconde guerre mondiale. Un nouveau régiment de Légion étrangère devrait être constitué au Levant, avec l’aide du Groupement de Légion Etrangère, qui y est basé depuis 1936. À la fin du mois de septembre 1939, le groupement d’outre-mer composé d’hommes en rotation sera réorganisé.
 

6e Régiment Etranger d’Infanterie en 1939

Le 1er octobre 1939, une nouvelle unité est créée au Levant: le 6e Régiment Etranger d’Infanterie (6e REI). Le 6e REI est placé sous le commandement du colonel Albert Imhaus, un ancien attaché militaire à Prague (Tchécoslovaquie) et l’officier de la Légion étrangère tout juste arrivé d’Indochine, où il commandait le 5e REI. Surnommé le Régiment du Levant, le 6e REI est composé d’un PC + quatre bataillons. Le P.C. du nouveau régiment reste basé à Homs, en Syrie.

Fin décembre, un changement de commandement a lieu. Le colonel Imhaus est envoyé à Beyrouth pour exercer le commandement de la 192ème Division. Ainsi, le régiment est remis au lieutenant-colonel Fernand Barre, commandant du GLE en 1936-1939.
 

Le 6e REI au Levant fin Decembre 1939
  • Chef de corps – Lieutenant-colonel Fernand Barre
  • 1er Bataillon – chef de bataillon Édart
  • 2e Bataillon – chef de bataillon Brisset
  • 3e Bataillon – chef de bataillon Taguet
  • 4e Bataillon – chef de bataillon Boitel

 
1er Bataillon (l’ex-4/1er REI, l’ex-8/1er REI, l’ex-5/4e REI)
– en poste à Soueïda (Syrie)

2nd Battalion (l’ex-1/1er REI)
– en poste à Baalbek (Liban) et Deir ez-Zor (Syrie)

3rd Battalion (l’ex-2/2e REI)
– en poste à Damas et, située à proximité, Dumeir (Syrie)

4th Battalion (l’ex-6/1er REI)
– en poste à Homs et Palmyre (Syrie)

Le 6e REI est composé de 85 officiers, 334 sous-officiers et 2 876 légionnaires.
Cela signifie 3 295 hommes ensemble.

 

Albert Imhaus - Legion Etrangere - 1939 - Tonkin
Le Colonel Albert Imhaus. Il fut le premier commandant du 6e REI en 1939. Néanmoins, il doit quitter le régiment à la fin de décembre 1939. Voici au Tonkin en 1939, peu avant de son départ pour le Levant. La photo a été fournie à notre site par Andrew J. Mitchell, l’auteur de Tigers of Tonkin, et publiée avec son aimable permission.

Fernard Barre - Legion Etrangere - 1940 - 6e Regiment etranger - Syrie - Levant
Le Colonel Fernand Barre. L’officier français favori, devenu le général plus tard, il a commandé pendant cinq ans les légionnaires au Levant.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - Postes militaires - 1939 - Syrie - Liban - Map
Les lieux des unités du 6e REI au Levant en 1939.

 

6e REI: L’insigne régimentaire

En 1938 ou 1939, les lieutenants Bonchard et Favreau du 1er Bataillon du 1er REI ont dessiné un insigne hexagonal inspiré par des ruines du temple romain de Jupiter à Baalbek, où leur bataillon était basé à l’époque. L’insigne porte une tête de légionnaire et la grenade à sept flammes de la Légion. Il a été distribué aux hommes en 1939. Lorsque le bataillon est devenu le 2e Bataillon du 6e REI, le P.C. du régiment a choisi l’insigne et l’a adopté pour tout le 6e Etranger. Par conséquent, le numéro 6 serait placé dans la bombe.

Cependant, à la fin de 1939 ou au début de 1940, une décision de simplifier le design a été approuvé. Le nouveau design ne porterait que la grenade, sans la tête. La conception a été envoyée en France au fabricant Drago. Néanmoins, en raison des conditions de guerre en France, la fabrication de l’insigne a été retardée. Entre-temps, une série de nouveaux insignes ont été fabriqués au Levant et distribués aux légionnaires pendant le Camerone de 1940 au plus tard (le 30 avril). Il y a des photos capturées pendant le Camerone de 1940 montrant la scène décorée du nouvel insigne.

L’insigne de fabrication artisanale du Levant a été porté jusqu’à la fin de 1941. Un autre insigne modernisé est fabriqué en Syrie en 1941, mais il est très peu connu. Puis, le Drago a finalement livré les premières insignes datant de près de deux ans.

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1939 - Insigne - Levant
Le premier insigne du 6e REI, destiné à l’origine au 2e Bataillon.
Legion Etrangere - 1935 - Temple of Jupiter - Baalbek - Lebanon
Le temple romain de Jupiter à Baalbek au Liban au milieu des années 1930. Le 2e Battalion du 6e REI (l’ex-I/1REI) était stationné là-bas et les ruines (et peut-être même cette photo publiée dans un magazine français populaire) ont inspiré les créateurs de l’insigne.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1939-41 - Insigne - Levant
À gauche, le deuxième insigne du 6e REI, distribué en 1940. Le dessin original était simplifié. À droite, la version modernisée locale peu connue, de 1941. Au centre, un croquis de cet insigne publié dans un journal officiel de la Légion en 1941… Outre les colonnes du temple de Baalbek, la grenade à sept flammes + des couleurs vert et rouge de la Légion, l’insigne porte également une devise latine AD UNUM (“Jusqu’au dernier”).
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1940 - Insigne - Camerone - Homs
Le nouvel insigne du 6e REI décore la scène pendant la fête de Camerone de 1940 à Homs.
6e REI - 6 REI - Foreign Legion - Legion Etrangere - 1939-41 - Insignia - Badge - Levant
L’insigne officiel fabriqué en France par le Drago. Le 6e REI ne reçut ces exemplaires qu’à la fin de 1941.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie en 1940

En mars 1940, une réorganisation du régiment a lieu. Administrativement, les bataillons sont divisés en deux parties séparées:

  • 6e Régiment Etranger d’Infanterie
  • Groupement de Légion Etrangère du Levant (GLEL)

 
Le 6e REI, une unité de type montagne basée à Homs, est sous les ordres du Colonel Barre. Il comprend un PC + 1er + 2e Bataillons du 6e REI.

