3e Régiment Étranger de Parachutistes

Le 3e Régiment étranger de parachutistes (3e REP) était l’un des trois régiments de parachutistes de la Légion étrangère. Le régiment était constitué comme un bataillon (3e BEP) en Algérie en 1949. L’unité a formé des légionnaires pour devenir des parachutistes qui pourraient participer à la Guerre d’Indochine (1946-1954). Une autre mission était de maintenir l’ordre en Afrique du Nord. Le 3e BEP était également une unité de passage pour les vétérans d’Indochine.

Deux fois dans son histoire, le bataillon a contribué à la restauration des deux autres bataillons de parachutistes de la Légion anéantis lors des batailles en Indochine.

Le bataillon est devenu le 3e REP en 1955. Il demeure le régiment de la Légion avec une existence le plus éphémère (que des 13 semaines). Le 3e REP a été dissous à la fin de 1955 pour aider à constituer le célèbre 2e Régiment étranger de parachutistes (2e REP).

 
3eme régiment étranger de parachutistes - L'histoire - 3e REP

 

3e Bataillon Etranger de Parachutistes: Avant la création

En Extrême Orient à la fin de 1946, un conflit a éclaté entre la France et le Viet Minh, un mouvement nationaliste d’Ho Chi Minh. Le mouvement a proclamé l’indépendance pour le Vietnam, une partie de l’Indochine française. Les troupes françaises, y compris les légionnaires, ont dû se déployer en Indochine pour sauver et restaurer l’empire français. La guerre continua; de plus en plus d’unités étaient nécessaires.

En 1948, deux bataillons parachutistes de la Légion étrangère sont constitués (1er BEP + 2e BEP) pour participer à la Guerre d’Indochine. Pour maintenir leur effectif opérationnel, une unité d’instruction fournissant de nouveaux renforts doit être créée.

 

7e CIP: 7e Compagnie d’Instruction Parachutiste

En Afrique du Nord, la 7e Compagnie d’Instruction Parachutiste (7e CIP) est créée le 16 avril 1949 à Mascara, une ville située dans l’Oranie de l’Ouest algérien est l’un des deux centres d’instruction de la Légion. L’Algérie faisait donc la partie intégrante de la France et la patrie pour la Légion étrangère.

La 7e CIP avec, à sa tête, le capitaine Pierre Darmuzai, est rattachée au 2e Bataillon du 1er REI (Régiment étranger d’infanterie, le 1er RE maintenant). Parmi les officiers de la compagnie, il y a le lieutenant Georges Marce ou le sous-lieutenant De la Croix Vaubois. L’unité a pour mission principale d’effectuer une formation de base en parachute pour des jeunes légionnaires qui demandent à servir dans un bataillon parachutiste.

La compagnie reste à Mascara jusqu’en octobre 1949. Par la suite, la 7e CIP quitte le centre d’instruction pour Sidi Bel Abbès, la maison mère de la Légion étrangère depuis les années 1860. Pour devenir un nouveau bataillon, la compagnie y sera renforcée par un détachement de nouveaux volontaires. Après quelques semaines à Sidi Bel Abbès, l’unité est transférée à l’est de l’Algérie, pour être stationné à Sétif. À cette époque, la 7e CIP comprend environ 250 hommes.

 
 

3e Bataillon Etranger de Parachutistes 1949-1951

À Sétif, la 7e CIP renforcée sera rebaptisée. Le 15 novembre 1949, la compagnie d’instruction devient le 3e Bataillon étranger de parachutistes (3e BEP). Le commandement est conservé par le capitaine Pierre Darmuzai.

Le bataillon nouvellement créé est composé d’environ 250 hommes. Il comprend une unité de commandement et trois compagnies (9e + 10e + 11e). Le 3e BEP s’installe dans la Caserne Chadeysson, une vieille caserne de Sétif est l’ancienne base du 2e BEP jusqu’en janvier 1949, la date où cette unité quitte l’Algérie pour l’Indochine. Le nouveau bataillon est rattaché à la 41e Demi-brigade parachutiste (41e DBP).

