Par la suite, en 1956, le régiment partira pour l’Algérie pour participer à la guerre dans ce pays, jusqu’en 1962. Cette année-là, le 2e REC est définitivement dissous. Aujourd’hui, son étendard est gardé par le DLEM, une unité de la Légion étrangère basée à Mayotte dans l’océan Indien.
Maroc et Cavaliers de la Légion avant 1939
En 1907, la Pacification du Maroc commence. Une grande campagne militaire dans un pays d’Afrique du Nord qui est devenu un protectorat français en 1912. La Légion étrangère participe à la campagne depuis le début.
Au début des années 1920, la Légion est réorganisée et renforcée par un régiment de cavalerie, le 1er REC. Depuis 1925, ses escadrons (montés ou motorisés) se déplacent régulièrement au Maroc pour lutter contre les rebelles locaux.
En 1934, la pacification est terminée avec succès. Cependant, trois escadrons de cavalerie de la Légion restent au Maroc et forment un groupement. Autonome sur le plan administratif, le groupement effectue des patrouilles et maintient l’ordre dans le centre et le sud du pays, ainsi que des travaux de construction de routes.
En 1939, le Groupement des Escadrons du 1er REC au Maroc (le nom exact) est composé des 3ème + 4ème + 5ème escadrons. Le PC de l’unité est placé à Midelt. Une ville du Maroc, à la jonction du Moyen Atlas et du Haut Atlas.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: 1939-40
En Europe, une nouvelle guerre mondiale s’annonce en 1939. La même année en Afrique du nord, l’état-major décide de créer un autre régiment de cavalerie de la Légion étrangère, avec l’aide des escadrons du 1er REC stationnés au Maroc. À la fin de juin 1939, le groupement des escadrons est réorganisé pour donner naissance à l’unité nouvellement prescrite.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: Première création – 1939
Au Maroc le 1er juillet 1939, une nouvelle unité est créée: 2e Régiment Étranger de Cavalerie (2e REC).
Le 2e REC est sous le commandement du Lieutenant-colonel Charles Farine, un officier de cavalerie, qui a dirigé l’ex-groupement du 1er REC au Maroc depuis juin 1937. Le régiment est toujours basé à Midelt (Maroc central) et est composé du PC + deux escadrons à cheval + un escadron motorisé.
PC
– stationné à Midelt
– commandé par le Lieutenant-colonel Farine
– avec son adjoint, Capitaine Aubry
– le PC administre plusieurs services du 2e REC
- Groupe à cheval (3ème + 4ème escadrons): Chef d’Escadrons Billon
- Trésorier: Lieutenant Marque
- Transmissions: Lieutenant Zur Nedden
- Matériel: Lieutenant Rivière
3ème Escadron
– les tout premiers cavaliers de la Légion au Maroc (1925)
– stationné à Bou Malne (un ancien poste du 4ème Escadron)
– commandé par le Capitaine Jacques Colonna-Renucci
– il a remplacé le Capitaine Testu de Balincourt
– ses chefs de peloton sont:
- Lieutenant Alexandre Djintcharadzé (un Géorgien)
– il a commandé l’escadron par intérim jusqu’au 15 juillet - Lieutenant Henri de Vismes
– le tout premier chef de corps du 2e REP en Algerie en 1955 - Lieutenant Nodet
4ème Escadron
– la célèbre unité étant distinguée en Syrie en 1925
– portant déjà une fourragère
– stationné à Midelt (basé à Ouarzazate jusqu’en mai 1938)
– commandé par le Capitaine René Lennuyeux
– un futur chef de la Légion étrangère (1955-58)
– ses chefs de peloton sont:
- Lieutenant Makeiew
– il a dessiné le tout premier projet de l’insigne du 2e REC - Lieutenant Mermet
- Lieutenant d’Annam
5ème Escadron
– une unité motorisée (deux véhicules par peloton)
– White-Laffly et Panhard (véhicules blindées)
– stationné à Ouarzazate
– commandé par le Capitaine Guibert
– ses chefs de peloton sont:
- Lieutenant Breuil
- Lieutenant Prouhet
- Lieutenant Sokoloff
Le 2e REC est surnommé le Dauphin Étranger, tandis que le 1er REC est surnommé le Royal Étranger. Dauphin était le titre donné à l’héritier du trône français de 1350 à 1830. Le surnom du régiment faisait également référence à son prédécesseur, Régiment Dauphin Étranger, une ancienne unité de cavalerie créée en 1666 par le Louis XIV, pour son fils (Louis, le Grand Dauphin). L’unité d’alors était composée d’étrangers et existait jusqu’en 1761.
