Compagnie Renforcée de Travaux Routiers de la Légion Etrangère

L’année 1978 a marqué la fin de la mission du 61e BMGL au camp de Canjuers, alors le plus grand camp militaire d’Europe, d’une superficie de 34 594 hectares. Unité mixte génie-légion, le bataillon était prêt à partir après sept années de travaux acharnés. Cependant, il était nécessaire de continuer à entretenir le camp et à améliorer son réseau routier. Il fut donc décidé de créer une nouvelle unité de génie, cette fois-ci exclusivement légionnaire, pour remplacer le 61e BMGL à Canjuers.

Compagnie Renforcée de Travaux Routiers - Légion étrangère - historique - CRTRLE

Création et composition de la CRTRLE

La nouvelle unité a pris l’appellation de Compagnie renforcée de travaux routiers de la Légion étrangère (CRTRLE). Créée officiellement le 2 août 1978, la compagnie est alors commandée par le capitaine Aubard, avec le capitaine Phannavong comme son adjoint.

La CRTRLE compte un bon nombre de spécialistes compétents, mais elle accueille également de jeunes légionnaires. Pour eux, des stages sont organisés par les unités du génie à Avignon, Metz, Toul, et d’autres.

La compagnie s’installe au camp de Canjuers, dans les baraques métalliques préfabriquées Fillod de ses prédécesseurs du 61e BMGL. Une borne romaine se trouvait au milieu de ces baraques, rappelant que d’autres légionnaires avaient construit des routes sur le même site, 2 000 ans auparavant.

L’unité est considérée comme l’héritière de la Compagnie de sapeurs-pionniers (CSP) du 1er Régiment étranger (1er REI), unité stationnée en Algérie et dissoute en 1940. La CRTRLE a repris l’insigne et le fanion de cette dernière. Pour anecdote, les légionnaires de la compagnie de Légion du 61e BMGL avaient également désigné la CSP/1 comme leur prédécesseur et avaient adopté son insigne (huit ans plus tôt, en 1970), bien qu’avec des modifications mineures. Entre 1978 et 1982, date de la dissolution du 61e BMGL, il existait donc deux compagnies de Légion différentes portant des insignes presque identiques.

La CRTRLE, qui allait devenir la plus grande compagnie de Légion, se compose de sept sections :

Section de commandement
– elle assure toutes les missions de gestion, administration, logistique et maintenance, et comprend un atelier de deuxième échelon B

Section d’équipement
– elle a pour principales missions d’embellir les routes du camp et de concasser les roches que le forage et les explosifs détachent des carrières
– elle aussi comporte un groupe d’application

Sections de travaux (1ère + 2éme)
– elles sont articulées en groupe engins, groupe compresseur et deux groupes travaux

Section maçonnerie
– elle a la charge des ouvrages d’art et conserve deux groupes de maçons pour les travaux divers

Section transport
– elle comprend un groupe de chantiers et un groupe route, ce dernier assurant toutes les liaisons nécessitées par l’isolement du camp

Section d’intervention (incendie)
– elle se divise en six groupes qui veillent à la sécurité incendie de la base du camp

CRTRLE - Légion étrangère - France - Paris - Draguignan - carte - location

CRTRLE - Légion étrangère - Camp Canjuers - Draguignan - carte - location

CRTRLE - Légion étrangère - Compagnie renforcée de travaux routiers - Camp de Canjuers - Capitaine Aubard - General Goupil — Le capitaine *Aubard* (à gauche), commandant la CRTRLE, et le général *Goupil*, alors « père » de la Légion étrangère.

CRTRLE - Légion étrangère - Compagnie renforcée de travaux routiers - Camp de Canjuers - bâtiment FILLOD - 1978-1979 — Un des bâtiments préfabriqués FILLOD de la CRTRLE à Canjuers.

CRTRLE - Légion étrangère - Compagnie renforcée de travaux routiers - Camp de Canjuers - Fanion - 1978 — Fanion de la CRTRLE de 1978 à 1984. L’unité fut considérée comme l’héritière de la Compagnie de sapeurs-pionniers du 1er Etranger (CSP/1).

CRTRLE - Légion étrangère - Compagnie renforcée de travaux routiers - Camp de Canjuers - Insigne - 1978 — L’insigne créé pour la CSP/1 en Algérie en 1937 a été repris par la CRTRLE en 1978, avec une seule modification : les lettres “LÉGION ÉTRANGÈRE” en relief.

CRTRLE à Canjuers de 1978 à 1984

Unité de Légion, la CRTRLE est administrativement rattachée au 1er Étranger d’Aubagne. Mais pour emploi, elle dépend directement du commandement du génie de la 5e Région militaire, à l’exception de la Section d’intervention qui relève du camp de Canjuers.

Cette grande unité particulière et unique en son genre est responsable à Canjuers de nombreuses tâches, dont l’entretien de six champs de tir, de 430 kilomètres de pistes et de 100 kilomètres de routes, ainsi que la construction de nouvelles pistes et routes et l’agrandissement de quatre sites de bivouac. En été, la compagnie doit toujours être prête à offrir son aide pour lutter contre les incendies, qui sont fréquents dans la région. En hiver, elle participe au déblaiement de la neige. Enfin, il lui faut être en mesure d’intervenir efficacement en cas de tremblement de terre ou de catastrophe naturelle.

Fin 1978, l’effectif théorique de la CRTRLE (200 hommes) est pratiquement atteint. La flotte initiale de 183 véhicules et machines a été complétée par un certain nombre d’ajouts, ce qui a porté le nombre total à plus de 200. On y trouvait notamment des tracteurs-niveleurs, Continental, Caterpillar, niveleurs sur pneumatiques de toutes tailles, niveleuses, foreuses, tractochargeurs et V.L.R.A. rutilants, véhicules incendie super-équipés et jeeps avec canon de 106 mm sans recul.

Fin juillet 1981, le capitaine Babonneau succède au capitaine Aubard.

En 1982, la CRTRLE est forte de 240 officiers, sous-officiers et légionnaires. Pour mémoire, à l’époque, une compagnie ordinaire d’infanterie disposait environ de 130 à 150 hommes.

Fin juin 1983, c’est le capitaine Kampmeyer qui prend le commandement de la compagnie. L’année précédente, il servait comme le dernier commandant de la compagnie de Légion (CTL) du 61e BMGL.

L’année 1984 a été marquée par une grande réorganisation de la Légion ; ce remaniement a également touché sa partie « génie ». La compagnie a quitté le camp de Canjuers, où elle avait passé plus de cinq ans. En juin, après une courte étape de remise en condition matérielle et humaine dans le quartier du 1er Étranger à Aubagne, elle est transférée à Laudun dans le Gard, pour remettre en condition des bâtiments quelque peu fatigués de l’ancien camp de l’Ardoise du 7e Régiment du génie.

Là, le 30 juin 1984, la CRTRLE du capitaine Kampmeyer est dissoute. Le lendemain, le 1er juillet, ses hommes ont constitué le noyau du 6e Régiment Etranger de Génie (6e REG), créé le même jour.