Les légionnaires sont formés à Philippeville, une ville située à environ 180 km au nord-est de Sétif, est la garnison de la demi-brigade. À Philippeville, la 41e DBP dirigeait un centre d’entrainement au saut (CES), le seul centre d’entrainement en Algérie à l’époque (la future Base aéroportée d’Afrique du Nord, BAP/AFN). Les légionnaires du 3e BEP y sont formés par des parachutistes français et suivent le cours de formation avec les futurs parachutistes des unités régulières de l’armée française.

Trois mois après la création du bataillon, à la mi-février 1950, le premier renfort d’environ 100 hommes part pour l’Extrême Orient. Là, ils seront affectés à l’un des deux BEP.

Plus tard cette année-là, l’insigne du 3e BEP est dessinée par le commandant du bataillon, le capitaine Darmuzai.

En août 1950, un autre renforcement important fourni par le 3e BEP se déploie en Indochine. Une compagnie du lieutenant Loth, composée de 130 hommes.

Le mois prochain, le lieutenant Buonfils prend le commandement de la 11e Compagnie. Lt-colonel, il sera le chef de corps de la 13e DBLE à Djibouti en 1970-1972.

En octobre 1950, une violente bataille se déroula au Tonkin (nord du Vietnam), le long de la Route coloniale 4. Le 1er BEP est annihilé dans cette bataille et devient le tout premier bataillon aéroporté français perdu au combat. La compagnie du lieutenant Loth a participé dans cette bataille et est également annihilée.

À la suite de la bataille, le 3e BEP sera envoyé en Indochine dans son ensemble. Il doit recréer le 1er BEP. À la mi-février 1951, le capitaine Darmuzai avec 13 officiers, 32 sous-officiers et 441 légionnaires quittent l’Algérie. Un mois plus tard, au Tonkin, le bataillon est renforcé par une compagnie du 2e BEP et devient le nouveau 1er BEP.

À Sétif, il ne reste qu’un dépôt du 3e BEP. Il est commandé par le chef de bataillon Albert Brothier, qui a pris le commandement du 3e BEP restant en Algérie à la mi-janvier 1951. Mais le dépôt sera renforcé rapidement par des nouveaux volontaires venant de Sidi Bel Abbès. Un nouveau 3e BEP sera rétabli dans les prochains mois.

Cette année-là, le bataillon du commandant Brothier adopte le béret vert comme le couvre-chef au lieu le képi blanc (ou le képi avec un couvre-képi kaki pour des manœuvres hors la garnison). Le képi blanc traditionnel ne sera porté qu’avec la tenue de parade. Le béret vert a été utilisé pour la première fois par les parachutistes de la Légion en Indochine en 1948-1949, au sein de la Compagnie Parachutiste du 3e REI. En 1951, les deux BEP l’ont adopté et le 3e BEP a suivi. Huit ans plus tard, fin 1959, le béret vert sera désigné comme la coiffure officielle pour toute la Légion.
 

3e BEP - 3 BEP - insigne - 1950
L’insigne du 3e BEP créé par le capitaine Darmuzai en 1950. Sa forme s’inspire de l’insigne du 2e BEP, tandis que l’aile, le poignard et la grenade à sept flammes de la Légion sont repris de l’insigne de la Cie Para du 3e REI dissoute.

3e BEP - 3 BEP - Légion étrangère - Setif - Caserne Chadeysson - annees 1950
Caserne Chadeysson du 3e BEP à Sétif.
3e BEP - 3 BEP - Légion étrangère - Albert Brothier
Le chef de bataillon Albert Brothier, à la tête du 3e BEP en 1951-1952.
3e BEP - 3 BEP - Légion étrangère - Setif - Algerie - 1951
Le commandant Brothier et son 3e BEP défile à Sétif, 1951. Notez que les légionnaires paras portent des bérets verts, comme les seuls éléments de la Légion en Afrique du Nord. Fin 1959, le reste de la Légion adoptera le béret vert comme couvre-chef officiel.
3e BEP - 3 BEP - Algerie - Map - 1949
Sétif en Algérie, la garnison du 3e BEP. La 7e CIP, créée à Mascara y était basée avant d’aller à Sidi Bel Abbes, la maison mère de la Légion étrangère. Pour obtenir leur Brevet parachutiste, les légionnaires ont suivi un cours en saut de trois semaines à Philippeville.