Au cours des prochaines semaines, le régiment (en fait, environ 500 hommes) attend des renforcements et de nouveaux équipements. Il organise aussi des stages militaires et maintient l’ordre dans les secteurs assignés. Cependant, une plus grande organisation du 2e REC sera interrompue deux mois plus tard, lorsque la France déclara la guerre à l’Allemagne. La seconde guerre mondiale commence.
GRDI 97 et la Bataille de France en 1940
En septembre 1939, après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont déclaré la guerre à l’Allemagne. Toutes les unités françaises commencent à se préparer à la guerre. En Afrique du Nord, de nouvelles unités provisoires doivent être formées. Entre eux, un certain nombre de GRDI – Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie. Ces unités sont composées de cavaliers et servent comme des éléments de reconnaissance mobiles pour leurs divisions respectives.
Les cavaliers de la Légion étrangère forment une de ces unités GRDI 97 (ex-GRDI 180). Il est organisé en Tunisie au début du février 1940, avec un escadron du 1er REC, un escadron du 2e REC sous les ordres du Capitaine Colonna-Renucci, et avec 360 hommes venant du (DCRE) en Algérie. Ces 360 hommes forment deux autres escadrons. L’un d’eux est sous les ordres du Capitaine Djintcharadzé (l’ex-lieutenant et l’adjoint du capitaine Colonna-Renucci dans le 2e REC).
Le GRDI 97 est commandé par le Lieutenant-colonel Paul Lacombe de la Tour, un officier de cavalerie hors de la Légion (même s’il a servi au 1er REC pour quelques mois en 1934). L’unité est rattachée à la 7e DINA du Général Barré.
En mai-juin 1940, le GRDI prend part à la Bataille de France. Les cavaliers font face aux troupes allemandes envahissant la France. Ils se battent farouchement pour arrêter l’invasion de l’ennemi. Fin juin 1940, après la bataille, les deux tiers (plus de 400 hommes) de leurs effectifs ont été tués, blessés ou manqués.
Entre les tués, le Lieutenant-colonel Paul Lacombe de la Tour, leur chef de corps, qui trouve une mort glorieuse au Bois de Noroy, le 9 juin 1940. Il est remplacé par le Capitaine Guiraud de l’escadron à cheval du GRDI 97 (l’ex-2ème Escadron du 1er REC).
Le 22 juin 1940, l’Armistice est signée entre France et Allemagne. Les hommes ont quitté le front pour rester en France jusqu’en septembre, date à laquelle ils sont renvoyés en Afrique du Nord. En Tunisie, le 30 septembre 1940, le GRDI 97 est dissout. Les membres du 2e REC sont rentrés au Maroc.
2e REC: Dissolution en 1940
En raison de l’armistice et de la réorganisation de l’armée française, le 2e Régiment Étranger de Cavalerie est dissout le 15 novembre 1940. Les hommes sont affectés au 1er REC. L’étendard du 2e REC est déposé à la Salle d’Honneur de la Légion étrangère à Sidi Bel Abbès en Algérie.
2e REC: Le premier insigne
Quelque temps avant la création officielle du 2e REC, le Lieutenant Makeiew, adjoint de commandant du 4ème escadron du 1er REC à l’époque, a dessiné le projet de l’insigne du futur régiment. Le 1er juillet 1939, il a présenté et remis son projet au Lt-colonel Farine dans le Restaurant du Coq d’Or à Midelt, où les officiers du nouveau 2e REC ont célébré la naissance de leur unité. Le commandant a remercié le Lieutenant Makeiew et a accroché l’insigne au mur.