Le nouveau GLEL est désigné comme une unité d’outre-mer motorisée. Le GLEL était basé à Damas et commandé par le colonel Albert Vias (un officier français, il a rejoint la Légion en 1936; en 1942, il prend le commandement du 1er REI). Le GLEL comprend un PC + 3e + 4e Bataillon du 6e REI + Section spéciale (de Discipline).

L’effectif des deux parts est: 85 officiers, 378 sous-officiers et 3 255 légionnaires (3 718 hommes).

À la mi-avril 1940, le 6e REI est renforcé par un bataillon, qui deviendra deux semaines plus tard le 11e Bataillon de Volontaires Etrangers (11e BVE). Le bataillon a été organisé en France le mois précédent en tant qu’unité provisoire créée pour la durée de la guerre et rattachée à la Légion étrangère. Commandé par le commandant Knocker et composé d’environ 800 volontaires étrangers (surtout des Espagnols), le bataillon est stationné à Baalbek, au Liban.

En mai-juin 1940, la bataille de France a lieu. Les troupes allemandes envahissent la France. Les Français vont se battre courageusement pour arrêter l’invasion de l’ennemi. Entre eux, des milliers de légionnaires et de volontaires étrangers. Beaucoup d’entre eux seront morts. Cependant, fin juin, les Français sont vaincus et la France et l’Allemagne vont signer un armistice. La bataille est finie.

À la suite de ces tristes événements en France, le 11e BVE est dissous à la mi-octobre 1940. Le lendemain, ses hommes forment un groupe de travailleurs étrangers pour effectuer des travaux généraux ou stratégiques dans les zones frontalières ou dans des camps militaires (construction de routes, de rails, de ponts, etc.). Néanmoins, un certain nombre d’Espagnols seront autorisés à rejoindre le 6e REI en tant que légionnaires.

En décembre 1940, le 6e REI reçoit officiellement son Drapeau. La cérémonie a lieu à Homs. Également ce mois-là, la GLEL a cessé d’exister. Ses bataillons ont rejoint administrativement le régiment.
 

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1940 - Camerone - Homs - Syrie - Levant
À Homs (Syrie) fin avril 1940, la cérémonie de Camerone pour commémorer la Bataille de Camerone. Les porte-fanions du 6e REI à côté d’un monument aux morts, une copie du monument beaucoup plus grand placé à Sidi Bel Abbes à l’époque (actuellement à Aubagne).

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1940 - Camerone - Homs - Syrie - Levant
1er Bataillon du 6e REI pendant la cérémonie de Camerone à Homs en 1940.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1940 - Camerone - Homs - Syrie - Levant
1er Bataillon du 6e REI défile à Homs en 1940.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1940 - Drapeau - Couleurs - Homs - Syrie - Levant
Le 6e REI reçoit officiellement son Drapeau à Homs en decembre 1940.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie en 1941

Début janvier, le Groupe d’Artillerie de Légion du Levant (GALL) est organisé au Levant, avec les hommes du 6e REI. L’unité est composée de trois batteries (équipées de Canons de 75 mm modèle 1897 portés) et stationnée à Baalbek. Cependant, pour les opérations militaires, le GALL est rattaché au 2e RAML (Régiment d’artillerie).

Le 6e REI au Levant à la mi-1941
  • Chef de corps – Colonel Fernand Barre
  • Adjoint – Lieutenant-colonel Albert Vias
  • Chef d’état-major – Capitaine Jacquot
  • CR – Capitaine Andolenko
  • 1er Bataillon – Capitaine Berthoux
  • 2e Bataillon – Commandant Brisset
  • 3e Bataillon – Commandant Robitaille
  • 4e Bataillon – Capitaine Hourtané
  • Groupe d’Artillerie – Commandant Ribérolles

 

Campagne de Syrie: Juin-juillet 1941

Le 8 juin 1941, la campagne de Syrie commence. L’invasion britannique du Levant français (Opération Exporter) est menée sous le commandement en chef du général britannique Henry M. Wilson. L’invasion du Levant faisait partie de la Seconde Guerre mondiale. Il visait à empêcher l’Allemagne nazie d’utiliser l’aérodrome français d’Alep en Syrie pour des attaques sur l’Égypte lors de la Guerre du Désert (1940-1943) menée par les Britanniques contre les forces allemandes et italiennes en Afrique du Nord. La triste campagne au Levant a été censurée en Grande-Bretagne à l’époque en raison d’un effet négatif sur l’opinion publique.

Du côté britannique, des troupes australiennes et indiennes sont principalement impliquées. À leurs côtés, un petit nombre des Forces Français libres du général de Gaulle combattaient au sein de l’armée britannique. Entre eux, les hommes de la future 13e DBLE, commandés par le lieutenant-colonel Amilakvari.

La triste campagne dure cinq semaines, jusqu’à la mi-juillet. Les troupes britanniques ont avancé au Liban de la Palestine (maintenant Israël), le long de la côte, vers Beyrouth, la capitale, et à travers du Mont Liban, jusqu’à Damas, en Syrie. Ils étaient soutenus par les navires de guerre britanniques, bombardant jour et nuit les défenseurs français positionnés le long de la côte, y compris les légionnaires. Une autre vague de troupes britanniques est venue d’Irak et a traversé Deir ez-Zor jusqu’à Palmyre et Alep.