 
 

3e Bataillon Etranger de Parachutistes 1952-1954

 

3e Bataillon Etranger de Parachutistes en 1952

Début 1952, les activités des rebelles ont affecté la Tunisie, un pays à l’ouest de l’Algérie et un protectorat français depuis 1881. Les troupes françaises ont été alertées dans le nord-est de l’Algérie, y compris le 3e BEP, pour soutenir les troupes stationnées en Tunisie. Parmi eux, le 6e REI de la Légion.

À la fin de janvier 1952, l’Opération Mars est lancée. Il avait pour son but les rebelles tunisiens dirigés par Habib Bourguiba. Le 3e BEP est envoyé en Tunisie le 24 janvier pour participer à l’opération aux côtés de leurs camarades du 6e REI. Deux jours plus tard, le bataillon est stationné à Bou Ficha, une ville située à environ 60 km au sud de Tunis, la capitale. Les légionnaires opèrent dans la péninsule du Cap Bon, à Tazerka ou à Nabeul.

Du 4 au 10 février, les hommes du bataillon maintiennent l’ordre à Sousse, une garnison des cavaliers de la Légion étrangère du 1er REC en 1922-1940 et 1955-1956. À la mi-février, les parachutistes de la Légion maintiennent l’ordre à Gafsa et à Sfax. La 9ème compagnie du 3e BEP patrouille à Gabès en même temps.

Le 12 mars à Sousse, un détachement du 3e BEP participe à une cérémonie organisée au cimetière de la Légion pour commémorer les légionnaires tombés qui y ont été enterrés. Les anciens légionnaires du 1er REC autour de l’ex-Adjudant-chef Millarewsky sont présents sur place, aussi bien que le colonel Gardy, alors le commandant de la Légion étrangère (et l’ancien officier du 1er REC).

Finalement, la rébellion est supprimée avec succès et début juillet 1952, l’opération peu connue est terminée. Le bataillon rentre à Sétif.

Entre-temps, à la mi-mai 1952, le chef de bataillon Paul Dussert prend le commandement du 3e BEP. Le chef de bataillon Brothier quitte l’unité pour remplacer le capitaine Darmuzai à la tête du 1er BEP (ex-3e BEP) en Indochine.

Le commandant Dussert a déjà servi en Extrême-Orient. Au début de 1946, il fut l’un des premiers éléments de la Légion à y arriver, à la tête de la 1re Compagnie du 2e REI. Par la suite, il sert dans le 2e BEP (1948-1950), à la fin que son commandant provisoire. Néanmoins, il reste un officier peu connu de la Légion étrangère.

Pour commémorer les parachutistes de la Légion étrangère tombés au combat, un Monument aux morts est construit au champ d’honneur de la caserne du 3e BEP à Sétif. L’œuvre est sous la surveillance du lieutenant Audoye, un ancien de la Cie Para du 3e REI en Indochine. Le Monument est inauguré par le colonel Gardy le 5 octobre 1952. Quinze ans plus tard, en 1967, le Monument aux morts sera transféré en Corse et placé au futur Camp Raffalli, la base du 2e REP (ex-2e BEP) à l’époque.
 

3e BEP - 3 BEP - Paul Dussert
Le chef de bataillon Paul Dussert. Il était à la tête du 3e BEP en 1952-1954.