En juillet 1939, le Lieutenant d’Annam du même escadron (actuellement le 4ème Escadron du 2e REC) a fait une maquette en bois de l’insigne (où les mots REG ETRANGER de CAVALERIE ont été remplacés par VALEUR ET DISCIPLINE, ancienne devise de la Légion datant de l’époque napoléonienne). Le 9 août 1939, l’insigne est approuvé par les autorités militaires françaises au Maroc. Mais la guerre mondiale interrompt toutes les futures actions pour fournir au régiment cet insigne…
Néanmoins, contrairement à toutes les sources actuelles affirmant qu’aucun insigne n’a jamais été fabriqué, un lot des insignes en métal ont été effectivement réalisés par un artisan d’Oujda (une ville au Maroc). Selon le Capitaine F. et son témoignage dans une revue de Képi blanc de 1968, le Lieutenant Makeiew a distribué quelques insignes en métal argenté aux cadres de son escadron de dépôt de GRDI 97, à la popote du Capitaine Thevenon de Sathonay en France en juin 1940 (où, à l’époque, l’escadron a fait partie de bataillon de marche de Légion pour défendre Lyon). Selon le capitaine, les officiers attachaient leur nouveau insigne sur l’uniforme.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: Maroc en 1946-56
En Extrême-Orient en septembre 1945, après la fin de la seconde guerre mondiale, le Viet-Minh de Ho Chi Minh déclare l’indépendance de la France pour Vietnam, une partie de l’Indochine française à l’époque. Les troupes françaises, y compris les légionnaires, commencent à se déployer en Indochine pour sauver et restaurer l’empire français. Au début de 1946, les premières unités de la Légion étrangère débarquent en Indochine.
La même année, en 1946, la décision d’expédier le 1er REC en Indochine est prise. Ce régiment stationné au Maroc à l’époque devrait être remplacé là-bas. Le 2e REC doit être recréé pour la première fois depuis 1940.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: 2ème création – Juin 1946
Le 2e REC est recréé le 1er juin 1946. Le régiment est commandé par le Lieutenant-colonel René Lennuyeux, un ancien patron du 4ème Escadron du 2e REC en 1939-40. Le nouveau régiment est composé d’un escadron hors rang (unité de commandement) et de deux escadrons de reconnaissance (2e + 3e). Ils sont formés à Sidi Bel Abbès, la maison-mère de la Légion en Algérie, avec des éléments provenant du 1er REC et du DCRE (Dépôt commun de la Légion). En août, les trois escadrons sont placés à Ain El Hadjar (un centre d’instruction de la Légion au nord de Sidi Bel Abbès), pour maintenir l’ordre dans le secteur.
Au début de septembre 1946, les escadrons sont stationnés à Orléansville, Blida and Ténès. Le 2e REC sera dissous pour la deuxième fois une semaine plus tard, le 9 septembre 1946, à cause des raisons budgétaires. Les hommes vont retourner à Sidi Bel Abbès.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: 3ème création – Novembre 1946
Pour la troisième fois, le 2e REC est né le 1er novembre 1946. De nouveau, le régiment est sous les ordres du Lieutenant-colonel René Lennuyeux. Mais maintenant, le 2e REC est retourné au Maroc pour s’installer à Oujda. Il y remplacera le 1er REC, qui doit se déployer en Indochine en décembre. Là-bas, la Guerre d’Indochine (1946-54) commencera le même mois entre la France et le Viet-Minh.
Le 2e REC comprend alors cinq escadrons, placés au Camp Clark et au Camp Roze d’Oujda.
- Escadron Hors Rang (EHR)
- 1er Escadron (1ESC)
- 2ème Escadron (2ESC)
- 3ème Escadron (3ESC)
- 4ème Escadron (4ESC)
2e REC: Équipement
Au Maroc, le 2e REC a reçu en majorité le matériel américain du 1er REC (ce régiment a l’abandonné au Maroc, il a quitté le pays pour l’Indochine comme une unité d’infanterie des fantassins). Le 1er REC a utilisé ce matériel pendant la libération de France en 1944-45:
– AMM8 véhicules blindés (M8 Light Armored Car en US)
– M3A3 Stuart chars
– M3 Half-tracks
2e REC: Missions
Le régiment devrait effectuer plusieurs tâches au Maroc. Premièrement, il a remplacé son ainé en tant qu’unité de réserve générale des forces françaises au Maroc. Cela signifie une unité chargée de maintenir l’ordre dans la région et d’être prête à réagir rapidement si nécessaire. Le 2e REC participe également aux manœuvres et exercices militaires de la Subdivision d’Oujda.
