Introduction
Il est de coutume de considérer les unités de cavalerie de la Légion étrangère comme héritières des régiments étrangers de l’Ancien régime. En effet, dès le XVe siècle, les cavaliers étrangers figurent à l’ordre de bataille de la France. Sous Louis XII, ce sont les « stradios » grecs et « génétaires » espagnols ; sous François ler, les « argoulets » italiens. Henri II emploie les « carabins » et Louis XIII recrute les reîtres allemands et les cavaliers hongrois. En 1635, la cavalerie française est organisée en régiments. Parmi les premiers, le Régiment du Roye qui devient, en 1659, le Royal étranger de cavalerie, ancêtre incontesté du 1er REC.
Il convient cependant de ne pas passer sous silence non plus les premières unités montées, servant au sein de la Légion étrangère. De 1836 à 1838, en Espagne, la Légion utilise un régiment de lanciers Polonais (où figurent aussi quelques cavaliers Belges et Espagnols). Ensuite, au Mexique, en septembre 1866, apparaissent les précurseurs de cavalerie Légion : deux escadrons à cheval, rattachés au Régiment Étranger.
Après le retour en Afrique du Nord, où la situation ne nécessite pas de nouvelles unités de cavaliers, la Légion s’oriente vers la création de compagnies montées, composées de fantassins.
L’évolution importante ne se produit qu’après la fin de la Première Guerre mondiale. La Légion, considérablement réduite par les combats sur tous les fronts, est confrontée à une grande masse de candidats étrangers pour le service militaire. Il est donc décidé, en 1920, d’augmenter le potentiel de la Légion et de créer dans ses rangs – en plus de deux nouveaux régiments d’infanterie – un régiment d’artillerie, un bataillon de génie, et un régiment de cavalerie.
1er REC : Algerie et Tunisie 1920 – 1925
Les quatre premiers escadrons du futur régiment de cavalerie sont successivement formés à Saida en Algérie, entre décembre 1920 et juillet 1921, d’abord sous la surveillance du 2e Régiment étranger, remplacé à Saida au printemps 1921 par les unités d’instruction du 1er Étranger. Les escadrons sont ensuite dirigés, un par un, vers la Tunisie, un pays sous le protectorat français, situé en Afrique du Nord. Les tensions politiques y règnent depuis 1919. Il est donc nécessaire de renforcer la présence française avec une troupe capable d’intervenir rapidement.
À sa création, l’effectif des escadrons est assuré par la très forte proportion de réfugies anti-bolchéviques venant de la Russie, surtout des cavaliers du général Wrangel. Les cadres sont originaires de tous les régiments français de cavalerie ; parmi eux, seul un sous-lieutenant et un sous-officier ont servi dans la Légion.
L’état-major de ce détachement de cavalerie Légion s’installe à Sousse, une ville portuaire au nord-est du pays. Le colonel Perret en prend le commandement en mars 1921.
Finalement, le 20 juin 1922, le 1er Régiment étranger de cavalerie (1er REC) est créé officiellement par un décret du Président de la République. Le nouveau régiment – surnommé le Royal Étranger, en hommage à son ancêtre – comprend quelque 700 hommes. Placés alors sous les ordres du lieutenant-colonel Sala, leur tâche la plus importante est de maintenir l’ordre en Tunisie.
Composition du 1er REC au début de 1923 :
- Chef de corps (lieutenant-colonel Sala) et son PC : Sousse
- 1er Escadron (capitaine Emonet) : Sousse
- 2ème Escadron (capitaine Rapp) : Sousse
- 3ème Escadron (capitaine Airaud) : Gafsa
- 4ème Escadron (capitaine Landriau) : Zarzis
- Escadron de dépôt et d’instruction (capitaine ???) – Sidi el Hani
1er REC : Maroc et Syrie 1925 – 1927
En 1924, la cavalerie française est considérablement réduite, y compris le 1er REC. Seuls deux de ses escadrons restent opérationnels : le 3ème et le 4ème. Mais en 1925, la situation politique change et le régiment obtient de nouvelles missions pour faire honneur à sa grenade d’argent. Au début de mai, le 3ème Escadron du capitaine Bourgeois est envoyé en renfort au Maroc où la France conduit la pacification du pays. Le régiment y reçoit le baptême du feu lorsque l’escadron participe, le 3 juillet 1925, à l’affaire de Tissouffet, dans le cercle de Guercif. Face à une tribu dissidente, il abat 25 guerriers, dont leur cheikh, et en blesse près de 50. Au cours de cette affaire, le brigadier Lubovitzscy devient le tout premier homme du 1er REC tué au combat.
