Le contexte
Au début de 1948, la deuxième année de la guerre d’Indochine a commencé en Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Le Viêt-Minh – mouvement vietnamien nationaliste et communiste dirigé par Ho Chi Minh – est bien implanté dans les régions boisées et montagneuses du Tonkin (le nord du Vietnam à l’époque), principalement dans le nord, à la frontière avec la Chine. Ces régions difficilement accessibles étaient suffisamment éloignées pour permettre à la guérilla de mener des attaques réussies contre des postes français isolés ou des convois de ravitaillement. En outre, la proximité de la frontière chinoise est favorable aux renforts du Viêt-Minh et à son ravitaillement.
Pour augmenter la mobilité des forces françaises en Indochine, et en particulier au Tonkin, le commandement envisage d’utiliser des parachutistes, un élément moderne de l’armée. En février 1948, il est donc décidé de créer une unité parachutiste de la Légion en Indochine, tandis qu’une autre décision (datant de mars) ordonne la création de telles unités au sein de la Légion en Afrique du Nord.
Au Tonkin, le 3e Régiment étranger d’infanterie (3e REI) est la seule unité d’infanterie de la Légion à maintenir l’ordre. C’est l’un des deux régiments français les plus décorés, qui s’est bien illustré pendant les deux guerres mondiales. Ses unités étaient postées le long de la frontière chinoise et furent les premières à faire face aux attaques du Viêt-Minh. C’est pourquoi il fut décidé de former la première unité de légionnaires parachutistes au Tonkin, au sein du 3e REI.
Compagnie Parachutiste : Création
La Compagnie parachutiste du 3e REI (Cie Para) est créée le 1er avril 1948 à partir d’éléments provenant de trois régiments d’infanterie de la Légion servant à l’époque en Indochine. La nouvelle compagnie, qui se compose d’une section de commandement et de trois sections de combat, est stationnée à Gia Lam. C’était une base aérienne militaire située à Hanoï, capitale du Tonkin. Le lieutenant Jacques Morin en prend le commandement. Il n’a que 23 ans. Morin est l’un des officiers de la Légion qui, en raison de leurs activités de résistance, ont été retenus en captivité au camp de concentration de Buchenwald pendant la Seconde Guerre mondiale. Le lieutenant Salles, issu des unités de génie de la Légion, devient son adjoint.
Section de commandement
La Section de commandement – qui comprend des mitrailleuses 12.7 et des mortiers Brandt Mle 1935 (60 mm) – est composée d’hommes du 3e REI, dirigés par le sergent-chef Armando Masetto. Né en Italie en 1919, ce sous-officier a également servi en tant qu’adjudant de compagnie. Masetto sera tué en Indochine en 1952.
1ère Section
Même la 1ère Section est formée d’hommes du 3e REI. Elle est commandée par le lieutenant Paul Arnaud de Foïard, un officier expérimenté qui a participé avec le RMLE (futur 3e REI) à la libération de la France (1944-45).
2e Section
La 2e Section est composée d’hommes de la 13e DBLE (demi-brigade de Légion, premier embryon des Forces Françaises Libres), commandée par le lieutenant Roger Audoye. Chroniqueur officiel de la compagnie, il supervise la construction du monument aux morts de légionnaires parachutistes en Algérie en 1952 (qui se trouve aujourd’hui en Corse, au camp Raffalli du 2e REP). En 2012, les fils de l’officier ont remis au 2e REP le original JMO de la Cie Para.
3e Section
La 3e Section est composée d’hommes du 2e REI et est commandée par le lieutenant Michel Camus, futur colonel devenu écrivain de l’armée.
Composition, equipement et uniforme
Alors que le 3e REI fournit 60 hommes (2 officiers, 5 sous-officiers et 53 caporaux et légionnaires), le 2e REI contribue à la formation de la Cie Para à hauteur de 45 hommes, tandis que la 13e DBLE envoie 43 hommes. Deux officiers et un légionnaire proviennent du génie-Légion : de la 15e CEG et de la 64e CRALE (unité de réparation de véhicules, future 2e CMRLE).
Au total, fin avril 1948, la Compagnie parachutiste du 3e REI est composée de 5 officiers, 12 sous-officiers, 17 caporaux et 113 légionnaires, soit 148 hommes au total. Le sixième officier et deux hommes rejoindront la compagnie ultérieurement.
