Le 11e Régiment étranger d’infanterie (11e REI) est une unité provisoire de la Légion étrangère. Créé fin 1939, il a pour mission de défendre la France métropolitaine contre l’Allemagne nazie. Le 11e REI est dissous en juin 1940.
Introduction
Au début du mois de septembre 1939, Hitler envahit la Pologne. En réponse, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. Immédiatement après la déclaration de guerre, des milliers de volontaires étrangers se présentent dans les centres de recrutement dans le cadre de la mobilisation générale. Compte tenu de la longue tradition de volontaires étrangers prêts à défendre la France, personne n’est surpris. Au contraire, des ordres sont donnés pour former des unités composées de ces volontaires qui s’engagent pour la durée de la guerre. Pour des raisons administratives, ces unités sont rattachées à la Légion étrangère.
Pour prendre en charge ces engagés volontaires pour la durée de la guerre (EVDG), un dépôt de la Légion est organisé à Sathonay, au nord de Lyon. Le dépôt de Sathonay est chargé de recruter, d’équiper, d’entraîner et d’administrer les futurs soldats qui seront affectés à l’une des unités provisoires. Un centre d’instruction est établi à proximité, au camp de La Valbonne.
Création du 11e Régiment étranger d’infanterie
Le 11e Régiment étranger d’infanterie (11e REI) est créé au camp de La Valbonne le 1er novembre 1939. Le régiment comprend un état-major, une compagnie de commandement, une compagnie hors rang, une compagnie régimentaire d’engins (canons anti-chars et mortiers) et trois bataillons. Chaque bataillon est composé de trois compagnies d’infanterie et d’une compagnie d’accompagnement (mitrailleuses). Une section de motocyclistes – composée en majorité d’Anglais et d’Américains, dont le sergent Ortiz – et un détachement médical complètent le régiment. Le colonel Fernand Maire, mobilisé, prend le commandement. C’est une figure célèbre de la Légion où il a servi comme officier entre 1914 et 1936, avant de prendre sa retraite.
Certains pourraient se demander pourquoi le titre du régiment comprend-il un numéro aussi inhabituellement élevé. La réponse est simple. Pour distinguer les unités provisoires des régiments réguliers de la Légion pendant la guerre, le chiffre « 10 » a été ajouté à leur désignation. Le 11e REI a donc été créé en ajoutant « 10 + 1 ». D’autres unités provisoires composées de volontaires étrangers ont également été créées, et le chiffre « 20 » leur a été ajouté cette fois-ci.
En ce qui concerne le personnel, le 11e REI se compose de 79 officiers, 184 sous-officiers et 2.390 légionnaires (soit 2.653 hommes). Il s’agit d’un mélange de différents éléments. On y trouve des officiers et des sous-officiers de réserve, mobilisés, y compris ceux qui ont déjà servi avec la Légion en Afrique. Il y a aussi d’anciens légionnaires mobilisés. D’autres groupes d’officiers, de sous-officiers, de caporaux et d’hommes venaient d’Afrique du Nord, des régiments de la Légion étrangère (dont plusieurs centaines de légionnaires aguerris) et des régiments non-légionnaires. Parmi eux, 63 officiers et sous-officiers français du 1er RTA (tirailleurs algériens). Outre les légionnaires d’active, les anciens légionnaires et les EVDG, les troupes sont composées d’étrangers résidant en France, également mobilisés.
Le régiment est installé dans les villages autour du camp : Dagneux (1er Bataillon), Bressolles (2e Bataillon) et Béligneux (3e Bataillon).
La mobilisation générale en cours en France perturbe la distribution du ravitaillement du régiment. Ainsi, le régiment souffre d’une pénurie de certains équipements. Par exemple, les uniformes ne sont disponibles que dans des tailles irrégulières, les fusils d’instruction sont de vieux fusils de la Première Guerre mondiale, et il n’y a pas de mitrailleuses, de grenades à main ou de munitions à blanc. Cependant, le moral des troupes est resté élevé, elles se sont entraînées et ont développé un esprit de corps jusqu’à la mi-décembre, date de l’envoi tant attendu sur le front.
À cette époque, le régiment manque encore de matériel : il n’a reçu que 400 pansements sur les 3 000 nécessaires, neuf canons de 25 mm sur les 12 nécessaires et 12 marmites norvégiennes (réchauds sans feu) sur les 90 nécessaires. Chaque homme n’a qu’un seul couvre-pieds.