Pendant deux années, l’escadron prendra part à toutes les opérations : colonnes, escortes, reconnaissances et missions de couverture. Les obscures et pénibles servitudes du service dans le Maroc n’excluent pas le panache du cavalier. Dans la plus pure tradition, un de ses pelotons connaît l’envoûtante saveur d’une charge sabre au clair.
Dès le mois d’août 1925, la situation devient tout aussi préoccupante au Levant (Syrie et Liban), ancienne possession de l’Empire turc sous le mandat français. Entrés en dissidence, les Druzes s’y révoltent. Alors, le 16 août 1925, le 4ème Escadron du capitaine Landriau quitte la Tunisie pour le Levant.
Le 17 septembre, l’escadron se distingue à Messifré, un petit village au sud de la Syrie, attaqué par plus de deux mille Druzes. Le combat dure plusieurs heures. Néanmoins, face à la résistance farouche des légionnaires du 1er REC et de leurs camarades du 4e REI, l’ennemi perd de son ardeur et se replie, laissant cinq cents morts sur le terrain. L’escadron perd seize hommes dont le sous-lieutenant Dupetit, le premier officier du 1er REC tombé au champ d’honneur.
Un autre combat encore plus dur pour le 4ème Escadron se déroule fin novembre, au sud du Liban. La citadelle de Rachaya, vieille forteresse franque occupée par les cavaliers du 1er REC, est attaquée par l’ennemi. Des combats acharnés se déroulent pendant quatre jours. Le 23, l’escadron doit contre-attaquer trois fois à la baïonnette. Finalement, le 24, les assaillants se retirent. Parmi les trois mille Druzes qui attaquent Rachaya, quatre cents trouvent la mort. Le 4ème Escadron compte douze légionnaires tués ; trente-quatre hommes sont blessés, dont le lieutenant Gardy.
Pour ses beaux faits d’armes de 1925, le 4ème Escadron est deux fois cité à l’ordre de l’armée ; son fanion reçoit la Croix de guerre des T.O.E. avec deux palmes, la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre des T.O.E. et la médaille de l’Ordre du Mérite libanais.
Le 2 décembre 1925 à Sousse, admiré par ses actions courageuses menées au Maroc et au Levant, le 1er Régiment étranger de cavalerie obtient son Etendard.
En 1926, le 4ème Escadron est remplacé au Levant par le 1er du capitaine Flipo. Mais la situation est presque calme et le plus ancien escadron de la Légion n’y trouve aucun combat. Il rentre en Afrique du Nord en juin 1927 pour être déployé directement au Maroc.
1er REC : Maroc 1927 – 1939
De 1927 à 1934, le 1er REC concentre ses efforts sur le Maroc, détruisant les bandes rebelles au cours des dernières phases de la pacification du pays. Jusqu’en 1929, ce sont les 1er et 2ème Escadrons qui y opèrent à cheval.
À partir de 1929, le 1er REC devient une unité mixte. En Tunisie, il conserve l’escadron hors-rang, l’escadron de dépôt et le 1er groupe à cheval (1er et 2ème Escadrons, rentrant du Maroc). Au Maroc se forme le 2ème groupe d’escadrons à cheval (3ème et 4ème Escadrons) et le groupe d’escadrons motorisés des confins algéro-marocains (5ème et 6ème Escadrons, créés la même année). Le P.C. du régiment reste à Sousse. Un groupement des escadrons du 1er REC au Maroc, comprenant les deux groupes aux ordres d’un lieutenant-colonel et bénéficiant d’une autonomie extraordinaire, dispose de son P.C. à Bou-Denib.
Les 5ème et 6ème Escadrons, premières unités motorisées de la Légion, sont dotés d’automitrailleuses Panhard, Berliet VUDB, et White Laffly.
En 1932, les escadrons du 1er REC prennent part à la pacification du Tadighoust et du Grand-Atlas. En 1933, le 6ème Escadron participe aux opérations importantes au Djebel Sagho, aux côtés des compagnies montées de la Légion.