Pour les opérations militaires aéroportées, la compagnie utilise des parachutes T-5 de l’U.S. Airborne, comme d’autres parachutistes du Corps Expéditionnaire Français en Indochine à l’époque. Ces parachutes avaient été utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment en Normandie.
Les hommes de la Cie Para portent l’uniforme vert à chevrons (HBT) M1943 de l’armée américaine, utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale ; il est complété par un ceinturon britannique. Ils portaient également des bottes en cuir ou des bottes américaines M1943 « Double-Buckle ».
Leur coiffure consistait en un béret vert jungle (ou kaki), également connu sous le nom de béret Gurkha. Il provenait du stock de la XIVe armée britannique de Birmanie. Le béret était parfois remplacé par un chapeau de brousse (modèle Extrême-Orient). Lors des cérémonies, les officiers de la compagnie portaient un calot vert de la Légion.
Les parachutistes de la Légion étaient équipés de diverses armes, dont le fusil français MAS 36 (à crosse repliable) et une mitrailleuse légère FM 24/29, une mitraillette américaine M1928A1 Thompson, une carabine américaine M1, et d’autres armes de toutes sortes.
Les premiers pas
En tant qu’unité de la Légion étrangère, la compagnie parachutiste dépend administrativement du 3e REI pour toute une série de démarches administratives (service, paiement, affectation en unité, promotions, etc.)
Pour les opérations militaires sur le terrain, la compagnie est rattachée à une unité régulière : le 3e Bataillon du 1er Régiment de chasseurs parachutistes (III/1er RCP), du commandant Albert Fossey-François.
Implanté en Indochine entre 1947 et 1948, le bataillon fait partie de la Demi-brigade de marche parachutiste (DBMP, 1946-48). La DBMP s’agit d’une unité aéroportée composée des trois premiers bataillons parachutistes français stationnés au Tonkin au début de la guerre d’Indochine. Elle est sous les ordres du lieutenant-colonel Henri Sauvagnac, futur commandant de toutes les unités aéroportées en Indochine (dans les années 1950).
Le 3 avril, les premiers parachutistes de la Légion – une section sous les ordres du lieutenant Arnaud de Foïard – terminent leur instruction et reçoivent officiellement leur brevet après avoir effectué les six sauts d’entraînement prescrits. Deux semaines plus tard, le 17 avril, 80 autres légionnaires terminent leur instruction et deviennent parachutistes.
Cie Para : avril-mai 1948
Le 26 avril, la Compagnie parachutiste effectue son premier saut de combat. Elle est larguée à Van Xa, au nord-ouest de Hai Duong et à l’est de Hanoi. L’unité a pour mission de mener une opération de reconnaissance de deux jours à la recherche d’éléments du Viêt-Minh. Deux légionnaires sont blessés.
Début mai, les hommes de la compagnie voient leur premier combat au cours d’une opération d’une semaine dans la région de Son Tay, à l’ouest de Hanoï. Le 4 mai, le Viêt-Minh engage l’unité à Phung Thuong ; quatre légionnaires sont blessés.
Le lendemain, le lieutenant Morin est blessé lors d’un accrochage avec l’ennemi près d’Ai Mo. Le commandant est touché à la jambe et doit être évacué par hélicoptère avec un autre légionnaire blessé de sa compagnie.
Le 9 mai, deux légionnaires sont blessés au combat à Yen Lo, au sud-est de Son Tay.
Lors d’une opération dans le secteur de Gia Loc, au sud-est de Hanoi, qui se déroule entre le 15 et le 17 mai, des dizaines d’hommes du Viêt-Minh sont tués ou blessés.
Le 31 mai, le lieutenant Arnaud de Foïard, chef de la 1ère section, quitte la compagnie. Il doit être rapatrié en France en raison d’une grave maladie qu’il a contractée en Indochine. Sa convalescence durera quatre longues années. En 1965-67, il commandera le 2e REP et effectuera son transfert de l’Algérie à la Corse.
Le lieutenant est remplacé début juin par le sous-lieutenant Jean Vion, futur commandant de la 3e CSPL (en 1959).