Concernant les armes, les hommes du 11e Etranger sont équipés de mousquetons Lebel 1886-M35, de mousquetons Berthier Mle 92 ou de fusils Berthier 1907-15 M16. Ces derniers sont largement utilisés par l’armée française en 1940 ; le nouveau fusil MAS 36 n’est pas encore disponible en grand nombre.
Composition du 11e REI en novembre 1939
- Commandement : colonel Maire
- Etat-major : chef de bataillon Robitaille
- Compagnie de commandement : capitaine Perret
- Compagnie hors rang : capitaine Chiron
- Compagnie régimentaire d’engins : capitaine Costa
- 1er Bataillon : chef de bataillon Auffrey
- 2e Bataillon : chef de bataillon Brissard
- 3e Bataillon : chef de bataillon Guyot


La drôle de guerre
À partir de la déclaration de guerre, début septembre, pratiquement aucune action sérieuse n’a lieu sur le front entre les forces françaises et allemandes. C’est une période calme. La stratégie de la France est strictement défensive et s’appuie sur la célèbre ligne Maginot.
Le 15 décembre, le 11e REI quitte le camp de La Valbonne et est transporté par camion au nord-est de la France, en Lorraine. Les bataillons sont postés au nord-est de Metz, dans le secteur de Thionville, au-delà de la ligne Maginot.
Début janvier 1940, les hommes se rendent sur la ligne de front à Sierck, au nord-est de Thionville, près de la frontière avec le Luxembourg et l’Allemagne. L’hiver est rude et la température descend jusqu’à -20 °C. Les premières pertes du régiment sont dues à des échanges de tirs occasionnels avec l’ennemi ou à des embuscades lors de patrouilles dans le no man’s land.
Début février, le 11e REI quitte Thionville et se dirige vers le sud-est, dans le secteur de Metzervisse. Les hommes sont chargés de creuser des fossés antichars dans le sol gelé.
Le 12 février, douze officiers et une trentaine de sous-officiers sont transférés à La Valbonne pour participer à la constitution d’un nouveau régiment étranger de marche, le 12e REI.
Le 1er mars, le colonel Georges Robert prend le commandement du 11e REI. Commandant le 1er Régiment étranger (1er RE) en 1939, Il a remplacé le colonel Maire, qui a pris définitivement sa retraite bien méritée.
Deux semaines plus tard à Metzervisse, le régiment reçoit la visite du général Rollet, autre membre célèbre de la Légion étrangère et son premier « Père », également en retraite.
Peu après, les légionnaires retournent au-delà de la ligne Maginot. Ils renforcent la ligne défensive pour soutenir les positions avancées françaises.
Le 15 avril, le 11e REI (jusqu’alors unité de secteur) est affecté à la 6e division d’infanterie nord-africaine (6e DINA) sous les ordres du général de Verdilhac. Le régiment remplace la 24e demi-brigade de chasseurs, partie pour la Norvège. Les bataillons de la Légion sont implantés dans la région de Boulay (à l’est de Metz), toujours en Lorraine.
Parallèlement, des groupes francs sont constitués au sein du régiment, à raison d’un groupe par bataillon. Chaque groupe est composé d’un lieutenant et d’une trentaine de volontaires qui effectuent des reconnaissances nocturnes au-delà de la ligne de front afin de révéler la position et la composition des forces ennemies et de capturer des prisonniers.
Près de la commune de Boulay, le 30 avril, le 11e Etranger a commémoré la bataille de Camerone de 1863, la fête la plus importante de la Légion. Au cours de la cérémonie, le régiment a reçu son drapeau. C’est d’ailleurs le seul drapeau remis, pendant la Seconde Guerre mondiale, à une unité provisoire de la Légion composée d’engagés volontaires.








Bataille de France
Au début du mois de mai 1940, les combats font rage en Norvège entre les troupes françaises et britanniques d’une part et les forces allemandes d’autre part. Les Alliés (y compris la 13e Demi-brigade de Légion étrangère qui a joué un rôle important dans cette campagne) cherchent à s’emparer du port de Narvik, d’une importance stratégique, où des approvisionnements vitaux en minerai de fer suédois sont acheminés vers l’Allemagne nazie.