3e BEP - 3 BEP - Tunisie - Map - 1952
Entre janvier et juillet 1952, le 3e BEP a participé à l’Opération Mars en Tunisie.
3e BEP - 3 BEP - Sergent - Tunisie - Operation Mars - 1952
Un sergent du 3e BEP lors de l’opération Mars en Tunisie, 1952. Alors que le reste de la Légion a utilisé des képis lors d’opérations militaires en Afrique du Nord, les parachutistes de la Légion portaient le béret vert (adopté en Indochine en 1948-1951).
3e BEP - 3 BEP - Defile - Sousse - 1952
Le chef de bataillon Brothier et son 3e BEP lors d’un défilé à Sousse en Tunisie, 1952.
3e BEP - 3 BEP - Monument aux Morts - Setif - 1952
À gauche, le Monument aux morts situé dans la Caserne Chadeysson du 3e BEP à Sétif. Il a été inauguré par le colonel Gardy le 5 octobre 1952. Le monument aux morts est dédié aux parachutistes de la Légion étrangère tombés au combat. Aujourd’hui, le mémorial est placé dans le camp Raffalli à Calvi (Corse), la base du 2e REP (à droite). Il a été transféré d’Afrique en Corse en 1967. La construction du Monument a été sous la surveillance du lieutenant Audoye, un ancien de la Cie Para en Indochine et l’un des trois premiers officiers para de la Légion étrangère. Le Monument aux morts a été rénové dans les années 1980.
3e BEP - 3 BEP - Setif - Defile - Caserne Chadeysson - 1952
Le 3e BEP défile dans la Caserne Chadeysson, vers 1952.
3e BEP - 3 BEP - Setif - Caserne Chadeysson - Fanions - 1952
Les fanions du 3e BEP pendant l’inauguration du Monument aux morts à Sétif, octobre 1952.

 

3e Bataillon Etranger de Parachutistes en 1953

Il n’y a que quelques informations sur le 3e BEP en 1953. À cette époque, toutes les unités de la Légion étrangère stationnées en Afrique du Nord assuraient la formation de volontaires venus et de nouveaux légionnaires. La situation en Indochine française allait de mal en pis. Les autorités françaises ont demandé à la Légion d’y déployer davantage de troupes. En conséquence, les unités de la Légion étrangère en Afrique du Nord ont été considérablement réduites à leurs limites, ce qui a touché même le 3e BEP.

Au début de janvier, une nouvelle compagnie est créée au sein du bataillon, la Compagnie de Dépôt des Parachutistes. La compagnie est commandée par le capitaine Xavier Hochart, ancien officier du 1er BEP en 1948-1950.

Le 3e BEP poursuit sa mission de formation. Il sert également d’unité de transit pour les anciens combattants du 1er BEP + 2e BEP. Après un séjour prescrit de deux ans en Indochine (parfois même prolongé), ils sont rentrés en Afrique du Nord et, en tant que parachutistes, ont été affectés au 3e BEP. Une majorité de ces anciens ne reste que quelques mois en Algérie. Ils demandent à être envoyés une fois de plus en Extrême Orient. Pour voir de l’action, vieux camarades ou des femmes beaucoup plus amusantes et plus gentilles dans le soi-disant paradis qu’en Algérie, malgré la guerre en cours.

Le bataillon participe à plusieurs exercices militaires, comme celui dans la Oranie, au nord-ouest de l’Algérie. Si nécessaire, les groupements du bataillon sont en mesure d’aider à maintenir l’ordre sur le territoire. Le 3e BEP réalise également de nombreuses activités sportives. Au sein du bataillon, il y a plusieurs équipes de sport. Ils jouent au football, au volley-ball, au handball ou pratiquent le judo. En 1953 et 1954, l’équipe de handball du 3e BEP est devenue championne militaire de l’Algérie.

 

3e Bataillon Etranger de Parachutistes en 1954

En février, une importante manœuvre militaire a lieu à Oujda, au Maroc. Un autre protectorat français, situé à l’ouest de l’Algérie. Le 3e BEP participe et y reste une semaine.

En même temps, de plus en plus de renforts arrivent à Sétif pour rejoindre le bataillon. La situation en Indochine est mauvaise. À la mi-mars, une bataille décisive commence: la Bataille de Dien Bien Phu. Les deux BEP participent. Quelques semaines plus tard, les autorités décident qu’un autre bataillon de la Légion étrangère doit se déployer à l’Extrême Orient et, si nécessaire, sauter sur Dien Bien Phu.