Cie Para : juin 1948
La situation dans le nord-est du Tonkin, déjà compliquée à la fin de 1947, s’est à nouveau détériorée à la mi-1948. Une zone peu peuplée, peu accessible, boisée et montagneuse, contrôlée par les unités du 3e REI et traversée par l’importante route coloniale 4 (RC4), voit l’activité du Viêt-Minh s’intensifier. Pour permettre aux convois de ravitaillement français d’atteindre les postes éloignés, la RC4 (et la RC3, plus petite, qui traverse également la région) doivent rester ouvertes et sûres. La Compagnie parachutiste du 3e REI est donc alertée.
Les 9 et 10 juin, elle saute sur Cao Bang, centre administratif de la région du même nom, à la frontière de la Chine. La compagnie y est postée dans la citadelle, aux côtés d’autres unités du 3e REI. Elle est responsable de l’ouverture et de la patrouille de la RC4, entre Cao Bang et Dong Khe, et la RC3, entre Cao Bang et Bac Kan, pour soutenir et protéger les convois français qui s’y rendent.
A l’époque, à la mi-juin 1948, l’effectif théorique de la compagnie parachutiste est de 149 hommes (6 officiers, 15 sous-officiers, 22 caporaux et 106 légionnaires). En réalité, pas plus de 121 d’entre eux sont déployés à Cao Bang, les 28 autres restant à Hanoi, à l’hôpital ou à la base arrière.
Pendant ce temps, dans la cathédrale de Hanoi, au cours d’une cérémonie militaire le 13 juin, Saint Michel devient officiellement le patron des parachutistes français.
Plus tard dans le mois, du 19 au 29 juin, une opération pour ouvrir la RC3 a lieu à environ 24 km à l’est de Cao Bang. Les parachutistes de la Légion y participent aux côtés de deux compagnies de Tirailleurs algériens. L’objectif est d’occuper Quang Uyen, village et carrefour important, et de patrouiller dans le secteur.
Dans la nuit du 19 au 20 juin, en route vers Quang Uyen, un grave accident de la route se produit sur la RC3. Un camion GMC à bord duquel se trouvait la 3e Section a glissé sur la route et s’est écrasé dans un ravin. Dix-neuf légionnaires sont blessés.
Le 21 juin, toujours en route vers Quang Uyen, le convoi de la compagnie est attaqué par l’artillerie viêt-minh. L’attaque a lieu entre Deo Ma Phuc et Quang Uyen, près de la cote 520. Le légionnaire Bogdan fut touché et devint le premier parachutiste de la Légion tué au combat. Le légionnaire Jost est grièvement blessé. Il mourra neuf jours plus tard, le 30 juin.
Le 24 juin, une petite opération eut lieu à Lung Phay, un village situé à 2,5 km au sud de Quang Uyen, pour retrouver et sauver deux légionnaires que l’ennemi avait capturés la veille. Les hommes restent introuvables. De plus, le légionnaire Ben Allah a été tué lors d’une accrochage dans le village.
Cie Para : juillet 1948
Fin juin 1948, le 3e Bataillon du 1er RCP quitte l’Indochine et rejoint la caserne Chadeysson à Sétif, en Algérie (P.C. du 3e BEP et des parachutistes de la Légion étrangère en Afrique du Nord de 1949 à 1955). Cependant, cette information a échappé aux historiens et les notes ne précisent pas l’unité à laquelle la Cie Para a été affectée dans les mois suivants pour les opérations militaires.
La réponse pourrait être le 3e REI, la compagnie ayant été déployée dans la région de Cao Bang à cette époque. Cette thèse est étayée par le fait que la compagnie n’a pas mené d’opérations aéroportées dans cette région pendant plusieurs mois. La compagnie est devenue une simple unité d’infanterie, utilisant deux camions GMC, deux camions Dodge et une Jeep pour ses déplacements.
Par ailleurs, le destin de la DBMP n’est pas clair. Souvent, les sources accessibles au public indiquent que l’unité a été dissoute à la fin du mois de juin 1948 alors que deux de ses trois bataillons de parachutistes d’origine – le 1er BPC (Bataillon de choc) et le 1er Bataillon du 1er RCP – servaient encore au Tonkin au cours du second semestre de 1948. Pour mémoire, le 1er Bataillon du 1er RCP est sous les ordres du commandant Henri de Vismes ; lieutenant-colonel, il devient le premier commandant du 2e REP en Algérie, fin 1955.
Revenons à l’histoire : Au début du mois de juillet, le lieutenant Morin, remis de sa blessure, rejoint la compagnie qui a été provisoirement commandée par le lieutenant Camus.