En 1934, c’est la campagne de l’Anti-Atlas à l’extrême sud du Maroc, la première opération toute motorisée de l’armée française, menée par le colonel Trinquet. Quatre unités motorisées de la Légion sont engagées, y compris les 5ème et 6ème Escadrons du 1er REC. Cette remarquable campagne achèvera en mars 1934 avec succès les vingt-sept années de la pacification du Maroc, à laquelle la Légion a contribué depuis le tout début…
Après la campagne de 1934, le 6ème Escadron est dissous. Dans un pays maintenant calme, l’essentiel des activités des trois escadrons restants se résume à des opérations de sécurité et de tournées de police, ainsi qu’à l’instruction. Les légionnaires y vivent de façon très indépendante. Ce fait conduit en juillet 1939 à la transformation du Groupement des escadrons du 1er REC au Maroc en une nouvelle unité : le 2e Régiment étranger de cavalerie (2e REC), avec son P.C. installé à Midelt.
1er REC : Tunisie et France 1939 – 1940
Jusqu’en 1938, le 1er REC était une unité très particulière et autonome. Les recrues pour la cavalerie Légion étaient envoyées de la France directement vers la Tunisie. Mais en janvier 1939, l’Escadron d’instruction du 1er REC, jusqu’alors implanté à Sidi el Hani, est transféré en Algérie et rattaché au Dépôt Commun (DCRE) à Sidi-Bel-Abbès. Pour la première fois, le 1er REC est connecté à la Maison-mère de la Légion.
En septembre 1939, les tristes événements en Europe interrompent la période de la paix. La déclaration de guerre trouve les deux régiments de cavalerie en pleine réorganisation. Malgré leurs difficultés, le gouvernement prend la décision de créer en Tunisie une unité de marche pour la durée de la guerre, avec les cavaliers de la Légion : un groupe de reconnaissance de division d’infanterie (GRDI).
Créé en novembre 1939, le GRDI comprend un escadron du 1er REC, un escadron du 2e REC, et 360 cavaliers venant du DCRE en Algérie qui formeront deux autres escadrons. Baptisé GRDI 97 en février 1940, il est sous les ordres du lieutenant-colonel Lacombe de la Tour. L’unité forte de six cent cinquante légionnaires est rattachée à la 7e DINA (Division nord-africaine) du Général Barré.
En mai-juin 1940, le GRDI prend part à la Bataille de France. De la Somme à la Dordogne, le groupe se sacrifie pour arrêter l’invasion de l’ennemi et, ensuite, pour assurer le repli de la 7e DINA. Deux tiers des effectifs sont tués, blessés ou disparus. Parmi les tués figure le lieutenant-colonel Lacombe de la Tour. Une citation à l’ordre de l’armée consacre l’héroïsme de ses légionnaires.
Le 22 juin 1940, l’Armistice est signé entre la France et l’Allemagne. Les rares survivants des violents assauts de 1940 quittent le pays et regagnent l’Afrique. Fin septembre 1940, en Tunisie, le GRDI 97 est dissous.
1er REC: Maroc et Tunisie 1940 – 1943
La réduction obligatoire d’effectifs de l’armée française suivant l’Armistice conduit à une réorganisation de deux régiments étrangers de cavalerie. Le 15 octobre 1940, le 1er REC – composé à ce moment de deux escadrons à cheval installés à Sousse et de deux escadrons motorisés de Bir Bou Rekba – doit quitter la Tunisie pour le Maroc. En ce qui concerne le 2e REC, il est dissous au Maroc un mois plus tard.
Au Maroc, le 1er REC est encore à nouveau réorganisé, en incorporant les anciens du 2e REC. L’état-major du régiment s’installe à Fès, ainsi que son escadron hors-rang (unité d’administration et de services régimentaires) et le groupe à cheval. Le groupe motorisé se trouve à Oujda, tandis que le groupe mixte porté s’implante à Guercif. Comme toujours, chaque groupe dispose de deux escadrons à trois pelotons chacun.
Pendant les années 1941 et 1942, le régiment répartit le temps entre l’instruction, la réorganisation des unités, l’amélioration de leurs quartiers, ainsi que le maintien de l’ordre et de la présence française au Maroc.
