Introduction
Au mois d’août 1914, au début de la Première Guerre mondiale, la France est envahie par l’armée allemande. En même temps, l’Empire ottoman (l’actuelle Turquie) signe en secret un traité d’alliance avec des Empires centraux (l’Empire allemand et l’Autriche-Hongrie) contre l’Entente (aussi les Alliés : la France, le Royaume-Uni et la Russie impériale). Fin octobre 1914, la Turquie entre en guerre. Les installations russes d’Odessa, Sébastopol et Novorossisk sont bombardées. Un paquebot français est endommagé et une canonnière russe est coulée. En même temps, c’est la fermeture des Dardanelles (ou détroit des Dardanelles), un passage maritime qui sépare l’Europe de l’Asie et qui permet le contrôle des liaisons entre la mer Méditerranée et la mer Noire. C’est aussi la seule voie possible pour ravitailler la Russie en matériel. Une campagne alliée en Orient est donc préparée pour l’année 1915.
Pour cette campagne, une nouvelle division française sera constituée, avec des régiments de marche. L’un de ces régiments est formé en Afrique du Nord, avec des légionnaires et zouaves (soldats français recrutés parmi les Européens de l’Afrique du Nord).
Création du Bataillon de Légion d’Orient et du 1er RMA
Le Bataillon de Légion d’Orient (ou plus officiellement plus tard, le Bataillon de marche de Légion étrangère en Orient) est constitué le 1er mars 1915 en Algérie, destiné pour le front d’Orient. Il comprend un état-major et quatre compagnies. Deux sont fournies par le 1er Régiment Etranger (1er RE), deux autres par le 2e Etranger (2e RE). Entre les 1 124 hommes, il y a pas mal d’Italiens. Le Chef de bataillon Louis Geay prend le commandement. Cet officier n’est venu à la Légion qu’en 1914. Auparavant, il a servi avec des tirailleurs algériens.
Composition du Bataillon de Légion d’Orient en mars 1915
- Commandement : Chef de bataillon Geay
- Etat-major : Lieutenant Royer
- Section de mitrailleuses : Lieutenant Dumenieu
- 1ere Compagnie : Capitaine Rousseau
- Lieutenant Hamot
- Lieutenant Bouhelier
- 2e Compagnie : Capitaine Kelsch
- Lieutenant Gully
- Sous-lieutenant Beck
- 3e Compagnie : Capitaine Cao-Van
- Lieutenant Chavanne
- Lieutenant Timm
- 4e Compagnie : Capitaine Bernois
- Lieutenant Bisgambiglia
- Sous-lieutenant Voigt
Le Bataillon de Légion forme, avec un bataillon du 3e Zouaves et un bataillon du 4e Zouaves, le 1er Régiment de Marche d’Afrique (1er RMA), une unité provisoire créée pour le front d’Orient, sous les ordres du Lieutenant-colonel Desruelles.
Le Bataillon de Légion fut le 3e Bataillon du 1er RMA.
Le 1er RMA formera, avec le 175e Régiment d’infanterie, la 1re Brigade métropolitaine du Général Vandenberg, un ancien officier de la Légion (en 1897-1901 et 1912-13).
À propos, le 175e Régiment d’Infanterie (175e RI) est sous les ordres d’un certain Lieutenant-colonel Forey. Cet officier arriva à la Légion comme sergent en 1884 et a gagné ses épaulettes d’officier au Tonkin (Indochine) deux ans plus tard. En 1918-19, il fera le chef de corps du 1er Etranger. En 1946, doyen des légionnaires, il portera la main du Capitaine Dajnou pendant la fête de Camerone.
La 1re Brigade métropolitaine est rattachée, avec la Brigade coloniale (quatre batallions sénégalais + deux bataillons européens des 4e et 6e RMC) + quelques éléments d’artillerie et du génie, à la 1re Division du Général Masnou. Cette division est alors la seule unité du Corps Expéditionnaire d’Orient (CEO) du Général Albert d’Amade, lui-même placé sous les ordres du Général Sir Ian Hamilton, commandant en chef de la Force expéditionnaire méditerranéenne.
Le 2 mars 1915 à Oran, le Bataillon s’embarque à destination de l’Orient. Il a fait escale à Lemnos (l’île grecque au nord-est de la mer Égée) jusqu’au 26 mars et à Alexandrie (Égypte) jusqu’au 10 avril. Le régiment y poursuit son instruction et reçoit son drapeau. Le 11 avril, le Bataillon de Légion rembarque pour Lemnos, suivi une semaine plus tard par le reste du régiment, alors sous les ordres du Lt-Col Foulon qui a remplacé le Lt-Col Desruelles (blessé en Égypte).
À partir du 24 avril, les troupes françaises, britanniques et ANZAC (troupes australiennes et néo-zélandaises) sont concentrés sur l’île de Ténédos (Bozcaada, une île turque située dans le nord de la mer Égée). Les Alliés envisageaient de débarquer dans la péninsule de Gallipoli (une partie de l’Empire ottoman) pour prendre le contrôle des Dardanelles. La péninsule de Gallipoli constitue la rive nord du détroit. Un débarquement allié fut donc organisé le 25 avril au sud de la péninsule.
Campagne des Dardanelles
Le 25 avril 1915, la Campagne des Dardanelles (aussi Campagne de Gallipoli, Bataille des Dardanelles ou Bataille de Gallipoli) commence dans la péninsule de Gallipoli. Les débarquements sont réalisés par les Anglais et les unités ANZAC sur six plages, au sud et au nord-ouest (ANZAC) de la péninsule. Les Anglais doivent prendre le contrôle du cap Helles, un promontoire rocheux, et avancer vers Krithia (Alçıtepe, un village 6 km au nord du cap Helles) et vers les hauteurs d’Achi Baba au nord-est du village. Pour les Alliés, ces deux points sont les plus importants pour achever. En même temps, les Français de la Brigade coloniale réalisent une attaque de diversion à Kumkale sur la côte asiatique du détroit. La Brigade métropolitaine du 1er RMA est tenue en réserve.
Le 27 avril 1915, les Ottomans contre-attaquent les six brigades alliées de l’ANZAC, mais sans succès. Le soir, une autre partie des Alliés débarque au cap Helles, près de Sedd-Ul-Bahr, un village avec une vieille forte.
Le 28 avril matin, c’est le 1er RMA qui débarque, avec son Bataillon de Légion (3e Bataillon). Le régiment débarque à Morto Bay (une baie au nord-est de Sedd-Ul-Bahr), sur la plage « S » . Depuis la plage jusqu’à l’Achi Baba, le terrain montagneux et raviné est difficile pour des forces offensives. Quatre grands ravins (dérés) descendent de l’Achi Baba vers le cap. À l’est, on trouve le ravin de Kéréves Déré. Ce secteur sera confié au 1er RMA. Tout de suite, les forces alliées lancent une offensive pour prendre les positions turques autour de Krithia.
Bataille de Sedd-Ul-Bahr (25 avril – 4 mai)
L’offensive générale commence à 8 heures du matin. À l’ouest de la péninsule, elle est menée par la 29e Division britannique. Dans le secteur des Français, elle est menée par le Bataillon de Légion, un autre bataillon du 1er RMA et un bataillon du 175e RI. Les trois bataillons avancent vers le ravin de Kéréves Déré, qui est atteint à 16 heures. Là, les Turcs sont bien installés avec l’artillerie et mitrailleuses. Le combat se déclenche. Il est violent et les pertes augmentent très rapidement. Les contre-attaques de l’ennemi sont repoussées par de furieuses charges à la baïonnette. Vers 20 heures, l’action perd de son intensité et les légionnaires entreprennent l’aménagement de la position conquise. Pour cette seule journée, les pertes du Bataillon de Légion sont 8 officiers blessés et 100 légionnaires tués ou blessés. Les Anglais et les Français ne progressent que de 3 km au prix de 3 000 pertes humaines.
Dans la nuit du 1er au 2 mai, les Turcs déclenchent une offensive décisive contre les positions des deux brigades françaises. Ils attaquent en masse pour rejeter à la mer le Corps expéditionnaire. Mais la résistance du Bataillon de Légion et ses brillantes charges à la baïonnette, menées par la 1re Compagnie de l’Adjudant-chef Léon, rétablissent la situation. Ensuite, la contre-attaque générale de toutes les troupes françaises est ordonnée. Les Turcs sont balayés et reconduits jusqu’à leurs positions de départ. Le 2 mai, réduit à une poignée de braves commandés par le Lieutenant Bouhelier, le Bataillon de Légion dégage encore les tranchées dans laquelles l’ennemi avait pénétré. Le Lieutenant Bouhelier, le dernier officier survivant du Bataillon, est blessé à son tour.
Les pertes sont sensibles. Presque tous les officiers du régiment sont tués ou blessés, le lieutenant-colonel et les chefs de bataillon inclus. Le 1er RMA (quatre compagnies de combat au total sur les trois bataillons) passe sous les ordres du Capitaine Squinet.
Pendant les derniers deux jours, le Bataillon de Légion compte 4 officiers blessés et 190 légionnaires tués ou blessés. L’Adjudant-chef Léon, le plus ancien sous-officier, prend le commandement du Bataillon.
Les jours suivants, les Ottomans continuent à canonner vigoureusement les positions françaises, pendant que son infanterie tire sans arrêt. Dans la nuit du 4 mai, le 1er RMA repousse de très nombreuses attaques turques.
Le 5 mai, le Lieutenant-colonel Niéger prend le commandement du 1er RMA.
Le même jour, des renforts arrivent au régiment. L’Adjudant-chef Léon est nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille et recevra la Légion d’honneur. Le Lieutenant Salomon prend le commandement du Bataillon. Les deux hommes sont les seuls officiers de l’unité aptes au combat.