Du 7 au 31 juillet, la compagnie parachutiste participe à l’opération Michel dans le secteur de Dong Khe, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Cao Bang. Ses légionnaires opèrent au nord et au sud de Dong Khe, le long de la RC4, et au nord-est de la ville, le long d’une route menant à Phuc Hoa. Ils ouvrent les routes et soutiennent les avant-postes français le long de celles-ci. Deux légionnaires ont été blessés au cours de l’opération.
Le climat tropical est également hostile aux légionnaires. Après six semaines dans la région de Cao Bang, l’effectif de la compagnie passe de 121 hommes prêts au combat à seulement 75 à la mi-juillet.
Dans le même temps, de violents combats se déroulent dans une autre partie de la région, avec le poste du 3e REI de Phu Tong Hoa sévèrement attaqué (où le capitaine Cardinal, le lieutenant Charlotton et 19 légionnaires du 3e REI sont tués fin juillet).
Cie Para : août-novembre 1948
Au cours des mois d’août et de septembre, la Cie Para poursuit ses missions dans la région de Cao Bang. Les hommes patrouillent dans la ville ou servent à la citadelle, P.C. de la région. En septembre, ils effectuent des patrouilles le long de la RC3 entre Cao Bang et Ban Cao, petite commune au sud-ouest de la ville.
Deux ans plus tard, de septembre à octobre 1950, la région de Cao Bang connaîtra un événement sanglant : la bataille de la route coloniale 4 (ou bataille de la RC4). Plus de 3 500 soldats français seront perdus, dont des centaines de légionnaires. C’est ce que l’on appellera la première défaite française, causée par une erreur tactique du haut commandement. La région frontalière avec la Chine, difficilement accessible, deviendra une zone hors contrôle, ce qui permettra au Viêt-Minh de recevoir facilement, à travers la frontière, des fournitures (armes, munitions, nourriture) et des renforts entraînés. Mais cela n’est pas encore pour demain.
Début octobre 1948, le 2e Bataillon du 1er RCP débarque au Tonkin. Unité administrativement autonome (formant corps, le régiment ayant déjà été dissous à l’époque), il est accompagné par le PC d’une nouvelle unité parachutiste supérieure : le Groupement léger aéroporté (GLAP) du lieutenant-colonel Breil de Pontbriand. Le 16 octobre, le GLAP remplacera à Hanoï l’ancienne DBMP et regroupera tous les parachutistes présents au Tonkin. On peut supposer que la Cie Para sera affectée au GLAP sur le plan opérationnel.
En octobre, la compagnie poursuit ses patrouilles autour de Cao Bang et ses gardes à la citadelle. Elle a également visité le poste du 3e REI sur la RC3, Phu Tong Hoa, qui a été lourdement attaqué en juillet.
Plus tard dans le mois, la compagnie est transférée dans la ville de Lang Son, située sur la RC4, à environ 100 km au sud-est de Cao Bang. Elle est stationnée au camp Gallieni.
Après une pause assez longue, une nouvelle opération aéroportée est menée par les parachutistes de la Légion, le 1er novembre. Le lieutenant Camus et 45 légionnaires sautent au nord de Cao Bang sans rencontrer de résistance.
Le 15, une opération a lieu près de Loc Binh, à environ 20 km au sud-est de Lang Son. Le légionnaire Egg est tué et le caporal Wolff est blessé.
Entre-temps, le lieutenant Salles, officier adjoint, a quitté la compagnie. Il rejoint une unité de génie-Légion, la 38e CCB.
Fin novembre, le séjour de six mois de la compagnie parachutiste dans le nord-est du Tonkin s’achève. L’unité est remplacée à Lang Son par la 2e compagnie du 1er Bataillon étranger de parachutistes (1er BEP), une autre unité aéroportée de la Légion. Le bataillon a été créé en Algérie en juillet 1948, sous les ordres du commandant Pierre Segrétain, et a débarqué en Indochine à la mi-novembre.
La compagnie rentre à Hanoï avec seulement 79 hommes valides.
Cie Para : décembre 1948
En décembre, quatre bataillons aéroportés sont affectés au GLAP et servent au Tonkin. Aux côtés des deux bataillons autonomes du 1er RCP (1er, 2e), on trouve un bataillon colonial de commandos parachutistes et le 1er BEP de la Légion étrangère.