Second, le 2e REC devient une unité d’instruction chargée de former les futurs légionnaires-cavaliers destinés au 1er REC combattant en Indochine. Les jeunes volontaires choisis pour la cavalerie suivent leur formation de base de quatre mois à la Légion étrangère directement à Oujda, au sein du Dauphin Étranger. Il en a été de même pour les jeunes officiers de cavalerie fraîchement affectés à la Légion.
Troisièmement, le 2e REC sert comme unité de transit (en premier lieu) pour les cadres et légionnaires du 1er REC qui reviennent d’Indochine d’un déploiement de deux ans au moins. Souvent, ils y restent jusqu’à un an avant d’être renvoyés en Indochine.
Enfin, les légionnaires du 2e REC servent comme des bâtisseurs, comme tous les légionnaires depuis le tout début. Par exemple, ils sont chargés de transformer la partie désertique d’Oujda, plantation d’arbres, établissement des jardins, mais aussi de remettre en état leur bâtiments, construction de piscine ou de travaux de piste.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: 1946-54
Au cours de l’hiver 1946-1947, le nouveau insigne de régiment est dessiné par le Lieutenant Arfeux, commandant l’EHR à l’époque. Cet officier a également participé à la création du dernier escadron à cheval de la Légion.
– Escadron à cheval du 2e REC
– un escadron équipé de chevaux
– créé en février 1947
– destiné à être envoyé en Indochine
– composé de 75 légionnaires-cavaliers
– commandé par le Lieutenant Arfeux
– simultanément commandant de l’EHR
– Escadron à cheval est dissous en avril 1947
– après moins de deux mois de formation
– ces éléments sont envoyés en Indochine
– sans les chevaux, comme simples fantassins
– le tout dernier escadron à cheval de la Légion
Fin 1947, les hommes du 2e REC construisent un centre d’estivage (de repos)régimentaire à Saidia, au nord-ouest d’Oujda.
Fin mars 1948, le 4ème Escadron est dissous. Ses hommes (5 officiers + 18 sous-officiers + 176 légionnaires) seront envoyés en Indochine quatre mois plus tard.
En juin 1948, le régiment participe à des opérations de maintien de l’ordre dans les régions d’Oujda, Martimprey, Berkane et Berguent.
Début août de la même année, le Lieutenant-colonel Paul de Chazelles prend le commandement du 2e REC.
Le 1er juin 1949, le nouveau 4ème Escadron est créé à Sidi Bel Abbès. Sous les ordres du Capitaine Raymond Calmels, l’escadron est envoyé à Madagascar (une île de l’océan Indien) à la fin du mois de juillet, pour renforcer les légionnaires du 4ème Bataillon du 4e REI et d’une compagnie de Génie-Légion. Cet escadron presque inconnu maintiendra l’ordre sur l’île jusqu’en décembre 1951. Ensuite, le 25 janvier 1952, le 4ème Escadron du Capitaine Calmels est de retour en Algérie et dissous.
En 1952, le Lieutenant-colonel Berchet prend le commandement du 2e REC.
La même année, le Monument aux morts des cavaliers de la Légion étrangère est transféré au camp Clark à Oujda au Maroc. Le monument a été érigé avant la Seconde Guerre mondiale en Tunisie, à Sousse, la garnison du 1er REC entre 1921-40. Aujourd’hui (2019), le monument est placé dans le camp du 1er REC à Carpiagne, au sud de la France.
En janvier 1953, le Lieutenant-colonel Jacques Colonna-Renucci prend le commandement du 2e REC, un ancien du régiment et du GRDI 97 de 1939-40.
En août 1953, les hommes du 2e REC sont attirés par les nouvelles activités des rebelles. Un sous-officier et trois légionnaires sont tués. Les premières victimes du régiment du futur conflit en Afrique du Nord.