À la mi-avril, le chef de bataillon Georges Masselot prend le commandement du 3e BEP. Un officier bien connu de la Légion étrangère, gravement blessé avec le 12e REI en France en 1940, il remplace le commandant Dussert qui a refusé de retourner en Indochine. Le 4 mai, le chef de bataillon Masselot et son unité (environ 500 hommes) quittent l’Algérie pour l’Indochine.

Trois jours plus tard, la bataille de Dien Bien Phu est terminée. Les deux BEP ont subi de lourdes pertes et ont été déclarés comme perdus. Le 25 mai, le 3e BEP atterrit à Hai Phong, au Tonkin. Le 1er juin, par une décision, l’unité devient un nouveau 2e BEP. Le bataillon reconstitué est renforcé par plusieurs éléments de l’ex-2e BEP venant du dépôt dissous et des hôpitaux. Quelque 120 autochtones rejoignent également le nouveau 2e BEP.
 

3e BEP - 3 BEP - Setif - Caserne Chadeysson - 1953
Légionnaires du 3e BEP devant l’entrée de leur Caserne Chadeysson à Sétif, 1953.

3e BEP - 3 BEP - Setif - Caserne Chadeysson - Sergeant - 1953
Un sergent du 3e BEP avec le fanion d’une compagnie du bataillon dans la Caserne Chadeysson à Sétif, 1953.
3e BEP - 3 BEP - Maroc - 1954
Légionnaires du 3e BEP dans leur camp au Maroc, 1954.
3e BEP - 3 BEP - Maroc - 1954
Légionnaires du 3e BEP au Maroc en février 1954.
3e BEP - 3 BEP - Maroc - 1954
Le 3e BEP au Maroc, 1954.
3e BEP - 3 BEP - Maroc - Dussert - Volley-ball - 1954
Le commandant Dussert (à droite, avec le beret) et les commandants de compagnie jouent au volleyball au Maroc, 1954.
3e BEP - 3 BEP - 2e BEP - 2 BEP - Georges Masselot
Le chef de bataillon Georges Masselot, commandant du 3e BEP en avril-mai 1954. Volontaire pour sauter sur Dien Bien Phu avec le 3e BEP. En arrivant en Indochine, la bataille était terminée. La mission a changé et le 3e BEP est devenu le 2e BEP le 1er juin 1954. Ici, le commandant Masselot à la tête du nouveau 2e BEP (l’ex-3e BEP) à Hanoi, juillet 1954.

 
 

Dépôt des BEP en 1954

Pendant ce temps, un petit dépôt demeure à Sétif, rebaptisé comme le Dépôt des BEP. Le chef de bataillon Dussert (l’ex-3e BEP) continue d’en être le commandant. Le Dépôt est formé par la compagnie de dépôt des parachutistes maintenant commandée par le capitaine Ferrer. Le Dépôt des BEP est rattaché administrativement au DCLE (Dépôt de la Légion, 1er RE aujourd’hui) de Sidi Bel Abbés. L’unité continue de fournir une formation de parachutiste aux nouveaux légionnaires et des renforts destinés aux deux BEP recréés en Indochine. Cependant, pas pour longtemps.

En août 1954, la Guerre d’Indochine est terminée. Pour les 1er BEP + 2e BEP, les opérations militaires s’achèvent. Toutes les troupes françaises, y compris les unités de la Légion étrangère, doivent quitter l’Extrême Orient, après plus de 70 ans de présence française.

À Philippeville, les légionnaires effectuent des sauts mensuels sur la plage militaire. Un saut a également lieu à Arzew, dans le nord-ouest de l’Algérie, près de la frontière avec le Maroc. Un avion Junkers (Ju 52) vole cinq heures avec les parachutistes de la Légion pour y arriver. Un challenge de tir est organisé par la 41e DBP dans lequel les hommes du Dépôt se distinguent.