La compagnie parachutiste, toujours autonome, cesse de faire partie du 3e REI et est naturellement rattachée administrativement au 1er BEP. En opération, elle sert aux côtés du 2e Bataillon du 1er RCP du commandant François.
Deux officiers de la compagnie sont hospitalisés en décembre : le lieutenant Audoye (2e Section) et le lieutenant Camus (3e Section). Ils sont victimes du climat et des maladies locales. Il ne reste plus que le lieutenant Morin et le sous-lieutenant Vion.
Le 9, la compagnie quitte la base de Gia Lam et s’installe au sud-ouest, au centre de Hanoi, à Kham Thien.
Tout au long du mois de décembre, les sections de la compagnie tournent chaque semaine entre quatre postes. Une section garde le PC des parachutistes français à Hanoï. La seconde garde la SEPP (Section d’entretien et de pliage des parachutes), tandis qu’une autre est mise en alerte en tant que force de réserve générale à Bach Mai (l’autre base aérienne de Hanoi). La quatrième section effectue des tâches ordinaires à Kham Thien.
Cie Para : janvier-mars 1949
En janvier, les sections continuent d’être réparties entre les quatre postes. En outre, la compagnie a fourni des groupes composés de plusieurs hommes pour effectuer des patrouilles autour de Kham Thien et Bach Mai.
Fin janvier, le sous-lieutenant Vion est promu lieutenant.
Du 30 janvier au 4 février, l’opération Parasol se déroule près de Hanoi aux côtés du 2e Bataillon du 1er RCP. Deux légionnaires sont blessés.
L’opération Lena a lieu à proximité de Phuong Tri, dans le secteur de Hai Duong, entre le 8 et le 12 février. Elle mobilise 100 hommes de la compagnie parachutiste.
En février, les sections effectuent une rotation à Bach Mai, où elles sont mises en alerte.
Le 19 février, la compagnie est affectée au 1er BEP sur le plan opérationnel et administratif.
Début mars, l’opération Diane, d’une durée d’une semaine, se déroule à l’ouest de Hanoi. Les hommes de la Cie Para y participent aux côtés de leurs collègues du 2e Bataillon du 1er RCP et du 1er BEP. Le 3 mars, une violente bataille a lieu à Cha Nue ; 30 rebelles sont tués.
Cie Para : Lao Cai en 1949
Fin mars 1949, la compagnie est déployée dans une région reculée et peu connue de Lao Kay. Elle est chargée de maintenir l’ordre dans le secteur.
La ville est située sur le fleuve Rouge, dans la partie nord-ouest du Tonkin, à la frontière avec la Chine, à environ 220 km au nord-ouest de Hanoi. C’était la dernière gare de la section vietnamienne du chemin de fer Kunming-Hai Phong, un chemin de fer de 855 km construit par la France de 1904 à 1910, reliant Hai Phong au Vietnam à Kunming en Chine. Grâce à la voie ferrée et au fleuve Rouge, la ville relativement petite de Lao Kay est devenue un important centre de transport.
Fin mars, seuls 83 hommes en état de combattre patrouillaient entre Lao Kay, Pho Lu et Coc Xam, ainsi qu’entre Lao Kay et Cha Pa.
En avril, la compagnie est scindée en deux unités de combat opérationnelles sous les ordres des lieutenants Morin et Vion et opère autour de Lao Kay et de Coc Xam. Les légionnaires Foersterling et Rates sont tués.
Début mai, le lieutenant Camus quitte l’unité et est rapatrié en France pour cause de maladie.
Entre-temps, le 3 mai, la compagnie parachutiste est réorganisée. Elle se compose d’un état-major et de deux sections « commando » sous les ordres des lieutenants Vion (1er) et Audoye (2e), renforcées par des hommes de la 3e Section, désormais dissoute.
Du 15 au 20 mai, la 2e Section – le lieutenant Audoye et 28 légionnaires – a mené une mission de liaison pour soutenir Pac Khouang, un avant-poste isolé à environ 50 km au sud-est de Lao Kay. Cela signifie deux jours de marche dans une jungle dense et hostile. Heureusement, la mission a été couronnée de succès et personne n’a été perdu.