En mars 1954, le régiment participe à une manœuvre militaire dans la région de Nemours (actuellement Ghazaouet), une ville en Algérie, à la frontière avec le Maroc.
En mai 1954, un détachement composé de 2 officiers + 13 sous-officiers + 50 légionnaires est transféré à Epernay (au nord de la France) pour suivre un stage de se familiariser avec les nouveaux AMX 13 chars français destinés à remplacer les chars américains au sein du régiment.
En juin 1954, le dernier important renfort du 2e REC part pour l’Indochine, destiné à renforcer le 1er REC, mais aussi le 1er BEP recréé (un bataillon de parachutistes, le futur 1er REP), qui a été anéanti pendant la Bataille de Dien Bien Phu, il y a quelques semaines.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: 1954-56
Début août 1954, la Guerre d’Indochine est terminée, en même façon que la mission du 2e REC de fournir les renforts pour le 1er REC en E.O. Cependant, le temps de paix ne dure que quelques semaines. En 1954, les rebelles locaux intensifient leurs actions militaires au Maroc, en Tunisie et en Algérie. Ces actions visent les forces françaises qui y sont stationnées. En novembre 1954, l’Algérie est frappée par une série d’attaques rebelles graves à travers le pays. La principale force combattant les Français est le FLN (Front de libération nationale). En 1955, les attaques se transforment en Guerre d’Algérie (1954-62).
En août et septembre 1954, les chars AMX-13 arrivent au régiment pour remplacer les anciens chars M3A3. Avec le nouveau matériel, le régiment doit être réorganisé. Il cesse d’être une unité d’instruction et de formation. Il est désigné comme une unité opérationnelle.
- Escadron de Commandement et des Services (ECS)
- 1er Escadron (escadron de reconnaissance, AMM8 véhicules)
- 2ème Escadron (AMX 13 chars)
- 3ème Escadron (AMX 13 chars)
À la mi-janvier 1955, Lieutenant-colonel Jean-Louis Legendre prend le commandement du 2e REC. Il vient de rentrer d’Indochine, où il commandait le 2e GA (Groupement Amphibie) du 1er REC entre 1952-54. Il a également servi comme jeune officier du 1er REC au Maroc avant la Seconde Guerre mondiale.
En mai, le 2e REC patrouille sur la frontière algéro-marocaine. En août 1955, une vaste modernisation du Camp Clark commence, de même qu’une période de patrouilles et de gardes dans le secteur d’Oujda des points sensibles. Ces opérations font suite à de précédentes attaques et massacres des civils français dans plusieurs villes du Maroc, par les rebelles.
En novembre 1955, un élément important est intégré au régiment, le 2e GA du 1er REC. Il devient le Groupe d’Escadrons Portés (GEP) du 2e REC.
– Groupe d’Escadrons Portés
– une unité de cavalerie de Légion
– né le 1er novembre 1955
– l’ex-2e GA du 1er REC (Groupement Amphibie)
– l’un des deux éléments du 1er REC en Indochine
– l’ancienne unité du Lt-Colonel Legendre
– dissous fin octobre, à son retour d’EO
– l’ex-1er + 8e + 11e Escadrons du 1er REC
– 21 officiers + 109 sous-officiers + 436 légionnaires
– 566 hommes au total
– le GEP est stationné à Meknès, Maroc
– pour devenir une unité autonome
– EM + 4ème + 5ème Escadron du 2e REC
– le GEP est commandé par le Chef d’escadrons Bernard Vignon
– remplacé plus tard par le Chef d’escadrons René Raffenne
– (en 1961, René Raffenne commandera le 1er REC par intérim)
Entre novembre 1955 et avril 1956, le 2e REC est le plus fort de toute sa histoire. Il comprend six escadrons:
- Escadron de Commandement et des Services (ECS)
- 1er Escadron (les blindées AMM8)
- 2ème Escadron (AMX-13 chars) – Capitaine Hautechaud
- 3ème Escadron (AMX-13 chars) – Capitaine Reglade
- 4ème Escadron (les blindées AMM8) – Capitaine Claudepierre
- 5ème Escadron (Scout-Cars) – Capitaine Werth
En 1956, le 2e REC maintient l’ordre à Oujda et patrouille sur la frontière algéro-marocaine dans le Sud-Marocain, jusqu’à Figuig, un petit poste frontière militaire perdu dans une région désertique. Souvent, les cavaliers conduisent leurs patrouilles à pied, sans véhicules. Le GEP opère dans le Moyen Atlas.