Pour renverser l’avancée des Alliés en Norvège et les forcer à retirer leurs troupes, l’Allemagne nazie lance Fall Gelb (cas Jaune), un plan de guerre pour l’invasion du Luxembourg, de la Belgique, des Pays-Bas et de la France. L’invasion a lieu le 10 mai par une offensive sur les trois premiers États (situés entre l’Allemagne et la France). La « drôle de guerre » est terminée. Par la suite, à partir du 12 mai, les forces armées allemandes contournent la ligne Maginot en avançant dans les Ardennes (une grande forêt du sud de la Belgique) et attaquent les lignes de défense françaises le long de la Meuse, dans le nord-est du pays. La bataille de France a commencé.
Le 14 mai, les Allemands franchissent la Meuse. Deux jours plus tard, ils attaquent violemment les positions françaises au sud de Sedan, entre La Ferté et Inor. Celles-ci sont tenues par une autre division nord-africaine, la 3e DINA du général Chapouilly.
Le 20 mai, la 6e DINA (y compris le 11e REI) reçoit l’ordre de marcher vers le secteur d’Inor pour relever la 3e DINA. Cependant, dans le Bois d’Inor, situé à proximité, ils constatent que la division sœur s’est déjà retirée à la hâte de ses positions, qui ont été exposées à un bombardement intense. Il ne reste que des cadavres, des hommes blessés ou perdus, des chevaux morts et des équipements et matériels abandonnés. Il est tôt dans la matinée du 22 mai. La 6e division prend position et attend. Sa mission est de ralentir ou d’arrêter la progression des Allemands. Les bombardements incessants se poursuivent, l’ennemi utilisant de l’artillerie de gros calibre (150 et 210 mm).
Composition du 11e REI en mai 1940 :
- Commandement : colonel Robert
- Etat-major : chef de bataillon Robitaille
- Compagnie de commandement : capitaine Lignez
- Compagnie hors rang : capitaine Chiron
- Compagnie régimentaire d’engins : capitaine Costa
- 1er Bataillon : capitaine Rouillon
- 2e Bataillon : chef de bataillon Rzekiecki d’Alegron
- 3e Bataillon : capitaine Gaultier
Bataille du Bois d’Inor
Le 27 mai à trois heures du matin, une impressionnante préparation d’artillerie allemande débute dans le Bois d’Inor et touche les positions de toute la 6e DINA. Deux heures plus tard, les Allemands lancent une attaque frontale. Les légionnaires du 11e REI sont en tête de la division, en première ligne. Ils font ainsi face à cette attaque, mené par trois régiments de la 56e division d’infanterie allemande du général Kriebel. Le choc est rude et les combats acharnés durent près de 12 heures. Néanmoins, le 11e REI remplit sa mission : les légionnaires arrêtent l’ennemi par tous les moyens, y compris les charges à la baïonnette. Des centaines de soldats allemands sont tués ou blessés dans cette bataille héroïque.
Après la bataille, le général de Verdilhac de la 6e DINA exprime son admiration et s’adresse au colonel du 11e REI en trois mots : « Bravo, la Légion ! »
En récompense, le colonel est nommé commandant de l’infanterie de la 6e division. Le chef de bataillon René Clément le remplace à la tête du 11e REI. Ce dernier connaît bien la Légion puisqu’il a commandé le 1er bataillon du 3e REI au Maroc dans les années 1930. Il est d’ailleurs souvent confondu avec un autre Clément du 11e REI, le capitaine qui commandait la CA1 du 1er Bataillon et qui servit ensuite à la 4e DBLE au Sénégal, en AOF.
Début juin, un renfort composé de 98 légionnaires rejoint le régiment. A cette date, le 11e REI compte officiellement 3.085 hommes, avec des pertes de 504 hommes (tués, blessés ou disparus). Le régiment compte donc 2.581 hommes prêts au combat.
Repli vers Saint-Germain-sur-Meuse
La 6e division nord-africaine, avec le 11e Etranger, se retrouve isolée du reste des forces françaises. Le 11 juin, elle reçoit l’ordre de se replier vers le sud. Les unités se dirigent vers Verdun, où s’est déroulée – en 1916 – la plus longue bataille de la Première Guerre mondiale. La ville est située à environ 40 km au sud de Stenay, où la 6e DINA a campé après la bataille du Bois d’Inor. La division passe la ville le 13 juin et continue vers le sud. Trois jours plus tard, après une longue et difficile marche d’environ 70 km, la 6e DINA arrive dans la région de Void. Au cours de cette retraite, plusieurs légionnaires sont tués ou gravement blessés à la suite d’attaques allemandes contre la colonne.