Bataille de Krithia – Kérévés Déré (5 mai – 13 juillet)
1er combat du Kérévés Déré (6-9 mai)
Le 6 mai, les forces alliées attaquent à nouveau les positions turques de Krithia – Achi Baba. La 1re Brigade métropolitaine est ordonnée d’occuper le mouvement du terrain de Kérévés Déré. Les pertes pendant de l’avance de 1 800 mètres sont sérieuses, mais l’objectif est atteint. Les légionnaires ont enlevé encore deux tranchées turques.
Néanmoins, dans cette journée, les Britanniques ne progressent que de 500 m au prix de 6 300 morts.
Du 8 au 9 mai, l’offensive anglo-française continue. La 1re Division du Général Masnou enlève de l’éperon de Kérévés Déré et les Anglais enlèvent la première crête de Krithia.
Pendant les dix derniers jours de lutte sans merci et sans répit, les légionnaires et zouaves rivalisent d’entrain et d’héroïsme. Malheureusement, presque tous les officiers et gradés du 1er RMA sont tués ou blessés, et donc beaucoup d’actes de bravoure demeureront à jamais inconnus.
Le 9 mai, un petit renfort de quelques officiers et hommes arrive au Bataillon.
À partir du 10 mai, les alliés sont établis solidement sur la péninsule de Gallipoli. Le 1er RMA garde toujours le sous-secteur en bordure du détroit, très exposé aux coups des positions ennemies d’Achi Baba et celles de la côte d’Asie.
Le 14 mai, le Général d’Amade, malade, est remplacé à la tête du Corps Expéditionnaire d’Orient (CEO) par le Général Gouraud.
Le 25 mai, un renfort de 4 officiers et 350 hommes arrive au Bataillon de Légion. Il est reformé et placé sous les ordres du Capitaine James Waddell. Néo-Zélandais, il rejoignit la Légion comme sous-lieutenant en 1900, après avoir quitté l’Armée britannique.
Fin mai, la 2e Division (Général Bailloud) arrive aux Dardanelles pour renforcer le CEO, avec le 2e RMA. Le 29 mai, le bataillon du 3e Zouaves du 1er RMA est donc remplacé par un bataillon du 4e Zouaves du 2e RMA. Au 1er RMA, il y a maintenant le Bataillon de Légion et deux bataillons du 4e Zouaves.
Combat de Fortin Le Gouez (30 mai)
Le 30 mai, un combat très chaud est livré sur la droite du Kérévés Déré. La compagnie du Capitaine Salomon du Bataillon de Légion tient le Fortin Le Gouez et repousse trois attaques successives des Turcs en moins de deux heures. Avant de succomber sous le nombre de l’ennemi, un peloton de renfort amené par le Capitaine Waddell contre-attaque les Ottomans et les rejette hors de l’ouvrage. À minuit, une nouvelle attaque ennemie. Les légionnaires, commandés par les Capitaines Waddell et Solomon, exécutent une charge à la baïonnette et chassent définitivement l’ennemi du fortin. Mais, on compte 21 hommes tués et 53 blessés.
2e combat de Kérévés Déré (4 juin)
La progression anglo-française vers Krithia continue le 4 juin. Environ 30 000 hommes attaquent dans cette journée. Malgré de lourdes pertes, les légionnaires progressent vers l’ennemi, mais leurs rangs sont fauchés et cloués au sol. La Légion compte 23 hommes tués et 78 blessés. Le soir, l’attaque des Alliés est suspendue. Ils ne gagnent que de quelques centaines de mètres. Environ 3 000 Turcs sont tués.
Composition du Bataillon de Légion d’Orient en mi-juin 1915
- Commandement : Chef de bataillon Waddell
- Section de mitrailleuses : Sous-lieutenant Maillet
- 1ere Compagnie : Lieutenant Polli
- Sous-lieutenant Colin
- Sous-lieutenant Falcon
- 2e Compagnie : Sous-lieutenant Beck
- Sous-lieutenant Bal
- Sous-lieutenant Grégoire
- 3e Compagnie : Lieutenant Seilaz
- Sous-lieutenant Marachelli
- Sous-lieutenant Taillantou
- 4e Compagnie : Capitaine Bisgambiglia
- Sous-lieutenant Casanova
3e combat de Kérévés Déré (21-22 juin)
Le 21 juin, une offensive est menée par les Français pour enlever une redoute, nommée « Bouchet » (ou « Haricot » dans les sources anglaises), avec sa Place d’arme. Les coloniaux et les zouaves n’ont pas réussi. Mais les légionnaires dans un élan furieux enlèvent les tranchées ennemies. Les vifs combats continuent jusqu’à midi du 22 juin. Les éléments de Légion du Capitaine Bisgambiglia se distinguent au cours de ces deux jours ; la redoute et la Place d’arme sont enlevées. Néanmoins, 4 officiers et 57 légionnaires sont tués, un officier et 130 hommes sont blessés.
Pour ses brillantes actions du 21 au 22 juin 1915, le Bataillon de Légion gagnera une citation à l’ordre de l’Armée.
Fin juin, le commandant en chef du CEO, Général Gouraud, est grièvement blessé ; il cède le commandement du Corps au Général Bailloud.
En même temps, un 4e combat de Kérévés Déré se déroula, mené par la 2e Division.
Début juillet, la dénomination de compagnies se modifia dans le régiment. Les 1re, 2e, 3e et 4e Compagnie du Bataillon de Légion deviennent donc les 9e, 10e, 11e et 12e Compagnie du 1er RMA.
5e combat de Kérévés Déré (12-13 juillet)
Le 12 juillet, la 1re Division est ordonnée d’attaquer les positions turques au Bas-Kérévés et de progresser vers la rive gauche. Mais pendant cette action, le P.C. de la 1re Division est bombardé ; le Général Masnou est tué.
Cependant, le soir, l’attaque recommence. Il est dirigé par le Chef de bataillon Waddell du Bataillon de Légion. Dans son dispositif, deux compagnies de légionnaires et deux de zouaves. Les Turcs défendent énergiquement leurs tranchées. Cependant, après un terrible corps à corps à l’arme blanche et à la grenade, et grâce à la diligence du Commandant Waddell, la position ennemie est enlevée et complètement nettoyée. Le Commandant Waddell demande à conserver le commandement, malgré qu’il est traversé de part en part par une balle.
Vers le minuit, une violente contre-attaque se produit. Mais elle est repoussée avec succès.
Le 20 juillet, le Lt-Col Niéger, malade, cède le commandement du 1er RMA au Chef de bataillon Widmann.
Le lendemain, le Bataillon de Légion est reformé avec un renfort de 5 officiers et 255 légionnaires. Le Chef de bataillon Waddell, blessé, est remplacé à la tête du Bataillon par le Capitaine Eugène Homo (alors commandant la 10e Compagnie). La section de mitrailleuses est rattachée à l’E.M. du régiment.
Fin juillet, un bataillon des volontaires hellénique (440 officiers et hommes) est intégré au 1er RMA, surnommé la Légion grecque. Elle est commandée par le Chef de bataillon Pantelis Karasevdas, un champion olympique de tir lors des Jeux olympiques de 1896. Pour des raisons administratifs, cette Légion est ajoutée à la Légion étrangère.
6e combat du Kérévés Déré (7 août)
Le 6 août, les renforts britanniques lancent une offensive générale dans la baie de Suvla, au nord de la péninsule. Le plan est de déborder les défenseurs turcs au sud, qui ont confiné les Britanniques à la pointe de la péninsule. Les débarquements sont coordonnés avec l’attaque australienne et néo-zélandaise. Pour retenir devant les Français le plus de troupes ennemies possibles pour faciliter le débarquement et l’offensive des forces britanniques dans la région de Suvla, les deux divisions françaises participent par des attaques partielles sur le front. Le Bataillon de Légion est en réserve.
Malheureusement, bien que les débarquements à Suvla ne rencontrent pas d’opposition, les Britanniques ne profitent pas de la situation. C’était la dernière opération des Alliés aux Dardanelles.
Le 15 août, un renfort de 3 officiers et 231 hommes arrive au Bataillon de Légion.
Deux jours plus tard, le Lieutenant-colonel Schneider prend le commandement du 1er RMA.
En septembre, le Bataillon de Légion est au repos de deux semaines sur l’île de Ténédos. Il remonte en ligne du 20 septembre au 1er octobre.
Le 2 octobre, le 1er RMA quitte Gallipoli, avec le Bataillon de Légion, pour Salonique en Grèce. L’expédition des Dardanelles est finie.
Le résultat militaire de la campagne des Dardanelles, qui avait coûté la vie à plus de 50 000 Britanniques et Français, est un sujet de débat pour les historiens. L’une des conséquences de cette malheureuse affaire était la démission de Winston Churchill de son poste de premier lord de l’Amirauté. En définitive, les Alliés ne parvinrent pas à prendre le contrôle des Dardanelles. Mais d’autre part, la campagne n’eut pas d’impact sur le cours de la Première Guerre mondiale.
Les officiers du Bataillon de Légion morts aux Dardanelles
Capitaine Louis Devirieux
– tué le 12 juillet 1915
Capitaine Louis Rousseau
– gravement blessé le 1er mai, il mort le 7 mai
Lieutenant Henri de Bonet d’Oléon
– tué le 11 mai 1915
Lieutenant Jules Seilaz
– tué le 21 juin 1915
Sous-lieutenant Pierre Beck
– tué le 21 juin 1915
Sous-lieutenant Charles Caumer
– tué le 4 juin 1915
Sous-lieutenant Arcade Dufrene
– tué le 28 avril 1915
Sous-lieutenant Ferdinand Grégoire
– tué le 22 juin 1915
Sous-lieutenant Jean Taillantou
– tué le 22 juin 1915
Expédition de Salonique
L’expédition de Salonique (1915-1918, aussi Front de Salonique ou Front de Macédoine), est une opération des armées alliées pendant la Première Guerre mondiale. Menée à partir du port grec de Salonique (Thessalonique aujourd’hui), l’opération est destinée, dans un premier temps, à soutenir l’Armée serbe (l’une des forces alliées) par les troupes britanniques et françaises évacuées des Dardanelles à partir du 29 septembre 1915.