Bien que mal équipés pour une guerre moderne, les légionnaires du 6e REI participent à toutes les batailles importantes. Ils sont bien déterminés et se battent avec courage. La compagnie régimentaire et le 1er Bataillon se distinguent à Jezzine et Damour, tout en bloquant l’avance britannique de la Palestine. Ils ont perdu 170 hommes. Le 2e Bataillon se bat farouchement contre la 7ème Division australienne à Jadra le 19 juin ou à la bataille de Damour le 6 juillet, où l’unité a perdu plusieurs sections. Lors de la bataille de Merdjayoun, le 19 juin, les hommes du 3e Bataillon prouvent que la tradition de la Légion était de se battre jusqu’au bout. Des dizaines de prisonniers australiens ont été capturés ce jour-là. Enfin, le 4e Bataillon se distingue à Palmyre. La 15ème compagnie est en mesure de repousser les attaques britanniques pendant près de deux semaines, malgré la supériorité numérique de l’ennemi.

Néanmoins, les légionnaires du 6e REI sont finalement débordés et subissent de lourdes pertes. Le 14 juillet, l’armistice est signé entre la France et la Grande-Bretagne à Saint-Jean-d’Acre (Palestine). La campagne est terminée et les Français doivent se retirer du Levant.

Au cours de la campagne, près de 250 légionnaires du 6e REI sont tués, 600 légionnaires sont blessés.

Parmi les officiers qui participent avec le 6e REI à la campagne de Syrie et seront repatriés en France (en refusent de rallier les FFL de De Gaulle), il y avait le capitaine Segrétain (futur chef du 1er BEP, tué en Indochine en 1950), le lieutenant Jeanpierre (son adjoint au 1er BEP et futur chef de corps du 1er REP tué en Algérie en 1958), le capitaine Jacquot (chef de corps du 3e REI en 1950-1951 et du 2e REI en 1953-1956), le capitaine Laimay (chef de corps du 3e REI en Indochine en 1951-1953), le capitaine Andolenko (chef de corps du 5e REI en 1956-1958), le lieutenant Favreau (chef de corps du 5e REI en 1958-1960), le lieutenant Bloch (futur chef du 2e BEP en Indochine en 1952-1953) ou le lieutenant Liesenfelt (chef du 2e BEP en 1953-1954, sauté sur Dien Bien Phu).
 

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1941 - GALL - Groupe d'Artillerie - Levant
Groupe d’Artillerie au Levant en 1941. L’unité était équipée de Canons de 75 portés. Malgré leur âge, les canons ont toujours bien tiré.

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1941 - Poste Weygand - Palmyre - Levant
Le poste Weygand à Palmyre en août 1941, occupé par les troupes britanniques. Au milieu de 1941, la caserne du 6e REI abrite la 15e compagnie du 4e Bataillon. La compagnie a défendu la ville et le poste pendant deux semaines, sous les attaques menées par des centaines de soldats britanniques, appuyés par l’artillerie et des avions. Le poste était nommé d’après général Maxime Weygand, commandant en chef de l’armée française en mai 1940 en remplacement du général Gamelin. En 1923-1924 et 1939-1940, le général Weygand a commandé des troupes françaises au Levant. Son fils Jacques a servi avec la Légion au Maroc, avec le 1er REC, pendant les années 1920 et 1930.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1941 - Antoura - Collège Saint Joseph - Liban - Colonel Barre
Antoura au Liban, en juillet 1941. La messe à l’intérieur du Collège Saint Joseph, organisée par le 6e REI pour ses morts. Le régiment y était stationné à l’epoque. À droit, le colonel Barre.

 

6e REI: Après la campagne

Fin juillet, le 6e REI est regroupé à Antoura au Liban. Le 4e Bataillon est dissous. À la mi-août, les officiers et hommes du régiment sont autorisés à quitter la Légion et l’armée française et à rejoindre l’armée britannique. Seul un petit nombre de légionnaires seront d’accord.

Peu de temps après, le 16 août, le 6e REI monte à bord d’un navire et quitte le Levant, où les légionnaires ont servi avec honneur et fidélité pendant vingt ans. La Légion n’y est retournée qu’en 1982.

Fin août, le 6e REI débarque en France pour être stationné au Camp d’Idron proche de Pau. Le 3e Bataillon et le GALL ont été dissous.

Fin octobre, le lieutenant-colonel Emile Delor a pris le commandement du régiment. Le colonel Barre se rend en Algérie pour être affecté au 1er REI.

En décembre, le 6e REI réduit a deux bataillons quitte la France pour l’Algérie. Peu après, les légionnaires arrivent à Sidi Bel Abbès, alors la maison-mère de la Légion étrangère. Là, le Régiment du Levant est dissous le 31 décembre, après deux ans d’existence.

Depuis le début du mois de janvier 1942, les deux bataillons vont reformer l’ancien 1er REI, de nouveau sous les ordres du colonel Barre (jusqu’en avril). Un an plus tard, lors de la campagne de Tunisie de 1943, le 1er Bataillon du 1er REI (l’ex-I/6e REI) prouvera une fois de plus sa capacité d’une force courageuse.
 

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1941 - Depart - Levant
Le 6e REI quitte le Levant, mi-août 1941. La Légion étrangère y a passé 20 ans. Les légionnaires du 6e REI gardent un drapeau avec la mention «Une seule France – Pétain», après avoir refusé de quitter la Légion et de rejoindre les Français libres au sein de l’armée britannique.

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1941 - France - Pétain
Le 6e REI est accueilli en France par le maréchal Pétain, fin août 1941.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1941 - France - Pau - Andolenko
La Compagnie régimentaire du 6e REI défile à Pau derrière leur capitaine Serge Andolenko (sans la barbe), fin août 1941.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - Certificat de bonne conduite - 1941
L’un des derniers Certificats de bonne conduite délivrés par le 6e REI et signé par le colonel Barre. Ce document vraiment rare, daté du 4 septembre 1941 au Camp d’Idron, est publié avec l’aimable autorisation de Krzysztof Schramm.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - Certificat de bonne conduite - 1941 - Detail
Détail du certificat délivré par le 6e REI en septembre 1941. Notez l’insigne du régiment. Collection de Krzysztof Schramm.
1er REI - 1 REI - Legion Etrangere - 1943 - 2e compagnie - Fanion - Sidi Bel Abbes - Gabriel Favreau
Le fanion de la 2e Compagnie du 1er REI en 1943. Comme on peut voir, c’était en fait l’ex-2e compagnie du 6e REI, decorée plusieurs fois au Levant, même pour ses actions contre les troupes britanniques en 1941. En février 1943, pendant la Campagne de Tunisie, la compagnie se battait contre les troupes allemandes au Djebel Mansour, où elle est anéantie. À droite, le capitaine Gabriel Favreau, commandant la compagnie. Gravement blessé dans la bataille, il a perdu son œil droit. Ici à Sidi Bel Abbes en 1943, il reçoit la Légion d’honneur. Au Levant en 1938-39, il était l’un des deux dessinateurs du tout premier insigne du 6e REI.