Les unités du 11e REI prennent des positions défensives autour de Saint-Germain-sur-Meuse, village situé au sud-est de la ville de Void et à l’ouest de Toul, premier objectif des troupes allemandes. A noter que Toul était l’un des deux principaux centres de recrutement de la Légion étrangère en France (avec Marseille) dans l’entre-deux-guerres.
L’adjudant Romanovitch et sa section sont restés à Void pour assurer la retraite de la garnison française. Ils font ensuite sauter le pont qui enjambe le canal de la Marne au Rhin.
Bataille de Void
Dans la soirée du lendemain, 17 juin, l’ordre est donné de retourner à Void pour ralentir l’avancée allemande. Le chef de bataillon Rzekiecki d’Alegron se porte volontaire. Ce noble polonais, qui compte plus de 26 ans de service dans la Légion, part avec son 2e Bataillon à deux heures du matin pour un baroud d’honneur.
Deux heures plus tard, le bataillon entre en contact avec l’ennemi. Une bataille acharnée de deux heures s’engage. Rzekiecki d’Alegron tombe peu après, touché par plusieurs balles. Il meurt aux côtés de l’avant-garde de son bataillon.
Bien que les légionnaires se soient battus avec courage et ténacité, ils sont détruits par l’artillerie moderne et les mitrailleuses impitoyables des Allemands. À six heures du matin, il ne reste du 2e Bataillon qu’un groupe de combat (15 hommes) de la 5e compagnie, une section de la 6e compagnie, la 7e compagnie et la compagnie d’accompagnement conservant encore la moitié de leurs effectifs. Le bataillon décimé reçoit l’ordre de rentrer à Saint-Germain-sur-Meuse.
Bataille de Saint-Germain-sur-Meuse
Le matin même du 18 juin, le général de la division ordonne au 11e REI de tenir coûte que coûte ses positions à Saint-Germain-sur-Meuse et, s’il le faut, de se battre jusqu’au dernier homme. Les légionnaires sont déjà épuisés par les combats dans le Bois d’Inor et la retraite accélérée qui s’en est suivie. De plus, ils n’ont pas mangé correctement depuis une semaine à cause de la rupture des chaînes d’approvisionnement et leurs munitions sont presque vides. Cependant, ils sont déterminés à accomplir leur mission.
Le régiment est chargé de défendre deux ponts importants sur la Meuse à Saint-Germain-sur-Meuse (en fait, un pont et un viaduc ferroviaire). Ils sont défendus par le 1er Bataillon et les restes du 2e Bataillon. Le 3e Bataillon est en réserve à Ugny-sur-Meuse, derrière la rivière.
Le commandant Clément et l’état-major de son régiment s’installent dans une cave de la poste de Saint-Germain-sur-Meuse, tandis que la base arrière du 11e REI campe dans un bois à l’est du village. Là, une colline les protège de l’ennemi.
L’assaut allemand commence à dix heures du matin par des tirs d’obus et de mitrailleuses. Les tirs d’obus sont violents et précis ; le nombre de blessés augmente rapidement. Il est clair que les Allemands veulent traverser la rivière le plus rapidement possible.
La situation du 11e Etranger devient intenable. Cependant, le nouvel ordre du commandement de la 6e DINA est de tenir coûte que coûte jusqu’à 22 heures, c’est-à-dire jusqu’au nouveau repli.
A deux heures de l’après-midi, l’ennemi s’est avancé jusqu’à la berge. Saint-Germain-sur-Meuse est sous le feu de l’artillerie. Vers 16 heures, le nombre des blessés du régiment dépasse 250. Dans la soirée, il s’élève à plus de 370. Des dizaines d’hommes ont été tués.
Ordre de brûler le drapeau
Vers six heures du soir, le commandant Clément donne l’ordre de brûler le drapeau du régiment malgré la réaction violente de ses officiers au quartier général. Le commandant craint que l’ennemi ne s’en empare. Le lieutenant Virenque, officier de renseignement, a la triste tâche d’exécuter cet ordre. C’est un événement extraordinaire dans l’histoire de la Légion. Au moins le lieutenant a-t-il sauvé la cravate du drapeau.