À la suite de l’échec aux Dardanelles, les forces alliées évacuent la zone des Détroits de septembre 1915 à janvier 1916. Une partie des troupes – deux divisions (une division française et la 10e Division irlandaise) – est envoyée au secours de la Serbie contre une offensive préparée par les Empires centraux.
À partir du 6 octobre, le 1er RMA, avec les 2e RMA, 175e RI et 176e RI du Corps Expéditionnaire d’Orient français sont regroupés à Salonique en Grèce (alors un pays neutre). Ces quatre régiments forment la 156e Division d’Infanterie du Général Bailloud et, en même temps, l’Armée d’Orient (AO), avec le Général Sarrail comme le commandant en chef.
Fin octobre, les 57e et 122e Divisions françaises débarqueront à Salonique à leur tour et rejoindront l’Armée d’Orient.
Les régiments de la 156e Division demeurent au camp de Zeitenlik (4 km au nord de Salonique). Pendant ce temps, « SEDD-UL-BAHR 1915 » et « KEREVES-DERE 1915 » sont inscrits sur le drapeau du 1er RMA.
Aussi, le Chef de bataillon Jean remplace le Capitaine Homo et prend le commandement du Bataillon de Légion. Le Bataillon est composé de 18 officiers (parmi eux quelques Italiens) et 528 sous-officiers et légionnaires.
Composition du Bataillon de Légion en octobre 1915
- Commandement : Chef de bataillon Jean
- 9e Compagnie : Capitaine Laurent
- Sous-lieutenant Conte
- Sous-lieutenant Denizon
- 10e Compagnie : Capitaine Homo
- Lieutenant Césari
- Sous-lieutenant Finelli
- 11e Compagnie : Capitaine Chavanne
- Sous-lieutenant Riccio
- Sous-lieutenant Bringolf
- 12e Compagnie : Capitaine Canudo (detaché)
- Lieutenant Schmidt
- Sous-lieutenant Casanova
Campagne de Serbie (1915)
En 1915, le royaume de Serbie est un bon allié de la France. Le roi Pierre Ier (Pierre Karageorgévitch) fait ses études militaires à Saint-Cyr. En 1870, il s’engage comme sous-lieutenant dans la Légion étrangère pour défendre la France contre les Prussiens et fut blessé pendant les combats.
En 1914, à cause de l’attentat de Sarajevo (l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouse le 28 juin), la Serbie devint l’un des principaux protagonistes de la Première Guerre mondiale. Fin juillet 1914, la campagne de Serbie (1914) est lancée par les Austro-Hongrois. Cependant, elle se tourne rapidement à l’avantage des Serbes et fin 1914, le front se stabilise.
Un an plus tard, le 5 octobre 1915, la seconde offensive des Empires centraux contre la Serbie fut lancée au nord, par les Austro-Allemands. Le but stratégique est de créer un lien terrestre direct entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie d’une part, la Bulgarie (son allié à partir du 6 septembre) et l’empire ottoman de l’autre. Les armées austro-allemandes progressent rapidement vers le sud. Le 14 octobre, les Bulgares à l’est passèrent à leur tour à l’offensive, désirant le rattachement à la Bulgarie de la Macédoine du Vardar (l’actuelle Macédoine du Nord), gagnée par les Serbes en 1913.
Voyant l’évolution de la situation, les troupes françaises et britanniques à Salonique décident de se porter sur Niš (une ville en Serbie) pour prendre les troupes bulgares de flanc, arrêter leur progression en Serbie et conserver ainsi le contrôle de la voie ferrée Salonique-Niš, qui remonte la vallée du fleuve Vardar, pour garder ouverte la seule voie de ravitaillement des Serbes vers l’extérieur. Les Alliés envisagent aussi de faire, par cette voie ferrée, leur jonction avec les troupes serbes.
Le 18 octobre, le 1er RMA est transporté par train à Gevgelija, alors un principal point de passage entre la Grèce et la Serbie (aujourd’hui, Macédoine du Nord), et continue plus loin, le long du Vardar, jusqu’à la gare de Stroumitsa-Station près d’Hudovo (Oudovo). C’est un petit village 20 km au nord de Gevgelija, en Macédoine du Vardar, alors une partie intégrante de la Serbie. Les hommes y arrivent le soir.
Le P.C. du régiment s’installe à Hudovo tandis que le P.C. du Bataillon s’établit à Kaluckovo (2,5 km à l’est, Gorna Maala aujourd’hui). La mission du 1er RMA et du Bataillon de Légion est de protéger le chemin de fer Salonique-Niš dans ce secteur (une vallée près de la frontière avec la Bulgarie), avec deux points importants (un pont et la gare), contre les Bulgares qui s’avancent.
Peu à peu, les Bulgares se tentent d’implanter sur les crêtes autour de la vallée, avec son artillerie, pour bombarder le pont, la gare et les positions françaises.
Le 22 octobre, un premier combat s’engage entre les légionnaires et l’ennemi. À la cote 328 près de Terzeli (environ 5 km à l’est du P.C. à Kaluckovo), la 11e Compagnie est attaquée. Les hommes du Capitaine Chavanne la défendent énergiquement toute la journée. Le combat coûte sept légionnaires blessés. Parmi les hommes qui se sont particulièrement distingués au cours de cette action, il y a le Sous-lieutenant Hans Bringolf, un aventurier suisse.
Quatre jours plus tard, le Chef de bataillon Jean remplace à la tête du 1er Bataillon du 1er RMA le Commandant Abadie, tué pendant les combats du 22 octobre. Le Capitaine Homo donc reprend le commandement du Bataillon de Légion. Le Bataillon sera réorganisé un peu, avec un échange d’officiers.
Entre-temps, les légionnaires effectuent des patrouilles de reconnaissance sur le front.
Le 3 novembre, un renfort de 3 officiers et 298 hommes arrive au Bataillon. Le Chef de bataillon Emmanuel Arqué remplace le Capitaine Homo. Le nouveau commandant du Bataillon a servi dans la Légion à partir de 1896 ; avant son arrivée en Orient, il était le chef de corps du 2e Etranger en Algérie (juin-octobre 1915).
Également, un Peloton de discipline est formé au sein de la 12e Compagnie, pour débloquer cette unité (érigée en Compagnie de discipline depuis Salonique). Cette unité spéciale commandée par les officiers de la Légion sert à tous les disciplinaires du régiment, légionnaires et zouaves.
Entre les 8 et 12 novembre, les légionnaires du Lieutenant Schmidt (9e Cie) enlèvent deux pitons tenus par les Bulgares au nord-est d’Ayranli (environ 5,5 km à l’est du P.C. à Kaluckovo). Le 14, c’est la même mission. Encore un mamelon est enlevé par ces légionnaires. Mais deux entre eux sont tués, cinq légionnaires sont blessés.
Deux jours plus tard, le 16 novembre, le régiment reçoit l’ordre d’enlever un piton près d’Ayranli. Les légionnaires sont chargés de l’opération. Le piton est surnommé le « Mamelon isolé des 2 arbres » (dans les ouvrages historiques, le mamelon est souvent appelée à tort le Massif Isolé ou la Dent de Scie). La 10e Compagnie du Capitaine Homo, appuyée par un peloton de la compagnie Colin (12e Cie), gravit les pentes escarpées du mamelon « des 2 arbres » , tandis que les 9e et 11e Compagnies attaquent le massif en partant de la Dent de Scie, un autre mamelon, situé près du village de Veseli.
Mais les légionnaires ne peuvent attendre les crêtes les plus élevées, ou les Bulgares sont fortement retranchés. Les pertes sont sensibles. Le combat des « 2 arbres » du 16 novembre coûte le Bataillon le Capitaine Eugène Homo et 18 légionnaires tués, le Sous-lieutenant Riccio et 45 légionnaires blessés. Le Sous-lieutenant Volokhoff prend le commandement de la 10e Compagnie. Un officier russe engagé en novembre 1914, il fera une grande carrière sous le drapeau français, dans la Légion comme dans l’Armée de l’air.
Le lendemain, le 17 novembre, les Bulgares tentent d’occuper les positions des 9e et 11e Compagnies sur les crêtes au nord de la « Dent de Scie ». Après six heures du combat, l’ennemi est repoussé, décimé par les grenades. Environ 250 Bulgares sont tués. Mais on compte aussi 13 légionnaires tués et 50 blessés.
À partir du 18 novembre, la fusillade ne cesse guère, mais il n’y a pas d’action sérieuse en raison d’abaissement de la température jusqu’à -15 °C. Que des patrouilles de reconnaissance continuent sur le front.
Le 20 novembre, un renfort de 322 hommes sous les ordres du Capitaine Albert Azan (chef de corps du 1er Etranger en 1935-39) arrive au Bataillon.
Le 25 novembre, face aux succès des troupes allemandes, austro-hongroises et bulgares, la retraite générale de l’Armée serbe est ordonnée, afin de continuer la guerre au côté des alliés. Cette retraite se fait en direction de l’Adriatique, à travers l’Albanie, pour être évacuée par mer par les flottes de l’Entente. Le 1er RMA devra donc, avec le Bataillon de Légion, couvrir l’armée franco-britannique qui se replie le long du Vardar, par la voie ferrée ou à pied, vers Salonique.
Le secteur devient encore plus actif. La canonnade et les tirailleries sur la ligne d’avant-postes sont fréquentes et blessent les légionnaires.
Le 3 décembre, cinq légionnaires sont tués dans une attaque bulgare. Mais l’action la plus grave se déroule dans la nuit du 7 au 8 décembre. C’est une série d’assauts sur les positions au nord de la « Dent de Scie ». Mais les légionnaires des 9e et 11e Cie les gardent coûte que coûte. Cette nuit, 12 parmi eux sont tués ; le Sous-lieutenant Blanchard et 61 hommes sont blessés.