 
 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Tunisie 1949 – 1955

La Tunisie, petit pays d’Afrique du Nord situé entre l’Algérie et la Libye, était un protectorat français depuis 1881. Contrairement aux autres pays d’Afrique du Nord contrôlés par la France, tels que le Maroc ou l’Algérie, la Tunisie était calme et n’avait jamais vu de violents combats avec les Français. Voilà pourquoi la Légion étrangère n’y a pas été stationnée jusqu’en 1921, avec l’organisation du 1er REC. Cependant, ce dernier est installé au Maroc à la fin de 1940 et la Tunisie resterait une fois de plus sans aucun élément de la Légion.

Après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), les appels à l’indépendance ont grandi dans toute l’Afrique du Nord française, y compris la Tunisie. C’est pourquoi la Légion étrangère a reçu l’ordre d’envoyer un bataillon dans ce pays pour y maintenir l’ordre: le 1er Bataillon du 1er REI. Organisée en mai 1946, l’unité arriverait en Tunisie au milieu de 1946. Au début de 1949, il devrait être renforcé par un deuxième bataillon. Finalement, les deux unités seraient devenues un nouveau régiment, le 6e REI.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Deuxième création – 1949

Le 6e REI est recréé en Tunisie le 1er avril 1949. En fait, le régiment est né par un changement de titre du 1er REI. Le nouveau 6e REI est commandé par le lieutenant-colonel René Babonneau, ancien commandant de la 13e Compagnie du 6e REI en Syrie en 1939-1941. Le régiment reconstitué est composé d’un PC + deux bataillons (1er + 2e, sous les ordres des commandants Thomas et Orsini). Le P.C. du 6e REI est basé au Kef.

Au début de mai, le nouveau régiment obtint son ancien Drapeau.

Le 6e REI en Tunisie devait maintenir l’ordre et la présence française dans le protectorat, et former de jeunes légionnaires pour un futur séjour de deux ans en Extrême-Orient. Là-bas, ils doivent se battre dans la guerre d’Indochine (1946-1954), contre le mouvement Viet-Minh d’Ho Chi Minh.

Tunisia - Map

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Indochine en 1949

Peu de temps après sa récréation, une mission exceptionnelle est prescrite au régiment. L’un des deux bataillons du 6e REI devrait partir en Extrême-Orient pour renforcer d’autres unités de la Légion étrangère qui se sont déjà battus là-bas. Le 1er Bataillon est choisi. Il change son titre pour devenir le 3e Bataillon. Début juin, le bataillon quittera la Tunisie.

  • Commandant – Chef de batallion Thomas
  • Adjoint – Capitaine Dares
  • Cie de commandement – Capitaine Maurer
  • 9e Compagnie – Lieutenant Jollain
  • 10e Compagnie – Capitaine Minard
  • 11e Compagnie – Lieutenant Gerriert
  • 12e Compagnie – Lieutenant Girves

 

Commandé par le chef de bataillon Jean Thomas (futur chef de corps des 1er REI, 1er RE et 3e REI), le 3e Bataillon est composé de 23 officiers + 68 sous-officiers + 749 légionnaires (alors 840 hommes). Plus de 270 d’entre eux sont des jeunes légionnaires, comptant moins d’un an de service.

Le 2 juillet, le bataillon Thomas débarque en Indochine. Il fait mouvement par voie ferrée jusqu’au Tonkin, pour être installé à Hanoi, la capitale de l’Indochine française. Les hommes mènent des opérations pour maintenir l’ordre dans les secteurs autour de la ville et pour détecter les groupes locaux de Viet-Minh. Six semaines plus tard, le 3e Bataillon du 6e Etranger quitte Hanoi et s’installe dans les secteurs de Phuc Yen et Vinh Yen au nord-ouest de la capitale.

Là, les hommes participent à l’opération Canigou, une opération de trois semaines pour dégager les groupes rebelles de la région entre le fleuve Rouge et la Route coloniale 2 (RC 2). Les légionnaires du 6e REI y combattront aux côtés d’autres unités de la Légion: 1er BEP (futur 1er REP) et la 13e DBLE, l’unité que le 6e REI fait face huit ans plus tôt au cours de la campagne de Syrie en 1941.

L’opération s’est bien passée. Les hommes n’ont vu que quelques combats sporadiques. Seule la 10e Compagnie est violemment attaquée dans la nuit du 19 au 20 août. Un légionnaire est tué, d’autres sont blessés.

Le capitaine Robert Minard, commandant la 10e Compagnie, est tué lors d’un accrochage le 17 octobre. Il est le seul officier du 6e REI tombé en Extrême-Orient.

Le bataillon a servi au Tonkin jusqu’à la fin octobre 1949. Pendant quatre mois, 10 hommes de la 6e REI sont tués, 12 hommes sont blessés. Le 31 octobre, le 3e Bataillon du 6e REI d’Indochine est dissous administrativement.

Le lendemain, le 1er novembre 1949, ses hommes forment le 1er Bataillon du 5e REI, constituant le premier élément d’un tout nouveau régiment désigné pour servir au Tonkin.
 

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1949 - Thomas - Dares - Tunisie
Le commandant Thomas passe son bataillon du 6e REI en Tunisie en 1949. Il est suivi par son adjoint, le capitaine Denis Dares. Le capitaine Dares, d’origine sénégalaise, sera tué en Indochine en juillet 1950.