Cependant, la vie relativement calme prit fin. En Afrique du Nord, un autre conflit pour la France va commencer. En novembre 1954, les rebelles locaux lancent une insurrection générale et attaquent des cibles françaises, militaires et civiles. Au cours des mois suivants, ces actions rebelles se transforment en Guerre d’Algérie (1954-1962).

Pour cette raison, les opérations de maintien de l’ordre commencent pour le Dépôt. En novembre, plusieurs détachements opèrent à l’est de Sétif, dans la région de Constantine. Une compagnie de marche (5 officiers + 155 hommes) patrouille dans les Aures, dans l’est de l’Algérie, entre Batna et Arris. L’unité patrouille également entre Biskra et Khenguet Sidi Nadjil, à 160 km au sud-est de Sétif. La compagnie de marche opère dans le secteur jusqu’à la fin janvier 1955.
 

3e BEP - 3 BEP - Setif - Algerie - Map - 1954
Depuis la fin de 1954, les légionnaires parachutistes opéraient dans les secteurs de Batna et Biskra situés dans les Aurès, dans le nord-est de l’Algérie.

3e BEP - 3 BEP - Depot des BEP - Algerie - 1954
Légionnaires du Dépôt des BEP lors d’une opération en 1954.
3e BEP - 3 BEP - Depot des BEP - Algeria - 1954
Légionnaires du Dépôt des BEP dans les Aurès en novembre 1954. Notez les parachutistes modernes utilisant des mules de la Vieille Légion d’avant-guerre. Néanmoins, en même temps, les hommes du Dépôt des BEP (et du 3e BEP ensuite) furent les premiers parachutistes de la Légion à utiliser des hélicoptères lors d’opérations militaires (depuis novembre 1954).

 
 

3e Bataillon Etranger de Parachutistes 1954-1955

Alors que les 1er et 2e BEP sont toujours déployés en Indochine et que la situation en Afrique du Nord s’aggrave, la décision de reconstituer l’ancien bataillon de parachutistes est prise. Pour la troisième fois, le 3e Bataillon Etranger de Parachutistes naît à Sétif le 1er décembre 1954. Le 3e BEP est à nouveau commandé par le chef de bataillon Dussert, bien que temporairement.

Les missions du bataillon ont changé un peu à cause de la fin de la guerre en Indochine et du développement des activités des insurgés en Algérie. Même s’il continue d’assurer la formation des légionnaires destinés aux BEP, le 3e BEP devient avant tout une unité opérationnelle pour maintenir l’ordre et faire face aux rebelles.

3e BEP en Algérie en 1954-1955

  • Cie de commandement
  • 9e Compagnie (Capitaine Audigier)
  • 10e Compagnie (Capitaine Borel)
  • 11e Compagnie (Capitaine Allaire)
  • Compagnie d’Appui

 
Tandis que le 1er BEP était composé des 1ère – 4ème compagnies et le 2e BEP des 5ème – 8ème compagnies, le 3e BEP était constitué des 9ème – 11ème compagnies.

À la mi-janvier 1955, une cérémonie de passation de commandement a lieu. Le chef de bataillon Pierre Darmuzai prend le commandement de son ancien Bataillon qu’il a aidé à former en 1949. Le commandant Dussert quitte le 3e BEP, après presque trois ans passés à sa tête.

En avril, le 3e BEP opère toujours dans le secteur de Biskra. En mai, l’unité est transférée à Batna, une ville de la région de Constantine, au sud-est de Sétif. Il est placé au Camp de Passage, un camp militaire de l’Armée française. Le bataillon y restera jusqu’au début de novembre 1955.

Le 20 juillet, un accrochage avec les rebelles a lieu au Djebel Bosdane, au nord-ouest de Batna. L’aspirant Cevaer et sa section de la 10ème compagnie participent. Un rebelle est tué, plusieurs rebelles sont emprisonnés. C’est le premier rebelle tué par le 3e BEP en Algérie. En août, les hommes participent à des opérations dans la chaîne El Mhader, au nord-est de Batna.
 