Dans la nuit du 8 décembre, il y a encore sept attaques ennemies sur ces positions, toujours bien repoussées par de charges à la baïonnette, en chantant la « Marseillaise » et le « Chant du départ » . Neuf légionnaires sont blessés.
Mais, en même temps, l’ordre de retraite vers Salonique parvient au 1er RMA. Au petit matin du 9 décembre, toutes les positions, bien défendues pendant les six semaines, seront abandonnées. Le Bataillon de Légion est en arrière-garde du régiment. Les unités doivent marcher le long du Vardar, vers le sud.
Le 11 décembre, près de Cernica (Grchishte), les 10e et 11e Compagnies sont violemment attaquées par l’artillerie ennemie. On compte 5 légionnaires tués et 27 blessés.
Par Gavato, le Bataillon de Légion rentre le 12 décembre à Bogoroditsa, un village sur la frontière avec la Grèce. Une semaine plus tard, le 18 décembre, les légionnaires arrivent, par la voie ferrée, au camp de Vatiluk (Vathylakkos), au nord-ouest de Salonique. La Campagne de Serbie est terminée.
Sur le front de Salonique : décembre 1915 – août 1916
Le Bataillon de Légion demeure au camp de Vatiluk jusqu’en mars 1916. Pendant ce temps, les légionnaires sont chargés d’exécution des travaux de la ligne de résistance au nord de Vatiluk, où ils alternent avec le 175e Régiment. Au repos, dans le camp, les légionnaires sont remis à l’instruction en vue des opérations ultérieures. Fin décembre, 3 officiers et 91 hommes arrivent pour renforcer le Bataillon de Légion.
Parmi eux, le Lieutenant Oswald Bjerring, un officier danois affecté à la 10e Compagnie du Capitaine Azan. Ayant pris le commandement de la compagnie et promu capitaine depuis fin avril, il quitte le bataillon début mai pour la 17e Division coloniale. Il sera tué au Tonkin en mai 1945, comme chef de bataillon au 5e REI.
Le 31 décembre, le commandant Arqué est nommé Lieutenant-colonel et prend le commandement du 175e RI. Une semaine plus tard, le Chef de bataillon Geay, blessé à Gallipoli et détaché après son rétablissement au 175e RI, lui remplace à la tête du Bataillon.
En février, le Bataillon reçoit plus de 200 légionnaires en renfort et son effectif se remonte à 981 hommes.
Le 18 mars 1916, le 1er RMA et le 175e RI (qui forment ensemble, au sein de la 156e Division, la 311e Brigade du Colonel Fillonneau) quittent le camp de Vatiluk vers la frontière gréco-serbe. Leur but est d’améliorer les routes et pistes à l’est et au nord-est des lacs Ardzan et Amatovo, dans les secteurs d’Avret Hisar (aujourd’hui Ginekokastro), Kirec (Chorigi), Gavalanci (Valtoudi) et Kalinova (Soultogianneika), de construire des fortifications et de patrouiller la ligne de contact avec l’ennemi. Les Bulgares sont postés au sud du lac Doiran, à l’est de Bogoroditsa.
Composition du Bataillon de Légion fin avril 1916
- Commandement : Chef de bataillon Geay
- Adjoint : Capitaine Azan
- 9e Compagnie : Capitaine Hamot
- Sous-lieutenant Conte
- Sous-lieutenant Denizon
- Sous-lieutenant Volokhoff
- 10e Compagnie : Capitaine Bjerring
- Sous-lieutenant Finelli
- Sous-lieutenant Noleau
- 11e Compagnie : Capitaine Chavanne
- Sous-lieutenant Bringolf
- Sous-lieutenant Lemaire
- Sous-lieutenant Rosini
- 12e Compagnie : Capitaine Bruera
- Lieutenant Césari
- Sous-lieutenant Casanova
- Sous-lieutenant Wimmer
- Sous-lieutenant Rubin
- Peloton de discipline : Sous-lieutenant Saint Pierre
En mai 1916, l’Armée serbe est reconstituée à Corfou et transportée en Grèce. Les Serbes sont envoyées par le Géneral Sarrail vers l’ouest, sur Flórina (une ville de Macédoine de l’Ouest, au nord de la Grèce), pour prévenir le débordement des troupes germano-bulgares.
En juin, les Alliés proclament l’état de siège à Salonique. Le Premier ministre grec Zaïmis ordonne la démobilisation de l’armée à la suite de dissensions avec les Alliés.
Le 31 juillet, la 156e Division est remplacée sur la ligne de contact par les Britanniques. Le 1er RMA, avec son Bataillon de Légion à l’effectif de 763 hommes, se retire dans les secteurs de Bohemica (Axioupoli) et Celtik (Rizia), à l’ouest du lac Amatovo et du Vardar. Les unités de la 156e Division, maintenant commandée par le Général Baston, y bivouaquent jusqu’au 21 août.
Offensive sur Florina et Monastir (1916)
Le 11 août, l’Armée d’Orient devient l’Armée française d’Orient (AFO), sous le commandement du Général Cordonnier. L’AFO fait partie des Armées alliées d’Orient (AAO) du Général Sarrail, nouvellement créées le jour même. Outre les Français (80 000 hommes), les AAO regroupent aussi des troupes de l’armée britannique (80 000 hommes), de l’armée serbe (100 000 hommes), et d’importants détachements russes, italiens et grecs.
Le 17 août, les Bulgares mènent une opération et occupent une grande partie du nord de la Grèce au nord-est de Salonique. Ils ont également conquis la ville de Florina à l’ouest.
Les Alliés reprennent l’initiative. Fin août 1916, les Français, les Serbes et les Russes sont déployés vers le lac Ostrovo (Vegoritida), pour commencer une offensive sur Florina et puis vers le nord, sur Monastir (Bitola) en Serbie.
La 156e Division quitte Celtik et Bohemica le 21 août, pour être transportée par le train vers l’Ostrovo à l’ouest, via Salonique et Vertekop (Skydra), où elle arrive le lendemain. Le 25 août, le Bataillon de Légion doit marcher à travers les montagnes vers Udzana (Komnina), pour couvrir les premières lignes des Serbes qui sont déjà établis dans le secteur. Là, le Bataillon s’installe le 31 août.
Le 2 septembre, le 1er RMA est réorganisé. Les quatrièmes compagnies sont dissoutes et remplacées par les Compagnies de mitrailleuses et de canons (CMC), équipées de mitrailleuses lourdes Saint-Étienne modèle 1907 et de canons de 37mm. La 12e Compagnie du Bataillon de Légion est donc supprimée. Elle est remplacée par la 3e CMC, constituée avec les éléments non-légionnaire. L’effectif de l’ex-12e Cie rejoint les trois compagnies restantes, qui comptent maintenant 4 officiers et 200 hommes chacune. Le Peloton de discipline est rattaché à la 11e Cie.
Composition du Bataillon de Légion en septembre 1916
- Commandement : Chef de bataillon Geay
- Adjoint : Capitaine Azan
- 9e Compagnie : Capitaine Hamot
- Lieutenant Conte
- Sous-lieutenant Denizon
- Sous-lieutenant Rubin
- 10e Compagnie : Capitaine Canalés
- Lieutenant Finelli
- Sous-lieutenant Noleau
- Sous-lieutenant Heineman
- 11e Compagnie : Capitaine Césari
- Sous-lieutenant Casanova
- Sous-lieutenant Lemaire
- Sous-lieutenant Rosini
- Peloton de discipline : Sous-lieutenant Saint Pierre
- 3e CMC (non-Légion) : Lieutenant Bévéraggi
Bataille de Florina
Le 9 septembre, le Bataillon progresse par Konop (Drosero) et Cor (Galateia) sur Rakita (Olympiada). Tous les trois villages sont occupés. Le soir et le lendemain, deux attaques bulgares se produisent à Rakita. L’ennemi est repoussé, mais 8 légionnaires sont tués et 16 sont blessés.
Le 12 septembre, le Général Sarrail reprend l’offensive sur Florina. Le Bataillon de Légion avance vers le nord-ouest, par Novoselo et Gjulunc (Radonas), sur Spanca (Fanos). Le 14 septembre, les légionnaires par équipes de 3-4 hommes traversent le pont de Spanca sous le feu d’artillerie ennemie tirant sans interruption, avec une impunité absolue. Puis, les légionnaires s’emparent brillamment de Spanca d’où ils chassent les Bulgares et occupent Eksisu (Xino Nero), un village voisin. Tout ça en présence du Général Cordonnier de l’Armée française d’Orient, qui est très satisfait et qui félicite les légionnaires pour leur belle conduite. Cette journée, le Bataillon perd 7 hommes tués et 23 blessés.
Ensuite, les légionnaires avancent vers Florina, par Leskovec (Leptokaries), Pesosnica (Ammochori) et Boresnica (Palaistra), où ils relèvent les Serbes le 21 septembre. Quatre autres hommes parmi eux sont tués.
Le 24 septembre, le Bataillon de Légion est ordonné de lancer un assaut sur les positions bulgares à Petorak (Tripotamos), situé à quelques kilomètres de Florina. Le Bataillon attaque courageusement, sous un feu violent d’obus, de balles et de mitrailleuses. Mais les légionnaires ne peuvent progresser : la ligne des fils de fer et les tranchées sont intactes par l’artillerie française, qui a bombardé les Bulgares une demi-heure avant l’assaut de Légion. Pour éviter les pertes inutiles, l’attaque est arrêtée. Néanmoins, cette journée, 15 légionnaires sont tués, le Sous-lieutenant Finelli et 46 légionnaires sont blessés.
Les deux jours suivant, les positions du Bataillon près de Petorak sont bombardées. La fusillade coûte la vie à 11 légionnaires ; le Capitaine Azan et 17 hommes sont blessés.
Le 29 septembre, un renfort de 51 hommes arrive au Bataillon.