Indochine - Tonkin - Map

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1949 - Tonkin - Operation Canigou - Map

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1949 - Denis Dares - 3eme Bataillon - Hanoi - Indochine
Dans une photo rare, le capitaine Dares à la tête du III/6e REI pendant le défilé du 14 Juillet à Hanoi, deux semaines après leur débarquement en Indochine. La photo nous a été fourni par Frans, l’admin de Nederlanders in het Franse Vreemdelingenlegioen, une website magnifique dédiée aux légionnaires néerlandais, et publiée avec son aimable permission.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Tunisie en 1949

Pendant ce temps en Tunisie, il reste un régiment considérablement réduit par le départ du 3e Bataillon. Le 2e Bataillon n’est pas encore au complet. Il continue à recevoir de nouveaux renforts venant d’Algérie. L’ancien 1er Bataillon est représenté en Tunisie par une seule compagnie. Commandée par le capitaine Paul Pfirrmann et composée des éléments non capables de servir en Extrême-Orient, la compagnie s’occupe de la base arrière du régiment au Kef. Néanmoins, même ce bataillon sera réformé le plus rapidement possible.

À la mi-août, la réorganisation du 6e REI en Tunisie est officiellement achevée. Le régiment est composé d’un état-major et de deux bataillons.

Le 6e REI en août 1949
  • Chef de corps – Lieutenant-colonel René Babonneau
  • 1er Bataillon – Capitaine Pfirrmann
    – stationné au Kef, au Camp Chaperon et au Camp Venard
  • 2e Bataillon – Chef de bataillon Orsini
    – stationné à Tabarka
  • 3e Bataillon – Chef de bataillon Thomas
    – stationné à Hanoi, Tonkin

 
Le chef de bataillon Orsini du 2e Bataillon était un ancien commandant de la 3e Compagnie du 6e REI en 1941. Il a été blessé lors de la triste campagne en Syrie et au Liban, et cité.

En 1949, les Allemands font la majorité du régiment. La moitié d’entre eux sont des anciens combattants d’Indochine avec plus de 3 ans de service. Ils attendent habituellement quelques mois en Afrique du Nord avant d’être de nouveau déployés en Extrême-Orient pour soutenir leurs camarades. La seconde moitié des hommes sont de jeunes légionnaires venant de Sidi Bel Abbès. Ayant achevé environ 5 à 8 semaines de formation de base là-bas, ils poursuivent leur instruction dans des régiments semi-opérationnels de la Légion étrangère, comme le 6e REI, avant d’être déployés en Indochine.

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1949 - Insigne - Tunisie
En Tunisie en 1949-1955, le 6e REI a adopté l’ancienne version de son insigne.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1949-1950 - Drapeau - Tunisie
En mai 1949, le 6e REI reçoit son ancien Drapeau et les fanions des bataillons. La photo nous a été fournie par Andrew J. Mitchell, et publiée avec son aimable permission.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Tunisie en 1950 – 1951

Le début des années 1950 est marqué par une importante réduction des effectifs de toutes les unités de la Légion étrangère en Afrique du Nord, en raison de l’aggravation de la situation en Extrême-Orient. Tous les hommes capables y sont directement envoyés comme des renforts.

Début janvier 1950, le chef de bataillon Sourlier remplace le chef de bataillon Pfirrmann et prend le commandement du 1er Bataillon du 6e Etranger au Kef. Au Levant en 1941, le capitaine Sourlier était grièvement blessé et cité alors qu’il commandait la 1re Compagnie du 6e REI. Les deux officiers ont également servi avec le 1er Bataillon du 3e REI en Indochine avant de venir en Tunisie et de rejoindre le nouveau 6e REI. Le chef de bataillon Pfirrmann quittera l’Afrique du Nord pour être renvoyé en Indochine où il prendra le commandement du 1er Bataillon du 2e Etranger.

Fin mars 1951, à cause des événements de la guerre en Indochine, le 6e REI est considérablement réduit. Le 1er Bataillon est dissous. Ses hommes restants fusionnent avec le 2e Bataillon. Le chef de bataillon Sourlier quitte le régiment.

Maintenant, le 2e Bataillon tout seul constitue le régiment pendant des trois prochains mois, jusqu’à la fin juin 1951. Début juillet, l’unité est rebaptisée et devient le nouveau 1er Bataillon. Malheureusement, la situation avec la réduction des effectifs ne change pas. L’unité est redésignée comme Bataillon Formant Corps (B.F.C.), c’est-à-dire une formation autonome qui représente l’ensemble du 6e REI. Le P.C. du bataillon est maintenant basé au Kef au Camp Amyot d’Inville. Les légionnaires du 6e REI sont également placés à Tabarka.

Un centre de repos est ouvert près de la mer à Hammamet, une petite ville sur la côte est. Avant la Seconde Guerre mondiale, même le 1er REC administrait un tel centre dans la même ville. Est au début de 1956, de retour d’Indochine en Tunisie, les cavaliers de la Légion installeront ce centre de nouveau à Hammamet. Mais, nous ne savons pas exactement si les deux centres étaient au même endroit (un ancien fort près de la mer).

1er B.F.C. du 6e REI en juillet 1951
  • Etat-major
  • Cie de Commandement
  • 1re Compagnie
  • 2e Compagnie
  • 3e Compagnie
  • Compagnie d’Appui (CA)
  • Centre de repos – à Hammamet

 
Les missions de la seule unité de la Légion étrangère ayant servi en Tunisie restent inchangées. Le 6e REI maintient l’ordre et la présence française sur le territoire. Il continue à instruire de nouveaux volontaires et jeunes légionnaires. Le bataillon autonome sert également d’unité de recharge pour les anciens d’Indochine, avant leur prochain déploiement.
 