En novembre 1942, après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, l’armée française reprend le combat contre l’Allemagne, d’abord en Tunisie. Un groupe autonome du 1er REC est donc créé au Maroc, sous les ordres du chef d’escadrons Royer. Il est composé d’un état-major, d’un escadron porté sur camions et d’un escadron de vieux véhicules blindés White.
Lors de la campagne de Tunisie, le 1er GA/1er REC doit ralentir l’offensive de troupes de l’Axe (Allemands et Italiens). Il sera engagé en janvier 1943, à côté de ses camarades du 3e Régiment étranger, aux durs combats à Foum el Gouafel et dans la plaine du Mausolée. Ces deux régiments perdent un grand nombre de leurs effectifs, mais les chars blindés allemands sont fixés. Regroupé dans la région de Siliana, le groupe autonome est par la suite rapatrié au Maroc pour y être dissous le 31 mars 1943. Pour sa belle conduite, l’unité gagne une citation à l’ordre de l’armée.
1er REC : France, Allemagne et Autriche 1944 – 1945
Pendant les mois suivants, le 1er REC, toujours en possession de deux escadrons à cheval, doit être rééquipé par le matériel moderne de l’armée américaine. Il doit se transformer en un régiment de reconnaissance de la 5e Division blindée, pour participer ensuite à la libération de l’Europe. Le nouveau 1er REC sera constitué de quatre escadrons d’automitrailleuses AM-M8, d’un escadron blindé de chars M5 Stuart et d’obusiers M8, et d’un escadron de reconnaissance armé par les chasseurs d’Afrique. En Algérie depuis décembre 1943, le nouveau régiment est commandé par le lieutenant-colonel Miquel.
En septembre 1944, le 1er REC embarque pour la France. La campagne débute. Les escadrons opèrent d’abord entre Montbéliard et la Suisse, puis se rendent en Haute-Alsace. Pendant les mois de décembre et de janvier, ils opèrent dans les Vosges, dans des conditions climatiques extrêmement dures et contre l’ennemi qui contre-attaque sans cesse. Au début de février 1945, le régiment au complet prend part à la réduction de la « poche de Colmar ». Dans tous ces combats, il perd plus d’un tiers de ses effectifs, dont neuf officiers. Pour la première fois, le 1er REC sera cité à l’ordre de l’armée.
Mais la guerre continue. Début avril, après quelques semaines de repos bien mérité, le régiment traverse le fleuve de Rhin et progresse sur Karlsruhe en Allemagne. Ensuite, c’est Gross-Glattbach où les légionnaires résistent pendant trois jours aux contre-attaques ennemies lancées avec une rare violence.
Le 15 avril, le 1er REC s’enfonce vers le sud à travers la Forêt-Noire. Tübingen est investie le 19, Reutlingen le lendemain. Le 24, les escadrons s’engouffrent dans la vallée de la Lauchert. Sigmaringen est atteint, et la liaison avec la 1re Division blindée est établie. Pendant ce temps, les 3ème et 4ème Escadrons, détachés, participent à la prise de Stuttgart aux côtés du Régiment de marche de la Légion. Le 29, mille deux cents soldats ennemis capitulent devant un peloton du 2ème Escadron à Friedrichshafen.
Le 30 avril, le 1er REC pénètre en Autriche. Le jour de Camerone, fête de la Légion commémorant la célèbre bataille au Mexique de 1863, est donc bien célébré.
Le 8 mai 1945, la guerre en Europe est finie. Deux semaines plus tard, les légionnaires cavaliers regagnent l’Afrique.
En livrant 56 combats, capturant près de 3 000 prisonniers et libérant quelque 318 villes ou villages en Allemagne et en Autriche, le régiment gagne une nouvelle citation à l’ordre de l’armée qui lui vaut de porter la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de Guerre 1914-18, avec olive aux couleurs de la Croix de Guerre 1939-45.
1er REC : Indochine 1946 – 1956
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les sentiments anti-français aggravent la situation en Indochine. Un conflit avec le mouvement Viet-Minh de Hô Chi Minh s’y profile. Plusieurs régiments de la Légion sont donc appelés en Extrême-Orient. Parmi eux, le 1er REC, basé à l’époque à Oujda au Maroc.