Le même jour, à Salonique, un gouvernement parallèle grec d’Elefthérios Venizélos est mis en place, soutenu par la France et favorable aux Alliés. Cette affaire provoque le schisme national entre le roi Constantin (qui reste neutre), et le gouvernement provisoire autour de Venizélos.
Du 30 septembre au 3 octobre, le Bataillon relevé campe à Boresnica.
Le 2 octobre, la situation se change. Les Bulgares pressés par les troupes alliées abandonnent ses positions à Florina et se replient au nord, vers Monastir en Serbie.
Bataille de Monastir
Le 3 octobre, le repli des Bulgares est suivi par une offensive générale des Alliés. Le Bataillon de Légion marche par Kalenik (Kalliniki) vers Negocani (Niki), un village occupé par les Bulgares, situé sur la frontière gréco-serbe. Le lendemain, Negocani est enlevé. Puis, le 1er RMA attaque, avec la Brigade russe à gauche et le 2e RMA à droite, la ligne de défenses bulgare à 3 km au nord, entre Medzidli (Medjitliya) et Kenali (Kremenica), les villages situés déjà en Serbie. Mais l’attaque n’a pas réussi.
Alors, les légionnaires s’installent à Negocani, face au Medzidli. Pendant deux jours, l’artillerie ennemie bombarde leurs positions. Un légionnaire est tué, 18 hommes sont blessés.
Le 6 octobre, une autre attaque est menée par la Brigade russe, le 1er RMA et le 2e RMA contre les tranchées bulgares de Kenali. Mais les Bulgares sont bien retranchés et repoussent encore l’assaut allié. Pendant ce combat de huit heures, le Sous-lieutenant Léo Denizon et 9 légionnaires sont tués ; le Capitaine Canalés, Lieutenant Noleau et 44 légionnaires sont blessés.
Après cet échec, le front se stabilise. Une attaque menée une semaine plus tard par les troupes coloniales échoue encore. La situation restera donc calme jusqu’au 15 novembre. Néanmoins, à cause de la canonnade systématique de l’artillerie bulgare, on compte 6 légionnaires tués et 32 blessés. Fin octobre, un détachement de 138 légionnaires, sous les ordres du Lieutenant Pla, arrive en renfort au Bataillon. Entre-temps, le Général Leblois prend le commandement de l’AFO.
Le 3 novembre, le Chef de bataillon Henri Rivet a remplacé le commandant Geay, détaché en dehors du régiment. Rivet, l’ancien chasseur à pied, a servi au 2e RMA avant d’être muté au bataillon bosniaque, une unité éphémère dissoute en septembre 1916.
Si le front attaqué par les troupes franco-russes près de Kenali n’a pu être percé, les Serbes en position plus à l’est ont pu progresser au nord, vers la rivière Crna Reka en territoire serbe. Le 15 novembre, les Bulgares évacuent leurs tranchées et se replient vers Monastir. Les troupes franco-russes se lancent à la poursuite, par Medzidli, Zabjani (Jabeni) et Bistrica.
Le 19 novembre, commandés maintenant les Alliés sont devant Monastir, une ville importante et un centre administratif de la région. De nombreux incendies allumés font prévoir un nouveau repli de l’ennemi. Une reconnaissance en ville est donc organisée par une section de la 9e Cie du Bataillon de Légion. Commandée par le Capitaine Hamot, cette section est la toute première unité des troupes alliées qui entrera dans Monastir. Elle prend contact avec l’arrière-garde bulgare. À l’aide de la cavalerie serbe et les éléments de la 57e Division, l’ennemi est rejeté au nord de la ville. Monastir est prise.
Le front de Monastir : novembre 1916 – mars 1917
Dolno Orizari et Gorno Orizari
Fin novembre 1916, les forces de l’Entente avaient réussi à prendre Monastir. Les Bulgares se replient vers le nord-est et surtout vers les monts à l’ouest et au nord-ouest de la ville. Ils s’y installent solidement avec leur artillerie en batterie et, à partir de la fin novembre 1916, Monastir est soumise aux bombardements quotidiens.
Le 1er RMA resta au nord-est de la ville, devant la première ligne de tranchées ennemies. Le Bataillon de Légion s’implante à Dolno Orizari et Gorno Orizari et entreprend la construction de positions défensives, malgré des bombardements et les tirs incessants. Les combats de patrouilles et de reconnaissances sont aussi fréquents devant le secteur du régiment. Les légionnaires sont relevés chaque quatre jours pour prendre semi-repos au sud, à Pozdes (Poechevo aujourd’hui), un village organisé en réduit et entouré de fils de fer, avec le P.C. de la 311e Brigade. Fin décembre, les lignes de retranchements sont terminées, avec des barbelés sur 5 mètres de profondeur. Pendant ces six semaines, les pertes du Bataillon sont de 7 légionnaires tués et 40 blessés.
En décembre, deux renforts arrivent au Bataillon, comptant un officier (Capitaine Jumancourt) et 214 hommes. Le Capitaine Hamot, adjudant-major, est évacué. Comme lieutenant, il faisait déjà partie de l’original Bataillon en mars 1915.
Entre-temps, le 2 décembre, après de sévères affrontements avec les Grecs, les troupes du Général Sarrail occupent Athènes. Le but est de cesser l’attitude ambiguë du roi et du gouvernement officiel. La crise grecque ne se dénoue qu’en juin 1917, avec le départ en exil du roi et l’installation à Athènes du gouvernement parallèle de Venizélos, favorable aux Alliés (qui demeure jusqu’en juin 1917 à Salonique).
Le massif de Baba et la Crvena Stena
Le 2 janvier 1917, la 156e Division quitte le secteur Est et vient de relever une brigade italienne dans le secteur Ouest de Monastir, entre le massif du Baba (aussi Baba Planina, Mont Baba ou le massif du Pelister) et la route Monastir-Resne (Resen). Les unités du 1er RMA s’installent à Lahce (Lavci), Brusnik et aussi à Nizopole (Nijépole), une position en 1ère ligne, toujours relevée. Le P.C. de la 156e Division est à Bukovo ; celui de la 311e Brigade et du 1er RMA sont à Lahce.
Le Bataillon de Légion s’implante dans le ravin de Lahce. Il faut d’organiser le bivouac et d’améliorer des positions italiennes, creusées très hâtivement. Puis, c’est la construction ou l’augmentation des pistes et des voies de communication dans cette région montagneuse, pour permettre un ravitaillement plus facile.
La mission du 1er RMA et du Bataillon est purement défensive. Il doit tenir coûte que coûte sur ses positions.
Les troupes bulgares, soutenues par des officiers et soldats allemands, sont installées dans le massif du Baba, sur la Crvena Stena (une arête du massif ; elle est souvent appelée à tort « Trana Stena » dans les ouvrages historiques), ainsi que dans les villages de Trnovo et Magarevo. Ils montrent peu d’activité et se limitent à repousser les patrouilles françaises. Au contraire, l’artillerie bulgare et les mitrailleuses tirent systématiquement sur les pistes, les bivouacs et les positions du secteur.
À partir du 20 janvier, la neige tombe en abondance et couvre toute la région, jusqu’en mars. Dans les montagnes, le thermomètre oscillera entre 25 et 30 degrés au-dessous de zéro.
Le 21 janvier, le Capitaine Grabot (non-Légion) est affecté comme adjudant-major au Bataillon. Trois jours plus tard, le Capitaine Césari (11e Cie) est évacué. Il sera remplacé par un officier d’origine italienne, le Capitaine Pignatelli di Cerchiara, venu de France.
Le 7 février, le Bataillon de Légion se déplace de Lahce à Brusnik. Le 13 février, après quelques semaines de travail, une piste Bukovo-Nizopole (à travers les montagnes) est achevée par le Peloton de discipline. En février, les CMC compagnies devinrent les CM. Les équipes de canons de 37 mm forment au sein du régiment un Peloton de Canon séparé.
Le 7 mars, un bataillon de volontaires albanais, sous les ordres du Lt-colonel Geay (l’ex-chef du Bataillon de Légion), est rattaché administrativement au 1er RMA et placé à Lahce.
Composition du Bataillon de Légion en mars 1917
- Commandement : Chef de bataillon Rivet
- Adjoint : Capitaine Grabot
- 9e Compagnie : Capitaine Masson
- Sous-lieutenant Genet
- Sous-lieutenant Breney
- 10e Compagnie : Capitaine Jumancourt
- Sous-lieutenant Bertini
- Sous-lieutenant Tisné
- Sous-lieutenant Taillemite
- Sous-lieutenant Rosini
- 11e Compagnie : Capitaine Pignatelli di Cerchiara
- Sous-lieutenant Casanova
- Lieutenant Sac
- Peloton de discipline : N/A
- 3e CM (non-Légion) : Lieutenant Bévéraggi
Bataille de Monastir (1917)
En mars, les forces de l’Entente cherchent à reprendre l’initiative. Pour le printemps 1917, le Général Sarrail planifie une grande offensive contre les troupes germano-bulgares, sur la boucle de la Cerna et sur le lac Doiran. Il a aussi planifié une attaque au nord et à l’ouest de Monastir. La ville est toujours sous le bombardement ennemi et on désire un moment de calme à la population civile comme aux troupes alliées.
Sur le front de Monastir, le plan de Sarrail était d’attaquer la Crvena Stena et le massif de Baba, ainsi que la cote 1248 au nord-ouest de la ville, pour dégager ou neutraliser l’artillerie bulgare.
Bataille de Crvena Stena (14 mars – 16 mai 1917)
Au début de mars, les travaux offensifs sont commencés. Les unités du 1er RMA organisent surtout les positions en première ligne, à Nizopole et aux tranchées de départ sur la Crvena Stena, dit Fort National, qui se trouvent en face des tranchées bulgares, dit Posen. Du 8 au 14 mars, toutes les compagnies du Bataillon de Légion construisent dans le secteur du régiment des emplacements pour les batteries françaises. Entre autres, les légionnaires aident aussi à haler des pièces à bras au Col de Déjeûner, à 1 500 mètres d’altitude.