3e BEP - 3 BEP - Setif - Caserne Chadeysson - Darmuzai - Dussert - 1955
Passation de commandement. Le commandant Pierre Darmuzai (à gauche), le nouveau patron du bataillon, passe en revue le 3e BEP dans la Caserne Chadeysson le 15 janvier 1955. Derrière lui, le commandant Dussert, à la tête du bataillon depuis mai 1952.

3e BEP - 3 BEP - Setif - Caserne Chadeysson - Fanion - 1955
La Garde du fanion du 3e BEP, mi-janvier 1955. Notez que la Garde se composait uniquement de sous-officiers, vétérans de l’Indochine.
3e BEP - 3 BEP - Legionnaire - Brandt Mle 27/31 - 1954
Un jeune légionnaire du 3e BEP lors d’une instruction avec le Brandt Mle 27/31 (81 mm) mortier à Sétif, 1955.
3e BEP - 3 BEP - Batna - Algerie - 1955
Les hommes du 3e BEP dans le secteur de Batna, mi-1955.

 
 

3e Régiment Etranger de Parachutistes – 1955

En 1955, la réorganisation de l’armée française en Afrique du Nord conduit à une nouvelle désignation du 3e BEP en Algérie. Le 1er septembre 1955, le bataillon stationné à Batna est devenu le 3e Régiment Étranger de Parachutistes (3e REP). Le commandement du nouveau régiment est assuré par le chef de bataillon Pierre Darmuzai. Le 3e REP poursuit les anciennes missions de l’ex-bataillon. C’est une unité opérationnelle chargée de maintenir l’ordre dans l’est de l’Algérie et de chasser les rebelles. En outre, il forme les futurs parachutistes.

3e REP en Algérie en 1955

  • Cie de commandement
  • 9e Compagnie
  • 10e Compagnie
  • 11e Compagnie
  • Compagnie d’Appui

 
Comme nous pouvons le voir, la composition reste inchangée, tout comme la force. La section moyenne se compose d’environ 15-20 hommes à cette époque-là, ce qui signifie jusqu’à 400 hommes au total. Mais, le 3e REP n’était pas le seul régiment aéroporté de la Légion en Afrique du Nord. En ce temps-là, le 1er BEP stationné en Algérie depuis fin février 1955, après avoir été rapatrié d’Indochine, il est également rebaptisé. Il devient le 1er REP.
 

3e REP - 3 REP - Insigne - 1955
L’insigne du 3e REP. Le régiment a adopté l’ancien insigne du 3e BEP de 1950.

3e REP - 3 REP - Pierre Darmuzai - 1955
Le commandant Pierre Darmuzai, le seul chef de corps du 3e REP. En 1949, il a commandé la compagnie originale d’instruction à Mascara et a formé le premier 3e BEP à Sétif.
3e REP - 3 REP - Batna - Algerie - 1955
Camp de Passage à Batna. Le camp de grandes tentes est devenu une nouvelle base d’opérations avancée pour le 3e BEP (et le 3e REP ensuite) en 1955.

 

Entre septembre et novembre 1955, le 3e REP mène des opérations dans le secteur de Batna et à l’est de ce secteur, dans la région de Khenchela. La Compagnie d’Appui opère dans le sud, dans le secteur de Biskra. Le 18 septembre, la 9e Compagnie du 3e REP s’accroche avec les rebelles au nord-ouest de Khenchela. Un groupe rebelle est anéanti (le chef + 10 hommes); deux légionnaires sont blessés.

Le 1er octobre, le 3e REP est officiellement stationné à la Caserne Mangin à Philippeville. Néanmoins, seule la base arrière du capitaine Ferrer, jusqu’à maintenant en restant à Sétif, y est placée. Le reste du régiment est stationné dans le sud, dans les secteurs de Batna et Biskra. Le 9 novembre, le 3e REP quitte son camp de tentes et se déplace en ville, pour être installé dans un collège local de Batna.

Plus tard ce mois-là, les opérations s’intensifient. Le 17 novembre, la section du lieutenant Branca de la 11e Compagnie du 3e REP participent à un autre accrochage avec les rebelles. L’accrochage a lieu au Djebel Amrane, à l’est de Batna. Ce jour-là, quatre rebelles sont tués, quatre autres sont capturés.