Le 21 mai, la dernière opération des légionnaires de la Cie Para commence ; elle est menée par la 1ère Section – le lieutenant Vion et 41 légionnaires. Leur mission est de monter à bord de trois Junkers J.U. 52 (avions allemands de la Seconde Guerre mondiale) et de sauter à Lang Lom, un village situé à environ 70 km au sud-est de Lao Kay, à mi-chemin de Yen Bai. De Lang Lom, les légionnaires doivent encore marcher 9 km vers l’ouest à travers la jungle pour atteindre Ngoi Giom. Le commandement a décidé de renforcer ce poste en raison de sa proximité avec Dai Phac et Dai Buc, deux postes récemment attaqués et capturés par le Viêt-Minh.
Les hommes du lieutenant Vion atteignent le poste de Ngoi Giom, occupé par des partisans locaux, et attendent l’attaque. Celle-ci survient le lendemain, le 24 mai. Le poste est bombardé par l’artillerie ennemie, ce qui blesse grièvement le légionnaire Maingault. Il mourut le 5 juin, devenant ainsi le dernier homme tué de la compagnie.
Cie Para : dissolution
Entre-temps, le 29 mai, la mission à Lao Kay est terminée. Le lieutenant Morin, la section de commandement et la 2e Section rentrent à Hanoï après avoir passé deux mois dans un secteur assez isolé.
Pour l’anecdote : dans les années 1900, un détachement de la Légion était posté dans la ville de Lao Kay. Pourtant, pendant les huit années de la première guerre d’Indochine, la Cie Para fut la seule unité de légionnaires à y être implantée. A l’époque, un ancien cimetière de la Légion existait encore à Coc Leu, au nord de la ville. En mai 1949, la compagnie va le rénover et rendre hommage à ses anciens qui y reposent.
A Hanoi, les légionnaires ont appris la dissolution de leur Compagnie parachutistes du 3e REI, qui a eu lieu le 31 mai 1949.
Au cours de ses treize mois d’existence, elle a compté 6 hommes tués au combat, 2 hommes tués par accident, 3 hommes décédés de maladie, 27 hommes blessés et 2 hommes portés disparus.
Les hommes de la Cie Para ont obtenu cinq citations, dont une à l’ordre de l’armée.
Une petite partie des hommes de la compagnie quitte l’Indochine pour l’Afrique du Nord. Le reste – 3 officiers, 14 sous-officiers et 92 légionnaires (109 hommes au total) – fusionne avec le 1er BEP.
Le 6 juin, la 1ère Section du lieutenant Vion quitte Ngoi Giom et entame une marche de trois jours dans la jungle, à plus de 30 km au sud-ouest. Ils traversèrent Lang Lom, Lang Chang et Gia Hoi et arrivèrent à Nghia Lo le 9 juin. Après une journée de repos, ils forment trois groupes et sont transportés par Junkers à Hanoi du 11 au 13 juin. Les hommes du lieutenant Vion sont les derniers éléments à rejoindre le 1er BEP.
Parmi ces derniers éléments se trouvait également le sergent Heinz Hammermeister. Il est l’un des rares anciens parachutistes de la compagnie. Fallschirmjäger, parachutiste allemand, il a participé à l’opération Mercury en Crète en 1941 ; il s’agit de la première invasion principalement aéroportée de l’histoire militaire. A la mi-juin, il quitte Nghia Lo et rejoint le 1er BEP. Un mois plus tard, fin juillet 1949, le sergent Hammermeister est grièvement blessé lors d’un accrochage avec le Viêt-Minh ; il meurt le lendemain.
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L’article original: Parachute Company 3e REI
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Principales sources d’informations:
JMO de la Cie Para du 3e REI
More-majorum
Képi blanc revues
Pierre Dufour: Légionnaires parachutistes (Editions du Fer, 1989)
Pierre Montagnon: Les parachutistes de la Légion (Pygmalion, 2005)
Jean Luc Mesager & collective: Légionnaires parachutistes 1948-2008 (L’Esprit du Livre, 2008)
Pierre Sergent: Paras-Légion (France Loisirs, 1982)
Raoul Van Onsem: Derniers combats pour l’Indochine 1948-1955 (Editions Scaillet, 1991)
Raymond Guyader: La Légion étrangère en Indochine 1946-56 (Heimdal, 2011)
Martin Windrow, Wayne Braby: French Foreign Legion Paratroops (Osprey Publishing, 1991)
Martin Windrow: The French Indochina War 1946–54 (Osprey Publishing, 1998)
Symboles et traditions
Camps Militaires d’IDRON
Google Maps
Mapcarta.com
Wikipedia.org
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Cette page a été mise à jour: 1er juin 2024