Le 14 mars, la bataille commence. Le lendemain matin, les éléments du 175e RI parviennent à conquérir une partie des tranchées de Posen; le soir, ils sont relevés par le 1er Bataillon du 1er RMA. Dans la nuit du 17 au 18 mars, le Bataillon de Légion tenu en réserve à Dihovo (un village près du Fort National) relève le 1er Bataillon en première ligne. Les 10e et 11e Cies + PD + deux sections de la 3e CM sont placées à Posen, la 9e Compagnie et une section de la 3e CM occupent le Fort National. Toutes les deux positions sont sous une immense fusillade bulgare. Dans l’après-midi du 19 mars, les légionnaires effectuent une belle attaque et parviennent à gagner 140 mètres du terrain et des tranchées de Posen, en direction de Trnovo. Le 20 mars, le Bataillon est relevé par des zouaves et rentre à Dihovo. Durant les deux dernières nuits, on compte 9 tués ; le Sous-lieutenant Tisné et 28 légionnaires sont blessés.
Le 24 mars, pour raison de santé, le Lt-Col Schneider quitte le commandement du 1er RMA. Il sera remplacé par le Lieutenant-colonel Geay.
Le même jour au soir, les légionnaires reprennent les positions en première ligne. Après la relève, une section de la 9e Cie à Posen est frappée par la canonnade ennemie. Le sergent Faubourg est tué, 13 légionnaires sont blessés. Le soir même à Posen, l’Adjudant J.L. Ramaeckers, un Hollandais avec 15 ans de Légion, est tué. Il a été détaché à la 1re CM du 1er Bataillon.
Le 26 mars, c’est une revanche des légionnaires et l’une des plus belles actions de la 156e Division à Monastir. Soutenue par une batterie de 155 et par la 11e Compagnie, la 10e Compagnie du Capitaine Jumancourt s’élance à l’assaut et progresse vers l’ouvrage Munich (tranchées ennemies à gauche de Posen), en gagnant environ 800 mètres du terrain. En outre, 5 officiers et 166 soldats stupéfaits tombent aux mains des légionnaires sans combattre ; 3 mitrailleuses, 6 lance-bombes et un matériel considérable sont aussi capturés.
Mais dans cette journée, le Bataillon perd le Capitaine André Pignatelli di Cerchiara et 3 légionnaires, tués ; le Sous-lieutenant Rosini et 14 légionnaires sont blessés.
Les 27 et 28 mars, les Bulgares lancent cinq violentes contre-attaques pour reprendre les positions perdues, mais sans réussite. La Légion tient solidement. Néanmoins, le bombardement continue avec une grande violence. Les deux jours coûtent la vie à 9 légionnaires ; 62 sont blessés.
Parmi les blessés, l’Adjudant Henri Naumann de la 10e Compagnie. Un vieux légionnaire, blessé pendant une contre-attaque bulgare du 28 mars, il a perdu un œil. L’Adjudant Naumann sera le premier sous-officier de l’Armée française d’Orient (et de la Légion étrangère en 1914-18) décoré de la Légion d’honneur.
Dans la nuit du 28 mars, les légionnaires sont relevés. Grâce à ses brillantes actions du 26 au 28 mars 1917, le Bataillon de Légion sera cité à l’ordre de l’Armée, pour la deuxième fois.
La situation se calme un peu, jusqu’au 12 avril. À partir du 12, le pilonnage des positions françaises continue de nuit comme de jour. Le 17 avril, le bombardement immense augmente jusqu’à 500 coups par heure. À 18 heures à Posen, les assaillants germano-bulgares précédés de lance-flammes déclenchent un assaut à gros effectifs. Les zouaves du 2e Bataillon sont submergés et l’ouvrage de Posen est perdu. Deux jours plus tard, le 19 avril, une contre-attaque est menée par un bataillon du 2e RMA et un bataillon du 1er RMA, appuyés par les 10e et 11e Compagnies du Bataillon de Légion. Les Français réussissent et reprennent les positions perdues. L’ennemi abandonne 62 prisonniers et le nombre des blessés.
À partir du 20 avril, la mission de la 156e Division est purement défensive, à l’exception du 16 mai. Cette journée est marquée par une attaque des zouaves pour détourner l’attention de l’ennemi de la Bataille de la Boucle de la Cerna, planifiée déjà pour avril.
La série d’opérations connue comme la Bataille de Crvena Stena et qui faisait partie de la Bataille de Monastir en 1917, est finie. Monastir a été quelque peu dégagée, mais la ville reste sous le feu ennemi jusqu’en septembre 1918, détruite à moitié par plus de 20 000 obus. Environ 500 habitants ont été tués.
Le front de Monastir : mai – août 1917
Le bombardement bulgare reste intensif, mais les actions offensives ne continuent pas. Jusqu’en juillet 1917, le Bataillon de Légion alterne entre Posen, Fort National, Dihovo et Brusnik. En juin, le commandant Rivet s’installe avec son P.C. et une partie du Bataillon à Nizopole. Le Capitaine Grabot demeure à Dihovo pour commander Posen et le Fort National. Le 31 mai, un renfort important arrive au Bataillon, sous les ordres du Capitaine Harburger. Cet officier barbu est un ancien légionnaire alsacien. Lieutenant au Bataillon déjà en mars 1915, il rejoindra l’E.M. de son ancien chef, le Lt-Col Geay, et restera avec lui jusqu’à la fin de la guerre.
Le 29 juin, après le départ en exil du roi et l’installation du gouvernement de Venizélos à Athènes, la Grèce entre dans la guerre aux côté des Alliés.
Le 9 juillet, une attaque bulgare sur les positions des légionnaires à Posen. On compte 5 légionnaires tués et 12 blessés. Il y a aussi des blessés parmi les hommes de la 3e CM. L’un d’eux, le Sous-lieutenant Baudez, a son bras droit amputé.
Le 21 juillet, le Lt-colonel Geay part en permission. Le commandant Rivet lui remplace à la tête du régiment. Le Capitaine Jacques Grabot prend alors le commandement du Bataillon.
Fin juillet, la mission de la 156e Division à Monastir est finie. Elle est relevée dans son secteur par la 30e Division (deux régiments français + deux régiments russes + un régiment grec) et renvoyée en Grèce.
Le camp de Gradobor
Le Bataillon de Légion quitte le secteur Ouest le 6 août, comme la dernière unité de la division. Il se met en marche vers Petrsko (Petres), un village dans la région de Banica (Vevi, à l’est de Florina), où doit se rassembler le 1er RMA. Passant par Negocani, les légionnaires rendent hommage aux camarades qui y ont été tués en octobre 1916. Le Bataillon arrive à Petrsko le 11 août et prend son repos.
Les 20 et 21 août, le régiment est à Eksisu. Il s’embarque dans le train et part vers l’est, au camp de Gradobor (Pentalofos, au nord-est de Salonique), où il arrive le 22. Là, le 1er RMA cesse d’être partie de la 156e Division. Il sera en disposition directe du Général Sarrail.
Aussitôt que les hommes s’installent leurs bivouacs, ils sont remis à l’aménagement du camp et l’instruction. Ils font des exercices et des marches, pratiquent des tirs et le lancement de grenades.
Le 13 septembre, le Lt-colonel Geay rentre de permission ; le commandant Rivet reprend le Bataillon.
Le 21 septembre, le Général Sarrail a décidé que le Bataillon de Légion aurait droit au port de la fourragère pour ses deux citations à l’ordre de l’Armée.
Deux jours plus tard, c’est une autre décision. Le Bataillon de Légion, qui a parcouru sans répit les opérations à Gallipoli et sur le front de Salonique, sera dissous, à l’exception de la 11e Compagnie, le PD et la 3e CM composée exclusivement de zouaves. En même temps, le 2e RMA sera également dissous ; ses hommes constitueront le nouveau 3e Bataillon du 1er RMA.
Le Bataillon de Légion cesse d’exister le 30 septembre 1917.
Compagnie de Légion en Orient
Le 1er octobre 1917, la Compagnie de Légion est constituée en Orient, au camp de Gradobor. Elle comprend trois sections de combat et le Peloton de discipline, à l’effectif de 5 officiers, 32 sous-officiers et 318 légionnaires (350 hommes au total). Le Capitaine Charles Conte, sous-lieutenant au Bataillon de Légion en Serbie fin 1915, prend le commandement. Parmi les officiers, le Sous-lieutenant Maurice Léon, héros de la Légion aux Dardanelles en 1915.
La compagnie demeure au camp et continue ses travaux et son instruction. Trois semaines plus tard, elle est renforcée par le Sous-lieutenant Bedel. La Compagnie comptera alors quatre sections et le PD.
Compagnie de Légion en Orient en octobre 1917
- Commandement : Capitaine Conte
- 1ere Section : Lieutenant Zanchetta
- 2eme Section : Sous-lieutenant Noleau
- 3eme Section : Sous-lieutenant Léon
- 4eme Section : Sous-lieutenant Bedel
- Peloton de discipline : Sous-lieutenant Lemaire
Le 30 octobre 1917, c’est la remise de la fourragère à la Compagnie. Le Lieutenant-colonel Geay attache personnellement cette décoration au Capitaine Conte. Puis les bataillons du 1er RMA défilent devant les légionnaires qui ont la garde du Drapeau.
Le lendemain, par note du Général Sarrail, le 1er RMA et la Compagnie sont mis à la disposition de la 122e Division du Général Castaing. Les unités donc quittent le camp pour relever la 78e Brigade de la 26e Division britannique du Général Colin dans le sous-secteur au nord de Karasouli (Polykastro), un village situé à 40 km de Gradobor, entre Bohemica et le lac Ardzan. Après quelques jours de bivouac à Karasouli, ils arrivent dans le sous-secteur le 8 novembre.