Deux jours plus tard, le 19 novembre, même la 10e Compagnie du 3e REP fait face aux rebelles. Au Djebel Fortass, dans la région de Constantine. Cette fois-ci, un officier est tombé. Le lieutenant Raymond Cherfallot est devenu le premier officier parachutiste de la Légion tué en Afrique du Nord. Raymond Cherfallot était un ancien officier parachutiste de la Légion. Sept ans plus tôt, à la mi-novembre 1948, il a débarqué avec la 1re Compagnie du 1er BEP en Indochine.

Le 26 novembre, la 9e Compagnie du 3e REP est tombée dans une embuscade avec les rebelles au Djebel Maaguel, au nord de Batna. Un légionnaire est tué, un autre légionnaire est blessé.

Alors que le 3e REP se bat avec les insurgés algériens, le 2e BEP du commandant Masselot (en fait, l’ex-3e BEP) est rapatrié de l’Indochine. Le 18 novembre, il rentre en Algérie et fait mouvement sur Philippeville. Le plus décoré parmi les trois unités aéroportées de la Légion étrangère, même ce bataillon donnera naissance à un régiment. Néanmoins, il n’y a pas de place pour trois régiments de parachutistes de la Légion en Algérie. L’un d’eux ne survivra pas.

Le 30 novembre 1955 à Philippeville, la dissolution du 3e REP a lieu. Avec ses 13 semaines d’existence, le 3e REP reste le régiment le plus éphémère de la Légion étrangère.

Le chef de bataillon Darmuzai a quitté son unité. En janvier 1956, il prend le commandement du GPLEM au Maroc.

Les hommes du 3e REP dissous aident à créer un nouveau régiment, le 2e Régiment Etranger de Parachutistes. La 9e Compagnie du 3e REP est dissoute et ses hommes renforcent les 10e + 11e compagnies. Ces deux compagnies deviennent les 3e et 4e Compagnies du nouveau régiment. Également dissous, le 2e BEP (l’ex-3e BEP de 1954) forme les 1re + 2e Compagnies du nouveau régiment. Le 2e REP est constitué à Philippeville le 1er décembre 1955. Il est commandé par le chef de bataillon Masselot.

 

3e REP - 3 REP - Batna - Algerie - 1955
Un légionnaire du 3e REP au Camp de Passage de Batna, la base avancée du 3e BEP/3e REP en 1955.
3e REP - 3 REP - Judo - Batna - Algerie - 1955
Les légionnaires du 3e REP pratiquent le judo, Batna, 1955.
3e REP - 3 REP - Judo - Batna - Algerie - 1955
Les légionnaires du 3e REP pendant leur temps libre à l’intérieur du camp de Batna, 1955.
3e REP - 3 REP - Judo - Batna - Algerie - 1955
Un légionnaire du 3e REP et son “pépin” (un parachute) après un saut à Telergma (près de Batna), 1955.
3e REP - 3 REP - Batna - Algerie - 1955
Un légionnaire du 3e REP (à gauche), équipé du MAT-49 pistolet mitrailleur, tout en protégeant une patrouille mixte à Batna, 1955.
3e REP - 3 REP - Caserne Mangin - Philippeville - Algerie - 1955
Caserne Mangin. La base arrière du 3e REP à Philippeville en octobre et novembre 1955.
3e BEP - 3 BEP - Fanion
Le fanion du 3e BEP (et du 3e REP), trouvé et donné par des anciens parachutistes de la Légion au Salle d’honneur du 2e REP au Camp Raffalli, en 1990.

 

 

Principales sources d’informations et d’images:
Képi blanc revues
Bulletins de la Légion
Pierre Montagnon: Les parachutistes de la Légion (Pygmalion, 2005)
Hommes de Guerre revues
Google Maps
Wikipedia.org

 
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L’article original: 3rd Foreign Parachute Regiment

 

 

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La page a été mise à jour: 16 novembre 2019

 

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