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1949 - Tunisie - Postes - Map

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1950 - Le Kef - Kasbah - Tunisie
Le Kef dans les années 1950. Notez la célèbre Kasbah (un fort de la période ottomane) au-dessus de la ville. Le P.C. du 6e REI y était placé.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - Defile - annees 1950 - Tunisie
Le 6e REI pendant un défilé en Tunisie, au début des années 1950. La photo nous a été fourni par Frans de Nederlanders in het Franse Vreemdelingenlegioen, et publiée avec son aimable permission.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - Defile - annees 1950 - Tunisie
Les légionnaires du 6e REI avec leur chiens dans la région de Kasserine, au début des années 1950. Les chiens ont été utilisés, par exemple, pour garder les installations du régiment à l’intérieur de la Kasbah.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1950 - Le Kef - Camp Amyot d'Inville
L’entrée du Camp Amyot d’Inville dans la Kasbah du Kef, années 1950. Le P.C. du 6e REI y était jusqu’à la mi-1954.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Tunisie en 1952 – 1953

En 1952, les activités des insurgés ont éclaté en Tunisie, beaucoup plus tôt que dans d’autres pays d’Afrique du Nord contrôlés par la France. Les rebelles dirigés par Habib Bourguiba profitent de la situation compliquée des Français en Indochine. Ils forment de petits groupes armés dans les sectors éloignés de la Tunisie. Peu de temps après, les rebelles (appelés fellaghas) commenceront à mener leurs premières attaques.

Les unités françaises, y compris le 6e REI, sont alertées. L’opération Mars est lancée en Tunisie à la fin du mois de janvier 1952 avec le soutien des troupes de réserve venant d’Algérie. Elle vise à supprimer les groupes armés dans le protectorat. Les légionnaires du 6e REI travaillent aux côtés de leurs camarades du 3e BEP basé en Algérie (futur 3e REP). L’opération s’est terminée avec succès début juillet.

À la mi-septembre 1952, le lieutenant-colonel Jean Rossi a remplacé le lieutenant-colonel Babonneau et prend le commandement du régiment (en fait, le régiment réduit à un bataillon). De retour d’Indochine, Jean Rossi a servi là-bas cinq années extraordinaires au sein du 1er Bataillon de la 13e DBLE.

En 1953, les hommes du 6e REI maintiennent l’ordre sur le territoire et patrouillent principalement dans le sud-ouest de la Tunisie le long de la frontière algérienne.
 

Legion Etrangere - 1954 - Lieutenant-colonel Jean Rossi
Le lieutenant-colonel Jean Rossi. Le chef de corps du 6e REI en 1952-1954. Au cours de ses dix années dans la Légion, il a passé huit ans avec la 13e DBLE, en majorité en Indochine. Avant de quitter la Légion, il a commandé pendant quelques mois le GPLEA en Algérie.

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1952 - Tunis - Tunisie
Le 6e REI défile dans la capitale de la Tunisie, en novembre 1952.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Tunisie en 1954

Au début de 1954, le 1er Bataillon F.C. du 6e REI, une unité autonome administrée comme un régiment, est basé au Kef, avec ses unités basées également à Tabarka, Ain Draham (au sud de Tabarka) et Souk El Arba (aujourd’hui Jendouba, située à mi-chemin entre Tabarka et Le Kef). Deux compagnies du 6e REI (probablement les 1re et 2e) sont occupées par l’instruction des engagés volontaires, tandis que la CCB (Cie de Commandement et de Base) + CA + 3e Compagnie participent aux opérations militaires, comme au Djebel Selloum en mars ou au Djebel Majoura fin mai.

Les activités des rebelles, supprimées avec succès en 1952, reprennent leur intensité. En Tunisie, la vie militaire relativement calme est définitivement terminée. En mai-juin, les légionnaires du 6e REI participent à des opérations de maintien de l’ordre au Kef, Kasserine, Maktar, Le Sers (à mi-chemin entre Le Kef et Maktar) ou Sakiet, un village à la frontière algéro-tunisienne, à l’ouest du Kef.

Au début de juin 1954, le chef de bataillon Etienne Georgeon prend le commandement du 6e REI. Il était un ancien chef de section à la 2e Compagnie du 6e REI en Syrie en 1941. Il a été blessé lors d’une bataille avec les troupes britanniques. Le commandant Georgeon a remplacé le lieutenant-colonel Rossi, qui avait quitté le 6e REI deux mois plus tôt pour un autre séjour en Indochine, où il serait nommé le chef de corps de la 13e DBLE.

Début août 1954, la guerre d’Indochine est terminée. Le 6e REI cesse d’effectuer l’instruction aux jeunes volontaires et devient une unité opérationnelle. La prochaine guerre est à venir, cette fois en Afrique du Nord.

Au même moment, le P.C. du 6e REI quitte Le Kef et se déplace dans le nord-est de la Tunisie pour s’installer au Camp Servière le 5 août. Ce grand camp militaire français, construit en 1899, était situé à Fondouk Djedid, entre Tunis (la capitale) et Hammamet (la ville avec le centre de repos du régiment). À propos, le camp de Fondouk Djedid est toujours utilisé, même dans les années 2010, maintenant comme une académie militaire tunisienne.

Par contre, les compagnies du 6e REI restent dans les secteurs assignés et poursuivent leurs missions de patrouille et de maintien de l’ordre. Elles rejoindront le Camp Servière que plus tard dans l’année. Les activités des rebelles s’intensifient. De plus en plus d’accrochages se produisent. Deux unités de la Légion étrangère venant d’Algérie au milieu de 1954 opéreront aux côtés de leurs camarades du 6e REI pour calmer l’insurrection: 2e CSPL (Compagnie Saharienne) et le BM3 (Bataillon de Marche) du 1er RE (l’ex-1er REI).

 
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1954 - Tunisie - Operations - Map

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1954 - Etienne Georgeon - Colonel Laimay
Le chef de bataillon Etienne Georgeon (à droite) en 1954. Un ancien du 6e REI du Levant, blessé en 1941. Ici, en Tunisie, avec le colonel Edmond Laimay, le commandant en second du commandement de la Légion (GALE) et un ancien commandant de la 14e Compagnie du 6e REI en Syrie en 1941. Le colonel Laimay a commencé sa carrière à la Légion en tant que sergent en 1920, avec le 4e RE. Le lt-colonel Georgeon a terminé sa carrière dans la Légion en 1961 avec le même régiment, mais comme le chef de corps.