Les six escadrons du 1er REC, composés de simples fantassins sans aucun matériel de cavalerie, débarquent en Indochine au début de janvier 1947. Les hostilités sont déjà en plein effort. Le P.C. du régiment sera implanté à Tourane au Central-Annam. Répartis en deux groupes fraîchement équipés de véhicules britanniques et américains, les escadrons du « Royal Étranger » opèrent en Annam et en Cochinchine. Ils remplissent des missions classiques de cavalerie où les pelotons assurent la sûreté des itinéraires, escortes, ouvertures de routes, ravitaillement, et interviennent en même temps au profit d’unités d’infanterie aux opérations, en fournissant aux secteurs reconnaissances, couvertures et appuis.
En Cochinchine, le 1er groupe d’escadrons (GE) bénéficiera de cargos amphibies M29, dits « crabes », et de LVT 4 dits « alligators », surtout pour les opérations dans la Plaine des Joncs. Le 2e groupe à Annam utilise les A.M. Coventry, les Scout-Cars et Half-Tracks, ainsi que les jeeps, les AM-M8, les Bren-Carrier, et même les obusiers M8.
Depuis 1948, des commandos sont formés au sein du régiment. Ce sont des partisans indigènes sous le commandement d’un officier ou d’un sous-officier de la Légion et qui mènent une action de guérilla très efficace contre le Viet-Minh. Ils devient le Commando Le Lai et le Commando Gruebler.
Une réorganisation importante a lieu en 1951. Les nouveaux « groupements autonomes » remplacent les anciens GE. Chacun de leurs escadrons opère maintenant comme « sous-groupement amphibie » (SGA), composé de pelotons crabes et alligators. Deux nouveaux escadrons sont créés, le 7ème et le 8ème ; ce dernier sera engagé au Tonkin. Aussi, un nouveau matériel est perçu : les chars M5 Stuart (connus au 1er REC de la campagne 1944-45) et les vedettes blindées qui vont assurer la sécurité sur les rivières et dans les deltas. En raison d’une décision du haut commandement, les escadrons deviennent mixtes en 1951, constitués en majorité d’indigènes.
En 1952, le 1er REC prend en charge l’accompagnement du Train Blindé 1 qui effectue le trajet entre Tourane et Hue.
L’année suivante, une vaste réorganisation du régiment se tient une fois de plus. En ce qui concerne les deux anciens groupements autonomes, ils sont rebaptisés « groupements amphibies ». Chacun de leurs « sous-groupements » (au fait, escadrons) se sépare et forme alors deux escadrons distincts, l’un disposant des crabes, l’autre des alligators. Ces deux escadrons sont réunis en un « groupe d’escadrons amphibie » (GEA). Un nouvel escadron, le 9ème, sera formé au Laos.
Composition du 1er REC en octobre 1953 :
- Central-Annam :
- Escadron EHR à Tourane
- 4ème Escadron à Quang Tri
- 5ème Escadron à Dong Hoi
- 6ème Escadron à Hue
- Central-Annam :
- 1er Groupement amphibie (1er GA)
- 2ème Escadron et 12ème Escadron (2e GEA) à Tourane
- 3ème Escadron et 13ème Escadron (3e GEA) à Tourane
- 7ème Escadron et 17ème Escadron (7e GEA) à Hue
- Tonkin :
- 2e Groupement amphibie (2e GA)
- 1er Escadron et 11ème Escadron (1er GEA) à Haiphong
- 8ème Escadron et 18ème Escadron (4e GEA *) à Haiphong
- Laos :
- 9ème Escadron
* oui, le quatrième g.e.a., au lieu du huitième
En 1954, le 1er GA opère dans la région de Qui Nhon au Central-Annam, tandis que le 2e GA, basé à Nam Dinh, opère dans le delta tonkinois. Un moment important se manifeste en mai, avec la création du 14ème Escadron au Tonkin. Le 1er REC atteint le plus grand nombre d’effectifs dans son histoire : seize escadrons, y compris l’escadron hors rangs. Mais, avec la chute de Dien Bien Phu le même mois, la situation commence à changer rapidement pour les Français.