L’indépendance du Maroc. En mars 1956, le Maroc obtient son indépendance. Toutes les unités françaises, y compris le 2e REC, doivent quitter le pays et s’installer en Algérie. Depuis lors, les unités françaises au Maroc ne sont pas autorisées à mener des opérations militaires.
Après l’indépendance, le régiment doit être réduit. Le GEP à Meknès est dissous le 30 avril 1956. Son EM et le 4ème Escadron sont supprimés. Le 5ème Escadron est rebaptisé. Il devient le nouveau 4ème Escadron du 2e REC et rejoint le régiment à Oujda.
En juin 1956, l’opération Zoulou et l’opération Pygmée dans la région de Nedroma en Algérie, à la frontière marocaine.
Fin juin, le Colonel Legendre et les 1er + 4ème Escadron du 2e REC partent d’Oujda pour Figuig. Là-bas, dans le désert, ils passent un été très chaud, aux côtés de leurs camarades du 4e REI, un autre régiment de Légion qui est également basé au Maroc à l’époque. Beaucoup voient dans cette mission une punition à la suite de l’indépendance marocaine.
En juillet 1956, le 2ème Escadron à Oujda reçoit cinq nouveaux chars AMX 13 équipés d’une tourelle modernisée FL 11 – AMX-13 FL 11. Les cinq seuls chars jamais réalisés. L’escadron reçoit également des chars AMX-13 avec une tourelle FL 10. Ensuite, l’unité sera affectée au 1er REP en Algérie, pour s’entraîner à l’opération Mousquetaire, une invasion anglo-française de l’Égypte. Le 2ème Escadron quitte le Maroc début août.
Fin septembre 1956, le 3ème Escadron du Capitaine Reglade, l’unité du 2e REC restante à Oujda, a effectué sa dernière patrouille à Bou Arfa, dans le secteur de Figuig (où le régiment a été posté dans un camp de tente, avant de quitter la ville et le pays pour l’Algérie au début d’octobre 1956. Le reste du régiment le suivra. Trois fois né au Maroc pour y passer 11 ans de service, le 2e REC ne reviendra jamais.
2e Régiment Etranger de Cavalerie: Algérie en 1956-62
Début octobre 1956, le 2e REC doit quitter le Maroc, sa terre natale. Le régiment embarquait dans le train pour Algérie, pour rejoindre la guerre qui se déroule là-bas. Les chars AMX 13 sont laissés au Maroc, insuffisants pour les opérations militaires à venir. Le 2e REC arrive en Algérie à la fin d’octobre.
Après un court séjour à Biskra, le PC du régiment est basé à Ouargla, une ville du nord-est de l’Algérie, dans le nord du désert du Sahara.
2e REC à la mi-novembre 1956:
- Escadron de Commandement et des Services – Ouargla
- 1er Escadron – Touggourt
- 2ème Escadron – in Egypt
- 3ème Escadron – Ghardaia + Laghouat
- 4ème Escadron – Ouargla
Les escadrons du 2e REC en Algérie sont composés d’un PC, deux pelotons blindés, équipés de voitures AMM8, et de deux pelotons portés, équipés de Dodge WC (4×4 et 6×6). Leur mission est de maintenir l’ordre dans la région et de participer aux opérations militaires.
En décembre 1956, le Colonel Legendre fait adieu au régiment.
2e Régiment Etranger de Cavalerie en 1957: Laghouat
À la mi-janvier 1957, le Lieutenant-colonel Etienne Ogier de Baulny prend le commandement du 2e REC. Il était un vétéran de la cavalerie de la Légion issu d’une ancienne famille de la noblesse française. Il se déplace avec son PC d’Ouargla à Ghardaia. En avril, il part pour Laghouat, la garnison de la 2e CSPL à l’époque.