 

Le 6e REI et ses opérations en Tunisie fin 1954

Août:
Opérations dans la région de Kasserine
– aussi des patrouilles motorisées au Cap Bon
– une péninsule au nord-est de la Tunisie
– CCB + 3e Compagnie ont participé

Septembre:
Opérations à Sidi Bou Zid et à Grombalia
Grombalia est seulement 5 km au sud-est du Camp Serviere
– les opérations pour maintenir l’ordre
– CCB + 1re + 3e Compagnie ont participé

Octobre:
Opérations au Cap Bon
– les opérations pour maintenir l’ordre
– la CCB a participé

Opérations le long de la frontière algéro-tunisienne
– grandes opérations d’octobre à novembre 1954
– 3e Compagnie + Compagnie d’Appui (CA) ont participé
– Capitaine Morin + Capitaine Fraysse
– à côté de la 2e CSPL et le BM3 du 1er RE

Combat au Djebel Gadoum
– il a lieu le 8 octobre
– entre Kasserine et Sfax
– au nord-est de Sidi Bou Zid
– 16 rebelles sont tués + un rebelle est capturé
– 2 légionnaires sont blessés

Combat au Djebel Gouleb
– il a lieu le 19 octobre
– entre Gafsa et Sfax
– au nord d’El Maknassi
– la 3e Compagnie a participé
– 10 rebelles sont tués
– un légionnaire est blessé

Novembre:
Opération Castor III
– une opération entre le 13 et le 15 novembre
– auprès de Siliana, au nord de la Tunisie
– la Compagnie d’Appui (CA) a participé
– de nombreuses armes des rebelles sont découvertes

Opérations au Djebel Sidi Aich
– ils ont lieu le 21 novembre
– au nord de Gafsa
– le dernier accrochage important pour le 6e REI
 

Fin novembre 1954, les activités des rebelles en Tunisie sont brisées. Cependant, les fellagas tunisiens se rendent en Algérie, où ils contribueront au déclenchement de la guerre d’Algérie (1954-1962). Un autre conflit irrégulier avec une fin triste pour l’Empire français. La frontière algéro-tunisienne devient une ligne fréquemment franchie par les rebelles. Ainsi, la frontière sera plus surveillée par les troupes françaises, y compris les légionnaires.

En décembre, la 3e Compagnie et la Compagnie d’Appui (CA) quittent leurs secteurs et s’installent au Camp Servière.

Fin décembre, le peloton de réparation de Légion étrangère N° 3 (PRLE 3) est dissous. Une des quatre unités de maintenance de la Légion à servir en Afrique, presque inconnues, le PRLE 3 était basé à Gabès et rattaché administrativement au 6e REI. Le peloton a fourni des services de maintenance aux unités françaises stationnées en Tunisie (de la Légion ou de la “régulière”) dans la première moitié des années 1950.

 
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - fin 1954 - Tunisie - Operations - Map

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - Camp Servière - Tunisie
Camp Servière. Le P.C. du 6e REI y est stationné début août 1954. Le reste du bataillon suivra successivement.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1954 - Tunisie
Le 6e REI lors d’une opération en Tunisie, fin 1954.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1954 - Djebel Gouleb - mortier M2 - Tunisie
Le chef de section du 6e REI avec ses hommes lors de l’opération au Djebel Gouleb en Tunisie à la mi-octobre 1954. Les légionnaires opèrent le mortier M2 de 60 mm américain.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1954 - Le Kef - Tunisie - Colonel Laimay
Le 6e REI est visité par le colonel Laimay au Kef, fin 1954. Avec le bâton, le chef de bataillon Georgeon, commandant du 6e REI.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1954 - Le Kef - Tunisie - Colonel Laimay
Le poste du 6e REI à Tabarka visité par le colonel Laimay en fin 1954. Entre lui (à gauche) et un officier non identifié, le chef de bataillon Georgeon.

 

Le 6e REI et sa mission en 1954-1955: L’escorte des convois de la T.A.T.

En 1954, le 6e REI a reçu une mission particulière et intéressante, fort appréciée par des légionnaires. Le bataillon doit d’assurer la sécurité des convois de la Tunisienne Automobile Transports (T.A.T.). Les convois vont sur la Piste Saharienne n° 5 de Tunis à destination du Fort Leclerc à Sebha (en Libye) en traversant le Fezzan, une région désertique du Sud-Ouest de la Libye.

Le Fort Leclerc à Sebha était le centre administratif français du Fezzan entre 1943-1955. La 3e CSPL de la Légion était basée au Fort Leclerc jusqu’au fin 1955.

La mission de l’escorte des convois de la T.A.T., en passant par Tripoli, avait environ 2 400 km de long (aller et retour) et dure trois semaines. Elle est constituée d’un groupe renforcé du 6e REI (15-20 hommes) aux ordres d’un lieutenant. Les légionnaires y ont vu une agréable aventure dans les dunes de sable de l’Afrique, loin de leurs supérieurs et de la vie militaire monotone en Tunisie.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Tunisie en 1955

À la fin de 1954 et au début de 1955, les unités de la Légion étrangère ayant participé à la guerre d’Indochine sont sur le chemin du retour en Afrique du Nord. Deux d’entre eux sont envoyés directement en Tunisie: 2e REI et 1er REC (une partie).

Début février 1955, un détachement du 6e REI commandé par le chef de bataillon Vieules rend hommage et accueille le 2e REI qui arrive à Bizerte, en Tunisie, après neuf ans passés en Extrême-Orient. À l’époque, le CBA Vieules a probablement servi comme commandant en second du 6e REI. En 1951, il dirigeait la CERA et en 1954, il était par intérim à la tête du 1er BEP (futur 1er REP). Le chef de bataillon Vieules serait tué en Algérie en 1958 alors qu’il commandait le 2e Bataillon du 13e DBLE.

Fin février, l’équipe de football du 6e REI sont devenue des champions militaires de la Tunisie.