En août 1954, c’est alors la fin de la guerre ; l’Indochine est perdue. De nombreux cavaliers indigènes quittent les escadrons pour s’engager dans l’armée vietnamienne. Peu à peu, le régiment diminue. En janvier 1955, le 1er GA est dissous et ses légionnaires sont rapatriés en Afrique. En mai, le 2e GA quitte le Tonkin pour Saigon en Cochinchine. C’est là que le reste du « Royal Étranger » établit ses nouveaux quartiers et qu’ont lieu, au cours de l’année 1955, diverses dissolutions, réorganisations et changements de noms d’escadrons.
Le 13 janvier 1956, l’EHR et deux autres escadrons sont les dernières unités du régiment à quitter l’Extrême-Orient pour l’Afrique du Nord. Durant ses neuf années en Indochine, le 1er REC a eu à déplorer près de 400 morts et disparus, dont 25 officiers, et environ 500 blessés. Trois nouvelles citations à l’ordre de l’armée et la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre des T.O.E. viennent enrichir la cravate de l’étendard. De leur côté, les deux GA méritent deux citations à l’ordre de l’armée.
À propos, on ne saurait clore l’histoire du 1er REC en Indochine sans rappeler le 2e REC recréé au Maroc en 1946, qui a formé et instruit pendant toute la durée de la campagne les cadres et légionnaires cavaliers destinés à servir en Extrême-Orient.
1er REC : Tunisie 1955 – 1956
En octobre 1955, le 2e Groupe autonome est le premier élément du régiment qui a débarqué en Afrique. Mais il est tout de suite intégré au 2e REC au Maroc.
Il est suivi par un groupe d’escadrons autonomes (GEA) composé des 5ème et 7ème Escadrons qui arrivent en Tunisie en décembre. Basé à Sousse, son ancienne garnison, le GEA fait l’ossature du futur régiment. Au début de février 1956, l’EHR et les deux autres escadrons – 3ème et 4ème – débarquent finalement en Tunisie.
L’année 1954 marque, non seulement la fin de la guerre en Indochine, mais également le début des hostilités en Afrique du Nord. Dès leur retour en Tunisie fin 1955, les légionnaires du 1er REC sont engagés dans les opérations de maintien de l’ordre dans la capitale et au sud du pays, où l’on peut tomber sur des accrochages parfois violents. Ils opèrent en deux groupes comprenant chacun un état-major et deux escadrons de reconnaissance composé d’un peloton blindé – équipé de 3 AM-M8, de 3 Scout-Cars et d’un obusier M8 – et d’un peloton porté, équipés de 4 Dodges (deux pelotons portés depuis juillet 1956).
Mais, en mars 1956, c’est l’indépendance du Maroc et de la Tunisie. Fin novembre, le 1er REC doit alors quitter définitivement son pays natal pour l’Algérie, où les hostilités évoluent en pleine guerre.
1er REC : Algérie 1956 – 1962
Implanté en Algérie début décembre 1956, le régiment est immédiatement engagé dans une série d’opérations combinées, en liaison avec le 3e Étranger (3e REI). En 1957, basé à Bou Saada, il voit la dissolution du 4ème Escadron et une réorganisation de sa structure opérationnelle. Les AM-M8 sont remplacés par les EBR, engins blindés avec un canon de 75 mm. Les trois escadrons de combat sont donc constitués d’un état-major, de deux pelotons d’EBR, et d’un peloton porté équipé de Dodge 6 x 6.
En mars 1958, le 1er REC fait mouvement vers Tébessa, pour garder la frontière avec la Tunisie où les rebelles ont établi leurs camps et dépôts. Pendant huit mois, les EBR patrouillent le barrage électrifié, à la recherche des rebelles essayant de le traverser. En décembre, le régiment s’installe à Khenchela, dans la région de Constantine.
En 1959 et 1960, dans les montagnes constantinoises (surtout dans les Aurès-Némentchas), c’est une nouvelle série d’opérations intensives, y compris Étincelles, Cigale, Courroie, Trident, Flammèches ou Ariège. Le 4ème Escadron est recréé en avril 1960. Le 17 octobre, il prend part à l’anéantissement d’un groupe ennemi ; 54 rebelles sont tués.
En avril 1961, le 1er REC participe au putsch des généraux à Alger. En conséquence, il perd son chef de corps, le lieutenant-colonel De La Chapelle.