En Algérie en 1957, les escadrons du 2e REC travaillent comme des unités semi-autonomes, chacun avec une mission très particulière. Le 1er Escadron parcourt le secteur de M’Raier (au nord de Touggourt) pour protéger les chantiers de pistes en soutien des pétroliers. En mai, il est dans les djebels autour de Laghouat, pour participer en opérations à côté de du 2e REC. Peu après, le 1er Escadron repartit pour Ghardaia (pour protéger des pétroliers et ses chantiers, pour escorter des convois) est n’est pas revenu qu’au début de 1958.
Le 2ème Escadron a quitté l’Egypte à la fin de 1956. De retour en Algérie en janvier 1957, il devient l’Escadron de Chars (EC) du 1er REP. La seule unité des parachutistes de cavalerie de la Légion étrangère; elle utilise des titres de grade de cavalerie et les galons en argent. L’escadron cessera d’exister en 1958.
Début 1957, le 3ème Escadron est regroupé à Laghouat, pour être placé à Tadjmout en mai. L’escadron participe aux opérations militaires dans la région de Laghouat et construit ses installations militaires.
Le 4ème Escadron, venant d’Ouargla, s’installe à Sidi Makhlouf, 42 km au nord de Laghouat. L’unité pacifie le secteur, aux côtés d’une harka (une unité auxiliaire composée de musulmans locaux, souvent d’anciens rebelles). Outre les opérations militaires, les légionnaires du 4ème Escadron fournissent des traitements médicaux à la population locale, distribuent de la nourriture, construisent des routes ou plantent des palmiers.
En 1957, pendant les opérations dans les djebels, les légionnaires du 2e REC ont adopté des hélicoptères.
Le 2 juillet, une bataille acharnée pour le 2e REC et les Sahariens de la 3e CSPL a lieu près de Zaccar, au nord-est de Laghouat. Ce jour-là, 80 rebelles sont tués.
Il faut dire que la 3e CSPL, comme le 2e REC, est une unité nouvelle en Algérie, venant de Libye à la fin de 1956. Son patron dernier, le Capitaine Robert Casati, est transféré en mars 1957 au 2e REC, pour devenir l’adjoint de chef de corps du régiment.
2e Régiment Etranger de Cavalerie en 1958: Negrine
Au début de 1958, le 2e REC est rassemblé autour de Laghouat. En avril, le régiment est déployé à Negrine, pour participer à Mission Herse Mobile. Les hommes sont chargés de patrouiller une section (30 km) de la frontière avec la Tunisie, aux côtés des deux compagnies motorisées du 4e REI. Ils gardent également une base radar cachée dans le secteur.
Le 26 juin, lors de la patrouille le long de la frontière, une bataille avec une grande bande de rebelles se produit. Ce jour-là, 61 rebelles sont tués, 54 rebelles sont capturés.
Le 2e REC quitte la région de Negrine en décembre 1958. À la mi-décembre, le régiment est regroupé dans la région de Djelfa. Fin décembre, 27 rebelles sont tués lors d’une bataille dans la région.
2e REC à la mi-décembre 1958:
- Escadron de commandement (ECS) – Djelfa
- 1er Escadron – Zaccar
- 3ème Escadron – Rocher de Sel
- 4ème Escadron – Djelfa
2e Régiment Etranger de Cavalerie en 1959: Djelfa
En 1959, le régiment répartit ses activités entre des opérations militaires (dans les secteurs de Charef, Aflou, Sidi Makhlouf ou Bou Saada) et la (re)construction de ses postes. En juin, le 1er Escadron participe à l’opération Etincelle dans le massif de Hodna. Cette année-là, 383 rebelles sont tués, blessés ou emprisonnés par le 2e REC. Les meilleurs résultats sont obtenus par le régiment le 19 février 1959. Ce jour-là, dans le secteur de Charef, 90 rebelles ont été tués et 17 rebelles capturés.
Cependant, le 12 mai, le Capitaine Pierre Guyot devient le seul officier du 2e REC mort en opération. Il a commandé le 1er Escadron.