En 1955, les légionnaires du 6e REI patrouillent principalement dans les djebels de la région de Gafsa, dans le sud-ouest de la Tunisie. Néanmoins, la réorganisation des unités françaises en Afrique de Nord et les nouvelles d’une future indépendance donnée à la Tunisie vont affecter la Légion étrangère.

Au lieu de devenir un régiment complet, le 6e REI réduit sera finalement dissous.
 

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1954-1955 - L'escorte des convois de la T.A.T. - Tunisie - Libye - Sebha
En 1954-1955, le 6e REI a reçu pour mission d’assurer la sécurité des convois de la T.A.T. qui vont de Tunis au Fort Leclerc à Sebha, en Libye.

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1955 - Tunisie - Lieutenant Basset - Lieutenant Schmidt - Major Georgeon
Le lieutenant Basset (à gauche), le chef de groupe de l’escorte des convois de la T.A.T., et le lieutenant Roger Schmidt, qui sera parmi les 18 hommes de sa compagnie tués lors de l’attaque de Tainaste au Maroc en janvier 1956, ils reçoivent la Légion d’honneur des mains du chef de bataillon Georgeon au Camp Servière, en février 1955.

 

6e Régiment Etranger d’Infanterie: Dissolution

Le 30 juin 1955 en Tunisie, le 6e Régiment Etranger d’Infanterie est administrativement dissous. Le bataillon a changé son nom et le lendemain, les hommes sont devenus le 3e Bataillon du 2e REI. Le chef de bataillon Escaron prend le commandement. Les compagnies sont rebaptisées aux CCB + 9e + 10e + 11e + CA. Cependant, les légionnaires de l’ex-6e REI poursuivent leurs patrouilles et le maintien de l’ordre.

Le 11 novembre, le Drapeau du 6e REI est déposé dans la Salle d’honneur de Sidi Bel Abbès, la maison-mère de la Légion.

Début janvier 1956, en tant que dernière unité du 2e REI, le bataillon quitte le Camp Servière et la Tunisie. Les hommes partent pour le Maroc, un autre protectorat français, situé à l’ouest de l’Algérie. Tandis que la vie militaire en Tunisie était relativement calme, le Maroc devient hostile aux hommes de l’ex-6e REI peu après leur arrivée. Le 28 janvier, la 11e Compagnie (l’ex-3ème CIE du 6e Etranger) du capitaine Ungerman est fortement attaquée à Tainaste, dans le nord du Maroc. La section du lieutenant Schmidt a subi de lourdes pertes. L’officier + 17 de ses hommes sont tués.

Ce triste événement déjà oublié reste l’attaque la plus meurtrière subie par la Légion au Maroc depuis 1934, la fin de la pacification du pays. Il reste également la deuxième attaque la plus meurtrière subie par la Légion étrangère en Afrique du Nord après la Seconde Guerre mondiale.

En juin 1956, la compagnie de commandement rentre brièvement en Tunisie, mais ensuite elle est envoyée directement en Algérie, avec le reste du bataillon. Trois mois plus tard, le 30 septembre 1956, l’ex-1er Bataillon du 6e REI est définitivement dissous.

En 1984, le 6ème Régiment Etranger de Génie (6e REG) reprit le numero, l’histoire et les traditions de l’ancien 6e REI. En 1999, le régiment devient par changement d’appellation le 1er Régiment Etranger de Génie (1er REG).
 

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1956 - Maroc - Tainaste
Les 18 hommes tués du 3ème bataillon du 2e REI (l’ex-1er Bataillon du 6e REI). Ils ont les victimes d’une attaque rebelle à Tainaste au Maroc, au début de 1956.

6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - 1955 - Sidi Bel Abbes - Drapeau
Le chef de bataillon Georgeon (centre) rend hommage au Drapeau du 6e REI pendent la cérémonie à Sidi Bel Abbes le 11 novembre 1955, avant d’être déposé dans la Salle d’honneur de la Légion. Peu de temps après, il prend le commandement du Groupement d’instruction de Légion étrangère (GILE, aujourd’hui le 4e RE); en 1959, le Lt-colonel Georgeon est nommé le chef de corps du 4e REI.
6e REI - 6 REI - Legion Etrangere - Drapeau
Le Drapeau du 6e REI. En dehors du Camerone 1863 obligatoire, il porte encore deux inscriptions: Musseifré 1925 et Syrie 1925-26. Comme prévu, la campagne de 1941 n’a pas été appréciée officiellement après la Seconde Guerre mondiale.
6e REI - 6e REG - Legion Etrangere - 1989 - 6e Régiment Etranger - Laudun - Drapeaux
Les deux Drapeaux du 6e Régiment Etranger (6e REI + 6e REG) lors du 50ème anniversaire de sa création, Laudun, fin octobre 1989.
Fernard Barre - Legion Etrangere - 1989 - 6e Régiment Etranger - Laudun
Le Général Fernand Barre revoit le Drapeau de son ancien régiment, après 48 ans, fin octobre 1989. Il avait 99 ans. Dans l’armée française en 1908-1946, six fois cité pendant la Première Guerre mondiale, l’officier admirablement vital est décédé en décembre 1993.

 
 
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Principales sources d’informations et d’images:
P. Cart-Tanneur + Tibor Szecsko: Le 4eme Etranger (Editions B.I.P., 1987)
P. Cart-Tanneur + Tibor Szecsko: La vieille garde (Editions B.I.P., 1987)
Pierre-Noël DURONSOY: Le 6e REI et ses insignes (Blurb, 2015)
Pierre Andolenko: Les canons étaient sous le bureau (Librinova, 2016)
Samir Kassir: Beirut (University of California Press, 2010)
JMO du 6e REI de 1939
Les archives militaires des troupes françaises au Levant
Képi blanc revues
Bulletins annuels de la Légion
More Majorum (légionnaires allemands en Indochine)
Ecpad
Fanion Vert et Rouge (Fr)
Google Maps
Wikipedia.org

 

 

L’article original: 6th Foreign Infantry Regiment

 

 

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La page a été mise à jour: 1 juillet 2020

 

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