En juin, les escadrons quittent Khenchela. D’abord, ils sont envoyés au Sahara, dans la région de Colomb-Béchar. Puis, en août, ils retrouvent Saida où les premiers cavaliers de Légion sont formés plus de 40 ans auparavant. Pour emploi, les escadrons sont mis à la disposition du corps d’armée d’Oran. Ils parcourent maintenant le barrage ouest, également électrifié, sur la frontière marocaine.
C’est donc à Saida que le cessez-le-feu du 19 mars 1962 trouve les légionnaires du « Royal Etranger ». Une autre guerre est finie. En cinq années de combats sur la terre algérienne, le régiment perd 45 hommes et compte 150 blessés.
1er REC : Algérie 1962 – 1967
L’indépendance de l’Algérie du 3 juillet 1962 voit le 1er REC implanté depuis trois semaines à Ain-el-Hadjar, Mécheria et au Kreider, toujours dans la région oranaise. Le même mois, le régiment incorpore dans ses rangs les remnants du 2e REC dissous, formant deux nouveaux escadrons. Mais ces derniers ne survivent pas plus d’un an et sont dissous à leur tour, en juillet 1963.
En 1964, c’est le déménagement vers la base aérienne de Bou Sfer, à Mers-el-Kébir, aux côtés des camarades du 2e REP. Ici, le 1er REC est réorganisé en un escadron de commandement auquel sont rattachés deux escadrons de chars AMX 13 nouvellement perçus, un escadron EBR, et un groupe de deux pelotons de jeeps anti-chars ENTAC. Par la suite, les années 1964, 1965 et 1966 sont consacrées à l’instruction intensive.
L’année 1967 marque l’abandon de l’Algérie par les derniers régiments de la Légion et leur mouvement vers la métropole. Cela concerne aussi le 1er REC. Le 18 octobre, en laissant ses chars AMX derrière, le régiment fait ses adieux à la terre d’Afrique et part pour Orange au sud de la France. Une époque s’achève.
1er REC : France 1967 – 1990
En France, le 1er REC remplit son rôle d’unité de forces du territoire. L’instruction ne perd pas ses droits et en même temps, les légionnaires participent à plusieurs exercices et manœuvres. Entre-temps, d’autres sont déjà partis au TFAI/Djibouti et à Madagascar, pour y aider à constituer de nouveaux escadrons au sein de la 13e DBLE et du 3e REI. En 1971, les EBR sont remplacés par des blindés Panhard AML.
En décembre 1970, le 4ème Escadron retourne à Bou Sfer, avec mission d’assurer la sécurité de la base militaire qui est transmise aux autorités algériennes. En fait, c’est la toute dernière unité de la Légion à servir dans l’ancienne Afrique Française du Nord. Cet escadron restera également la seule unité d’intervention du régiment, rattaché entre 1972 et 1977 au Groupement opérationnel de la Légion étrangère (GOLE). Avec ce groupement, l’escadron intervient lors de l’affaire de Loyada au TFAI/Djibouti en février 1976, pour y rester quatre mois. En 1977, toujours au sein du GOLE, il séjourne six mois à Mayotte.
L’année 1978 est marquée par la première compagnie tournante de la 13e DBLE à Djibouti pour être armée par le régiment (3ème Escadron), et par l’intervention du 1er REC au Tchad, au sein de l’opération Tacaud. Une quatrième citation à l’ordre de l’armée y sera gagnée. C’est également là qu’apparaît la toute dernière unité de la Légion à cheval, le Peloton monté.
En 1980, 1981 et 1982, ce sont des missions en République centrafricaine, à Mayotte et en Polynésie ; on voit en même temps l’acquisition du nouveau fusil FAMAS, de nouveaux engins blindés AMX 10 RC, et de véhicules VAB.
En 1983, le régiment retrouve le Liban, où son 4ème Escadron s’est déjà bien distingué en 1925. Il y renforcera le 2e REI au sein d’une force multinationale, première mission de ce genre pour la Légion. Les hommes du 1er REC se présentent également une fois de plus au Tchad, dans le cadre de l’opération Manta.
Affecté à la 6e Division légère blindée (DLB) en 1984, le « Royal Etranger » est considéré comme la force d’action rapide, assurant la présence française à Mayotte, à Djibouti et au Tchad.