Le repli vers Blénod et l’armistice
A dix heures du soir, l’état-major du régiment, y compris le commandant, est évacué. Pendant ce temps, l’ennemi interrompt son feu meurtrier. Après minuit, le 19 juin, le 11e REI commence à se battre en retraite. Il se dirige vers Blénod-lès-Toul, à une quinzaine de kilomètres au sud-est.
Les 21 et 22 juin, le régiment se déplace encore de quelques kilomètres vers le sud-est jusqu’à Crézilles dans le secteur d’Ochey. La cravate à franges d’or du drapeau brûlé et le fanion du 1er Bataillon sont rangés dans une boîte métallique et cachés sous le porche de l’église Saint-Gengoult de Crézilles.
La 6e DINA reste une unité caractérisée par son désir de combattre malgré le manque pressant de vivres et de munitions et l’absence de soutien de l’artillerie. Néanmoins, la situation sur le champ de bataille est intenable pour les défenseurs, systématiquement bousculés par l’ennemi qui progresse rapidement. Une semaine plus tôt, le 14 juin, les troupes allemandes ont défilé dans les rues de Paris. L’inévitable arrive. Le 22 juin, l’armistice est signé entre le gouvernement français et le Troisième Reich d’Hitler. La bataille de France est finie. Une ligne de démarcation divise le pays en deux parties : la zone occupée par l’armée allemande et la « zone libre » administrée par un nouveau gouvernement français transféré de Paris occupée à la ville de Vichy.
Officiers du 11e REI tués en 1940
Chef de bataillon Henryk (Henri) Rzekiecki d’Alegron
– commandant le 2e Bataillon du 11e REI
– tué le 18 juin 1940
Capitaine Jules Emanuelli
– commandant la 3e Compagnie du 11e REI
– tué le 27 mai 1940
Capitaine Louis Lanchon (né Lefebvre)
– commandant la 5e Compagnie du 11e REI
– tué le 18 juin 1940
Capitaine Jean Magne
– commandant la 6e Compagnie du 11e REI
– tué le 18 juin 1940
Capitaine Albéric Urvoy de Closmadeuc
– commandant la Compagnie d’accompagnement N°2 (CA2) du 11e REI
– tué le 27 mai 1940
Capitaine-abbé Jean Wattel
– l’aumônier divisionnaire au 11e REI
– tué le 27 mai 1940
Lieutenant Jacques de Rousiers
– l’officier de transmissions du 11e REI
– tué le 18 juin 1940
Lieutenant Jean Hafenscher
– chef de section à la 6e Compagnie du 11e REI
– gravement blessé le 13 mai, mort le 20 mai 1940
Lieutenant André Jabouille
– chef de section à la CA2 du 11e REI
– tué le 18 juin 1940
Lieutenant Marc Jurion
– chef de section à la 1re Compagnie du 11e REI
– chef de groupe franc
– tué le 13 mai 1940
Lieutenant Benoît Seillon
– commandant la 2e Compagnie du 11e REI
– l’ex-officier de dépannage à la Compagnie Hors-Rang
– disparu le 22 mai 1940
Lieutenant Roger Viel
– chef de section à la CA2 du 11e REI
– tué le 18 juin 1940
Après l’armistice
Le 23 juin, le 11e REI cesse d’exister. Les blessés et les épuisés du régiment sont faits prisonniers avec le reste de la division que l’ennemi a encerclé dans les secteurs de Crézilles et d’Ochey. Ils reçoivent l’ordre de marcher à Verdun, où les Allemands ont établi un camp de prisonniers de guerre, le « Frontstalag 240 ».
Entre-temps, 578 officiers, sous-officiers et légionnaires du 11e Régiment étranger d’infanterie échappent à la captivité. Ils franchissent la ligne de démarcation et se réfugient en zone libre. Arrivés à Aix-en-Provence (à environ 30 km au nord de Marseille) dans le sud de la France, ils rejoignent le dépôt de la Légion qui y a été transféré depuis les camps situés près de Lyon. Par la suite, l’ensemble du groupement s’est déplacé à environ 15 km plus au sud-est, dans une petite ville appelée Fuveau.