Sous-secteur de Karasouli (novembre 1917 – mars 1918)
Le sous-secteur confié au 1er RMA se trouve entre le Vardar à gauche et le Selimli ravin à droite, et comprend les villages d’Oreovica (Pefkodasos), Smol (Mikro Dasos), Bajalca (Platania) et Makukovo (Evzonoi). Le dernier est situé à 4 km au sud de Bogoroditsa, un village de frontière, bien connu des légionnaires rentrant de la campagne en Serbie fin 1915. Maintenant, toute la région en face de Makukovo est occupée par les Bulgares.
Une première ligne de tranchées, très bien fortifiée, passe juste au sud de Makukovo, de l’ouest à l’est ; une deuxième ligne est située entre Smol et Bajalca. Le PC du commandement de sous-secteur (confié au Lt-Col Geay) se trouve entre Smol et Oreovica, dans le ravin Happy Valley (quelques nommes anglais du secteur sont laissés inchangés). Le bivouac de Légion est encore 200 m au sud, dans une petite ravine Glen Smol.
Jusqu’à la mi-mars 1918, formant deux pelotons de deux sections chacun, les légionnaires alternent entre leur bivouac et la première ligne (à sa limite droite), surtout sur le Piton Brun (position K6) et sur le Piton des Guetteurs (position AK6). Appuyés par deux sections de mitrailleuses de la 2e CM, les pelotons se relèvent chaque deux semaines.
Le front est relativement calme, puisque les Bulgares ont réalisé dans cette région tous ses buts de guerre. Le bombardement est sporadique et il n’y a pas d’accrochages sérieux pendant les nombreuses patrouilles et reconnaissances. La seule action sérieuse se produit le 25 novembre, quand les positions occupées par les zouaves du 2e Bataillon sont attaquées à grenade par une compagnie ennemie. Il y a un tué et quelques blessés. Une semaine plus tard, le 4 décembre, à cause d’une canonnade forte, on compte 4 légionnaires blessés.
Quatre jours plus tard, la Compagnie est renforcée par deux sergents et 27 légionnaires.
Le 14 décembre, le Général Sarrail quitte le commandement des AAO. Il est remplacé par le Général Guillaumat. Fin décembre, c’est la tour de l’AFO. Le Général Régnault est remplacé par le Général Henrys.
Gorgop et Skra di Legen (avril – juillet 1918)
Repos à Gorgop (avril – mai 1918)
Le 19 mars 1918, la période dans le sous-secteur de Karasouli s’achève. Le 1er RMA et la Compagnie sont relevés par une brigade britannique et partent au repos à Amatovo (au sud-est de Karasouli, le village n’existe plus aujourd’hui). Le 28 mars, le régiment et la Compagnie sont dirigés par Bohemica vers Gorgop (Gorgopi), où les hommes arrivent le 31 mars. Au cours de ce déplacement, une violente tempête de neige frappe les hommes. Cinq zouaves sont morts.
La Compagnie de Légion s’installe au nord de Gorgop. Les légionnaires profitent de la période de repos. Ils sont remis à l’aménagement du bivouac, à l’instruction et à l’augmentation des pistes et des routes dans la région. Ils y séjournent presque deux mois.
Le 24 mai, le 1er RMA quitte Gorgop. Il est ordonné de se rendre via Kupa (Koupa) dans la région d’Osin (Archaggelos) et de Borislav (Periklia). À l’est de Borislav, les troupes alliées – trois divisions helléniques et la 122e Division française – préparent une nouvelle offensive dans le secteur du massif Skra Di Legen. La position avait déjà subi une offensive des forces franco-grecques en mai 1917, mais les alliés furent repoussés par une contre-offensive bulgare.
Skra di Legen (mai – juillet 1918)
Le régiment et la Compagnie de Légion sont tenus en réserve. Entre-temps, le Peloton de Canon du régiment est mis à la disposition de la Division de l’Archipel grecque pour suivre l’offensive préparée.
Les troupes de l’Entente attaquent les lignes bulgares le 30 mai, après une canonnade imposante de la veille. Les fortifications ennemies en béton, un véritable labyrinthe équipé de mitrailleuses et de nombreux observatoires, sont enlevées sur une distance de plus de 1 500 mètres. La seconde bataille du Skra di Legen fut la première participation décisive de la Grèce dans la Première Guerre mondiale. C’est donc une victoire glorieuse.
Les bataillons du 1er RMA et la Compagnie de Légion suivent les Grecs et occupent les positions conquises pour les mettre à l’abri d’un retour offensif.
La Division d’Archipel jouait un rôle essentiel au cours de cette bataille et se bien distingua par sa vaillance. En plus, le Peloton de Canon, et même tout le régiment sont bien appréciés par cette unité. Le 2 juin, le 1er RMA a donc gagné une citation à l’ordre de la Division attribuée par sa chef, le Colonel Manganaras.
Le 1er RMA demeure dans la région de Skra di Legen où les hommes organisent les positions. Le 15 juillet, ils sont relevés par trois bataillons de la 16e Division coloniale et retournent à Gorgop.
Florina et Monastir (août – septembre 1918)
En juin, le Général Guillaumat est remplacé par le Général Franchet d’Espèrey. À partir de l’été 1918, ce nouveau commandant en chef des armées alliées de Salonique poursuit le plan élaboré par son prédécesseur et prépare l’offensive contre les Bulgares. Il fait construire des routes et des voies ferrées pour amener l’artillerie et les munitions le long du front. Il fait aussi effectuer des relevés cartographiques et fait mettre en place des réseaux filaires de communication.
Pendant ces préparations, le 1er RMA et la Compagnie de Légion sont transférés de Gorgop à Florina, où les unités arrivent le lendemain, le 26 juillet. Après quelques jours de bivouac à Armenohor (Armenochori), un village à l’est de Florina, la Compagnie de Légion se met, le 30 juillet, en route vers le Col de Pisodéri à l’ouest de Florina.
Le lendemain, la Compagnie est en station au « Col de Pisodéri – Kilomètre 17 » (apparemment le village de Pisodéri, qui se trouve à 17 km de Florina). L’unité est mise à la disposition du génie pour des travaux de pistes dans le secteur. Les légionnaires, toujours considérés comme « soldats et bâtisseurs » …
En même temps, les bataillons du régiment se portent vers Monastir, sauf le 1er Bataillon (qui devient provisoirement le bataillon d’instruction du 2e groupe de divisions) et la musique, toutes les deux unités restant à Florina. Le PC du régiment s’implante à Kanina (Kanino, au sud de Monastir), les deux bataillons alternent entre Holeven (Oleveni, au nord de Kanina) et les secteurs des deux Orizari et de Rastani (Rachtani), au nord-est et au nord de Monastir.
Le 18 août, le Lieutenant Léon et le Sous-lieutenant Bedel, rapatriés, quittent la Compagnie.
Le 25 août, le 1er RMA réuni, sauf la Compagnie de Légion, est placé tout entier dans le sous-secteur d’Esterel (secteur de Rastani, jusqu’à Krklina au nord). Le régiment est rattaché provisoirement à la 76e Division ; deux semaines plus tard, le 6 septembre, le 1er RMA passe sous les ordres du Général Borius, commandant la 156e Division.
Le 4 septembre, les légionnaires quittent le Col de Pisodéri et par Velusina (Veluchina, au sud de Kanina), où la Compagnie demeure pour huit jours de travaux de pistes, ils rejoignent le 1er RMA dans son sous-secteur, le 13 septembre. Les légionnaires retrouvent la région avec les positions des Orizari qu’ils construisaient deux ans auparavant, fin 1916. Mais cette fois, la Compagnie est installée au nord-ouest de Rastani. Elle travaillera dans le secteur à l’aménagement de pistes pour l’artillerie.
Offensive générale (fin septembre 1918)
Le 14 septembre 1918, le Général Franchet d’Espèrey lance les armées alliées à la reconquête des Balkans. À l’est du front, les soldats anglais et grecs attaquent en direction de la Serbie et la Bulgarie, autour du lac Doiran. Au centre, les Français et les Serbes progressant via Dobro Polje s’emparent rapidement de leurs objectifs.
À l’ouest, c’est une série de fausses attaques dans la région de Monastir. Elles doivent permettre un groupement de cavalerie, composé des deux régiments de chasseurs d’Afrique et d’un régiment de spahis marocains, de faire une manœuvre à pied en direction d’Uskub (Skopje, la plus grande ville de la Macédoine serbe et le P.C. germano-bulgare, située à 100 km au nord de Monastir), pour prendre la ville et couper en deux l’armée bulgare.
Le 21 septembre, après avoir reçu des nouvelles du front, les troupes ennemies dans la région de Monastir (la 11e Armée allemande du Général von Steuben, composée pour la plupart des Bulgares commandés par les officiers allemands) commencent un repli général vers le nord-ouest, en direction de la Hongrie.
Les Français, appuyés par des Italiens à l’ouest (Brigade Cagliari), les poursuivent. Sauf la Compagnie de Légion restant à Rastani pour achever les travaux de pistes ; elle ne part que le 27 septembre. Le 1er RMA, à la tête de la colonne, se porte vers Cernobok (Crnobouki), où il livre un combat le 24, sur les hauteurs au nord occupées par l’ennemi ; il y a 4 tués et 18 blessés. Ensuite, le régiment poursuit la 11e Armée vers le nord-ouest, en passant par Lisolaj, Vardina, Murgas (Demir Hisar), Pribilci et Dolenci, jusqu’à Velmevci, où le 1er RMA arrive le 29.
Le jour même, Uskub est prise par la cavalerie française. C’est une victoire stratégique. Le lendemain, le 30 septembre 1918, la Bulgarie signe l’armistice. Les Bulgares sont maintenant considérés comme prisonniers de guerre.
En même temps, la Compagnie de Légion rejoignit le reste du régiment à Velmevci. Les unités y restent deux jours. Puis, elles marchent vers Kicevo, une ville et le centre de la région, avec un grand dépôt de matériel ennemi. Le 1er RMA s’installe à Kicevo le 4 octobre. La Compagnie de Légion s’implante au sud de la ville, à Bigor Dolenci.