Malheureusement, en ce temps-là, le régiment est frappé par un deuil. Fin janvier 1985, il perd sa marraine, la Comtesse du Luart, membre honoraire de ce corps depuis la Seconde Guerre mondiale.
1er REC : 1990 – 2022
Engagé dans l’opération Daguet dès le 15 septembre 1990, le 1er REC apparaît au complet dans le désert saoudien. Le 23 février 1991, après une phase de préparation opérationnelle intensive, il franchit en première ligne la frontière irakienne. 36 heures plus tard, il atteint son objectif, la base aérienne d’Al Salman. Une nouvelle citation à l’ordre de l’armée récompense cette belle action.
De décembre 1992 à juin 1993, les légionnaires cavaliers reviennent en Extrême-Orient dans le cadre des Nations Unies au Cambodge (APRONUC). Cette mission, nouvelle pour le régiment et pour la Légion étrangère, est exécutée avec brio, comme le veut la tradition.
Entre 1993 et 1996, le régiment se présente à Sarajevo, en ex-Yougoslavie, au sein de la Force de Protection des Nations Unies (FOR-PRONU) puis, au sein de l’organisation du BATINF. Simultanément, depuis 1995, il engage une partie de ses hommes au Tchad, au sein de l’opération Épervier. Au cours de cette opération, en juin 1997, il intervient au Congo-Brazzaville et participe activement à l’évacuation des ressortissants français.
Recréé en juillet 1993, le 5ème Escadron reçoit son baptême du feu en République centrafricaine au cours de l’opération Almandin Il, en 1996.
En dehors des opérations extérieures, les escadrons effectuent des missions de courtes durées récurrentes : Mayotte, Djibouti, Guyane.
En 1999, c’est le Kosovo et la Macédoine. Au cours des années 2000, le régiment est engagé à plusieurs reprises en Afghanistan et en Côte-d’Ivoire (opération Licorne) ; il a également retrouvé le Tchad et l’ex-Yougoslavie (Kosovo, Bosnie).
Les années 2010 sont marquées surtout par des missions de protection du territoire national (Vigipirate, Sentinelle) et par des interventions en Afrique. D’abord, au Mali en janvier 2013 (opération Serval), où les cavaliers de la Légion ont été engagés dès le tout début. La même situation se répète en République centrafricaine en décembre 2013 (opération Sangaris). Enfin, en 2014, c’est l’opération Barkhane au Sahel et au Sahara qui continue à ce jour.
Au cours des années 2010, on peut aussi croiser ses légionnaires au Sénégal, au Gabon, en Nouvelle-Calédonie, au Liban, ou même en République dominicaine.
En 2014, le 1er REC quitte Orange après 47 ans de vie commune et s’installe au Camp de Carpiagne près de Marseille.
Aujourd’hui, en 2022, le 1er Régiment étranger de cavalerie compte six escadrons en ordre de bataille, y compris l’escadron de commandement, et un escadron de réserve. Riche de ses 100 ans d’expérience et d’équipements tout modernes, le « Royal Etranger » se tient prêt en permanence à accomplir toutes les missions qui pourraient lui être confiées.
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Principales sources d’informations:
Képi blanc revues
Légion Etrangère revues
Bulletins annuels de la Légion Etrangère (les années 1950 et 1960)
by Collective : Premier Régiment Etranger de Cavalerie (FASQUELLE Editeurs, 1947)
Jean-Charles Jauffret : L’Idée d’une division de Légion étrangère et le Premier Régiment Etranger de Cavalerie 1836-1940 (Université Paul Valéry, 1978)
Hubert Ivanoff : 1er Régiment Etranger de Cavalerie en Indochine 1947-1956 (Université Paul Valéry, 1982)
by Collective : NEC PLURIBUS IMPAR (Képi blanc, 1983)
Tibor Szecsko : Une légende en marche : 1er REC (Editions Atlas, 1990)
Tibor Szecsko : Tempête du désert, 1er REC (Editions Atlas, 1991)
Alain Gandy : La Légion en Algérie (Presses de la Cité, 1992)
Die Fremdenlegion in Indochina (De)
Fanion Vert et Rouge (Fr)
Wikipedia.org
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L’article original : History of the 1st Foreign Cavalry Regiment
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La page a été mise à jour le : 28 juin 2022