Le 1er novembre 1958, un nouveau 2ème Escadron est recréé au sein du régiment, après trois ans d’absence. Il est constitué avec les hommes de l’Escadron Amphibie d’Arzew (EAA), une unité du 1er RE équipée d’alligators (LVT véhicules), qui est dissoute fin d’octobre. Le nouveau 2ème Escadron sera équipé de blindés AMM8. Sous les ordres du Capitaine Piaton, l’unité rejoindra le régiment à Djelfa au début de janvier 1960.
2e Régiment Etranger de Cavalerie en 1960: Djelfa et Bou Kahil
À la mi-janvier 1960, le Lieutenant-colonel Charles de Coatgoureden prend le commandement du 2e REC.
Jusqu’à la fin septembre 1960, le régiment opère dans la région de Djelfa. Des dizaines d’opérations sont menées et de nombreux rebelles sont tués. Le 21 janvier, une violente bataille a lieu au Gadet Meglires, une montagne au nord de Djelfa. Ce jour-là, 63 rebelles sont tués, mais aussi 5 légionnaires. Deux mois plus tard, le 22 mars, des nouveaux combats violents ont lieu au Djebel Mahreg. Cette fois-ci, 21 rebelles sont mis hors de combat. Le 6 juin, c’est au Djebel Malleg, où les rebelles perdent 30 tués et blessés.
Fin septembre, le 2e REC est installé à Ain Errich, à l’est de Djelfa, dans le secteur de Bou Kahil. Le patron du 2e REC commandera les unités françaises dans le secteur jusqu’à la fin novembre. Outre les opérations, le régiment effectue des travaux de pistes. Le 3 octobre, des violents accrochages ont lieu près du Djebel Bou Kahil, où 21 rebelles sont tués. Malheureusement, le 2e REC perd 6 hommes. Le 22 novembre, une bataille au Djebel Saifoun; 30 rebelles sont morts.
2e Régiment Etranger de Cavalerie en 1961: Djelfa et Berrouaghia
En 1961, les opérations se poursuivent dans la région située entre Djelfa et Bou Saada, et dans les secteurs de Bou Kahil ou Bou Melil. Les escadrons soutiennent les unités françaises dans le cadre de forces opérationnelles interarmées. Des dizaines de rebelles sont tués.
En juillet, les escadrons du 2e REC sont envoyés à Medea et à Berrouaghia, au sud d’Alger, la capitale. Les hommes doivent maintenir l’ordre dans le secteur pendant plusieurs semaines.
En août 1961, le Lieutenant-Colonel Henri Baldini prend le commandement du 2e REC. Il remplace son prédécesseur, qui était trop pro-putschiste lors du Putsch d’Alger en avril 1961.
2e Régiment Etranger de Cavalerie en 1962: Biskra
À la mi-janvier, le 2e REC quitte Djelfa, après trois ans de service dans la région. Il sera remplacé par le 3e REI. Le 2e REC est envoyé dans le secteur de Biskra, où l’unité se trouvait déjà en octobre 1956. Le régiment sera stationné à Zeribet El Oued et dans les villages voisins. Ses services d’administration sont placés à Biskra.
Le 19 mars 1962, la Guerre d’Algérie est terminée. Ce fait a conduit à une vaste réorganisation de l’armée française en Afrique du Nord, notamment de la Légion étrangère. La Légion en Algérie sera considérablement réduite. Malheureusement, le 2e REC est affecté parmi les premières.
En avril, le 2e REC se déplace à nouveau. Les escadrons sont principalement stationnés à proximité d’El Kantara, une commune au nord de Biskra.
Le 2e REC est la toute première unité de la Légion touchée par la réorganisation de l’armée postcoloniale. Par la décision ministérielle du 12 juin 1962, le régiment doit être réduit à deux escadrons. Ces derniers fusionnent avec le 1er REC et deviennent ses 5ème et 6ème escadrons. Mais, ils ne survivront pas plus d’un an.
Le 31 juillet 1962, le 2e REC est officiellement dissous. Pour la troisième et dernière fois.
En Algérie, le régiment a tué ou capturé 1 022 rebelles et a perdu 59 hommes.
En 1984, la garde de l’étendard du 2 REC est confiée au DLEM, l’unité de la Légion stationnée à Mayotte.
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L’article original: 2nd Foreign Cavalry Regiment
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La page a été mise à jour: 2 juillet 2019