Fin de la Guerre et retour vers Salonique (octobre-décembre 1918)
D’abord, les légionnaires à Kicevo sont ordonnés de dénombrer le matériel pris à l’ennemi (mitrailleuses, fusils, voitures de transports avec les bœufs, etc.) pour l’expédier vers les dépôts français. Puis, le 1er RMA est désigné d’assurer dans la ville la garde et le triage des prisonniers (éléments bulgares de la 11e Armée) et leur conduite de Kicevo à Monastir. La mission n’est achevée que le 6 novembre.
Pendant ce temps, c’est la Turquie qui signe l’armistice avec les Alliés (30 octobre), suivie par l’Autriche-Hongrie le 4 novembre.
Le 7 novembre, le 1er RMA et la Compagnie de Légion quittent la ville et reprennent la route vers Monastir, avec un repos de cinq jours à Lisolaj. C’est là, où les hommes ont appris l’armistice de l’Allemagne du 11 novembre, et donc la fin de la Première Guerre mondiale.
Le 16 novembre, le 1er RMA et la Compagnie de Légion quittent Monastir par voie ferrée et sont transportés à la gare de Naoussa, une ville grecque à mi-chemin entre Florina et Salonique. Au sud-est de la ville, près du village Rupan (Stenimachos), les unités sont mis au repos de trois semaines, jusqu’au 7 décembre. Le 3e Bataillon du régiment est définitivement dissous fin novembre, sauf la 3e CM.
Le 11 décembre, les légionnaires et les zouaves arrivent finalement à Salonique et sont dirigés au Camp Franchet d’Espèrey (l’ancien camp de Zeitenlik). Mais pas pour longtemps. Deux jours plus tard, leur dernière mission commence.
Odessa en Russie (décembre 1918 – avril 1919)
En 1914, l’Empire russe du tsar Nicolas II entre en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie pour venir en aide à la Serbie, son alliée. Les Russes se battent avec les Allemands en Prusse-Orientale ou avec les Turcs au Caucase, puis, les brigades du Corps expéditionnaire russe formées en 1916 vont en France et sur le front de Salonique. Mais la guerre est très impopulaire en Russie et donc, en mars 1917, une révolution s’enflamme. Le tsar Nicolas II a abdiqué et la Russie devient une république, qui voit encore une révolution en novembre. Cette fois, la révolution des bolcheviks. En mars 1918, ils signent à Brest-Litovsk la paix avec les Allemands.
Ensuite, une guerre civile commence en Russie, surtout entre l’Armée rouge des bolcheviques et les Armées blanches anti-bolcheviques. Une intervention alliée en Russie est donc organisée en 1918. Pour soutenir l’armée blanche dans le sud du pays, en Crimée et dans la Russie méridionale (Ukraine aujourd’hui), les Français décident d’une intervention en mer Noire avec les forces stationnées à Salonique.
Le 13 décembre 1918, la 156e Division, alors composée du 1er RMA (54 officiers + 1 650 hommes) et du 176e RI, s’embarque et quitte Salonique pour la Russie. Le 15, en passant par le cap Helles aux Dardanelles, le Lt-colonel Geay fait rendre les honneurs aux morts du 1er RMA, légionnaires et zouaves, tombés ici en 1915. Les quelques vétérans voient encore une fois la Morto Bay, Krithia et le ravin de Kérévés Déré.
Le 18 décembre, la Division débarque à Odessa, une ville portuaire sur la mer Noire, et la capitale administrative de la région. Elle n’est pas encore dans les mains des bolcheviques, pourtant il y a un chaos dans la ville. Depuis quatre jours, la région a été dirigée par le Directoire d’Ukraine (des socialistes révolutionnaires anti-bolcheviques) qui a remplacé l’Hetmanat, un gouvernement d’Ukraine installé et soutenu par l’Allemagne. Les troupes allemandes et autrichiennes sont toujours présentes à Odessa. Mais elles n’ont aucun intérêt à se mêler à cette guerre civile. Dans la ville, il y a aussi des Russes blancs échappés, des Ukrainiens nationalistes, des Ukrainiens anarchistes, des bolcheviques et d’autres fractions politiques. La situation est très trouble.
Les unités françaises sont désignées pour y maintenir l’ordre. Le 1er RMA s’implante à l’Ecole d’Artillerie et va occuper le secteur des deux gares. La Compagnie de Légion, appuyée par une section de mitrailleuses de la 3e CM, garde les postes autour de la cathédrale (Cathédrale de la Transfiguration). Elle y reste jusqu’au 24 décembre.
Le 30 décembre, après une semaine à l’Ecole d’Artillerie, la Compagnie reçoit l’ordre de garder la Station radio. C’est la dernière mission des légionnaires en Orient.
Le 21 janvier 1919, le 1er RMA, sauf la Compagnie de Légion et la 3e CM, quitte Odessa pour les opérations en dehors de la ville ; la 3e CM rejoint le régiment le 16 février. La Compagnie de Légion est donc le seul élément du 1er RMA qui demeure à Odessa.
Retour de l’Orient et la dissolution (avril 1919)
À partir d’avril 1919, l’approche de l’Armée rouge, des mutineries dans les rangs des Armées blanches et l’hostilité de la population amenèrent les troupes alliées à quitter la ville et la région.
Le 2 avril, la Compagnie de Légion, réduite à l’effectif de 2 officiers, 5 sous-officiers et 38 légionnaires sous les ordres du Lieutenant Zanchetta, quitte Odessa. Elle est suivie par le reste de la 156e Division le 6 avril, le jour même de l’évacuation du corps d’intervention du sud de la Russie.
Après une escale de 32 heures à Constantinopole, les légionnaires retrouve Salonique.
Une semaine plus tard, le 14 avril 1919, les hommes de la Légion étrangère quittent définitivement l’Orient. Ils y ont passé quatre ans, presque jour pour jour. Treize officiers de la Légion et plus de 330 légionnaires sont tombés au cours des combats aux Dardanelles, en Serbie, en Grèce et en Macédoine du Vardar. Beaucoup d’autres ont succombé à leurs blessures, mais aussi à la dysenterie ou au paludisme, alors très grave dans les Balkans (30 000 Français sont hospitalisés avec le paludisme en Grèce en 1916).
Le 19 avril, la Compagnie de Légion arrive en Tunisie. Les hommes, avec le Lieutenant Zanchetta (un Italien) et le Sous-lieutenant Papoutzopoulos (un Grec) en tête, y demeurent quelques jours d’avant leur transport par voie ferrée vers l’Algérie. Le 26 avril, ce petit détachement de 45 hommes arrive à Sidi Bel Abbès et rentre dans le Quartier Viénot, alors la maison-mère de la Légion. L’odyssée tourmentée des héros oubliés est finie.
Le 28 avril 1919, la Compagnie de Légion du 1er RMA est dissoute. Son fanion, décoré de la Croix de Guerre avec deux citations à l’ordre de l’Armée et de la fourragère, est deposé à la Salle d’honneur de la Légion. Ayant participé à la campagne d’Orient plus ou moins ignorée en France, l’unité sera presque oubliée pendant les ans suivants, malgré le sacrifice et l’héroïsme des hommes dans les pays hostiles, loin de la France.
Conclusion
Le 1er RMA demeure en Orient jusqu’en juin 1919, le mois de sa dissolution.
Le Lieutenant-colonel Geay, venant avec la Légion en mars 1915 pour compléter le régiment, il quitte le 1er RMA fin avril 1919. En 1920, il prend le commandement du 31e RMTA (Tirailleurs algériens) pour participer à une campagne encore moins connue, la campagne de Cilicie (1919-21). Ensuite, il participe avec son unité (qui devient le 47e RTA fin 1920) aux opérations au Liban et en Syrie, jusqu’en février 1922. Nommé colonel, Louis Geay part en retraite vraisemblablement vers 1923.
Enfin, pour éviter toutes confusions potentielles, voici les notes complémentaires pour contenir tout ce vaste sujet.
En 1916, la Légion d’Orient est formée en Égypte avec le cadre français (même avec le cadre de la Légion étrangère), pour lutter contre les Ottomans au Levant. Au début de 1919, la Légion d’Orient s’est scindée en deux formations : la Légion arménienne et la Légion syrienne. Toujours avec quelques cadres français pour les commander. Ces unités sont rattachées administrativement à la Légion étrangère (également comme les volontaires grecs, bosniaques ou albanais dans les Balkans pendant la Première Guerre mondiale) et n’ont aucun lien réel avec Sidi Bel Abbès, à part leur titre et le cadre légionnaire.
C’est également le cas du Bataillon de la Légion étrangère de Russie du Nord, une unité composée des volontaires russes anti-bolcheviks recrutés localement et commandés par les officiers français, dont certains venus de la Légion. Ce bataillon fut organisé à Arkhangelsk fin 1918 et faisait partie des forces d’intervention alliées en Russie du Nord. Comme la Légion d’Orient au Levant et les autres unités organisées par les Français avec le recrutement local, même ce bataillon est administrativement rattaché pour ordre au 1er Etranger en Algérie (bien qu’il n’y a pas de légionnaires actifs parmi les hommes).
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Principales sources d’informations et d’images:
JMO : Bataillon de Légion (1915 – 1917)
JMO : Compagnie de Légion (1917 – 1919)
JMO : 1er RMA (1915 – 1919)
JMO : 156e Division d’infanterie (1915 – 1919)
Képi blanc revues
Légion Etrangère revues
L’Illustration revues
Les tirailleurs (un grand merci à Eric pour son aide)
Fanion Vert et Rouge (Fr)
Mémorial Gen Web (Fr)
Mémoires des hommes (Fr)
Google Maps
Wikipedia.org
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L’article original: Foreign Legion in the Balkans: 1915-1919
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La page a été mise à jour le : 10 mai 2020