Le 14 juillet, jour de la fête nationale française, les légionnaires défilent devant le public de Fuveau.
À la fin du mois de juillet, la décision a été prise d’employer ces hommes de manière significative. C’est ainsi qu’est né le projet de la « Route de la Légion ». Cette route devait avoir une longueur de plusieurs centaines de mètres. Elle passe près de l’ermitage Saint-Jean du Puy, dans le secteur de Trets, à 10 km au nord-est d’Aubagne, actuelle maison-mère de la Légion. La « Route de la Légion » est achevée en août.
Également en août 1940, les survivants du 12e REI (autre régiment de marche de la Légion) arrivent à Fuveau. Par la suite, tous les légionnaires d’active – rescapés des deux régiments dissous – sont renvoyés en Afrique du Nord.
Le dépôt de la Légion à Fuveau est dissous le 22 août. Les EVDG des deux régiments et du dépôt sont ensuite répartis en quatre unités de travail ; la plupart de ces hommes sont démobilisés au début de l’année 1941.

Conclusion
Les volontaires étrangers du 11e régiment étranger d’infanterie, mal équipés, se battent enfin courageusement comme des soldats aguerris. Avec les légionnaires d’active et les réservistes, ils forment une unité cohérente qui a dû faire face à l’armée moderne et supérieure de l’Allemagne nazie, soutenue par l’artillerie lourde et l’aviation. Cependant, les hommes du 11e REI ne se sont jamais laissés effrayer par l’ennemi.
Les quatre cinquièmes des hommes du régiment ont été tués, blessés ou portés disparus. Parmi eux, un chef de bataillon et cinq commandants de compagnie ont été tués au combat.
L’année suivante, au début du mois de septembre 1941, le 11e REI obtient une citation à l’ordre de l’armée et reçoit la Croix de guerre de 1939-45.
A la fin du même mois, le cravate du drapeau du 11e REI et le fanion du 1er Bataillon sont retrouvés dans leur cachette à Crézilles. Ils ont été récupérés par une infirmière, Mlle Meiffredy, grâce aux informations détaillées du commandant Robitaille. Ce dernier est arrivé en France en provenance de Syrie, où il a combattu avec le 6e REI contre une invasion britannique. En 1940, il fut chef de l’état-major du 11e REI.
Les deux emblèmes ont été emportés en Algérie, en Afrique du Nord, et déposés dans la salle d’honneur de la Légion à Sidi Bel Abbès, maison-mère de la Légion jusqu’en 1962.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une Amicale des anciens du 11e REI est créée en France en mars 1946. Elle est présidée par M. Rouillon, ancien commandant du 1er Bataillon du régiment.
A Sidi Bel Abbès, fin avril 1946, les deux anciens commandants du régiment – le général Robert et le lieutenant-colonel Clément – se rencontrent lors des festivités de Camerone, en présence de la cravate du drapeau du 11e REI. Au cours de cette cérémonie, une délégation des anciens combattants belges du 11e REI a remis les fanions du 3e Bataillon et de la 1re compagnie d’accompagnement à la salle d’honneur de la Légion.
En mai 2000, une stèle a été inaugurée dans le Bois d’Inor pour commémorer la bataille héroïque du 11e REI qui s’y est déroulée en mai 1940.
Dans les années 2000, un monument aux morts dédié aux hommes du 11e REI et du 12e REI a été construit près de la « Route de la Légion », au sud de Trets. Chaque année, début novembre, une cérémonie y est organisée pour rendre hommage aux hommes de ces deux régiments qui ont combattu courageusement en France en 1940.
En 2018, le Groupement de recrutement de la Légion étrangère (GRLE) a reçu un nouveau drapeau du 11e REI à garder. Également, le GRLE a été chargé de maintenir les traditions de l’ancien régiment.














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L’article original : 11th Foreign Infantry Regiment
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Principales sources d’informations :
Luce Coupin: Vainqueurs quand même (Chez l’Auteur, 1972)
Képi blanc revues
Légion Etrangère revues
Vert et Rouge revues
11e et 12e REI,13e DBLE, 1939-1940 (Fr)
Fanion Vert et Rouge (Fr)
Mémorial Gen Web (Fr)
Google Maps
Wikipedia.org
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La page a été mise à jour le : 10 février 2025