Dimitri Amilakvari : « Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle ».
Il est né le 31 octobre 1906 en Géorgie, dans la Russie. Membre d’une famille princière géorgienne, de la Maison de Zedguinidze, il doit quitter avec ses parents le pays, occupé par l’Armée rouge des Bolcheviks, au début des années 1920. Ils connaissent d’abord un exil dans l’Empire ottoman où le jeune Dimitri fait ses études dans une institution britannique à Constantinople.
En 1922, la famille arrive en France. Dès l’âge de dix-huit ans, Amilakvari entre à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM) : Promotion du Rif (1924-1926). Sous-lieutenant à titre étranger, il est affecté à la Légion étrangère en Algérie. Ici, il sert au 1er Etranger (1er REI) à Sidi-bel-Abbès, dans une compagnie d’instruction. Pendant ce temps, en août 1927, il épouse une princesse géorgienne, Irene Dadiani (1904-1944).
Nommé lieutenant en 1928, le jeune officier est muté l’année suivante au 4e Etranger, stationné au Maroc. Au sein de son 1er Bataillon, il prend immédiatement part dans la pacification du pays. Pendant les opérations du Haut-Atlas, fin mai 1932, il obtient sa première citation. En août 1933, au cours des opérations du djebel Baddou, il gagne une deuxième citation, à la tête de la 3e Compagnie. Le lieutenant Amilakvari restera huit ans au Maroc.
Promu capitaine en janvier 1937, il retourne à Bel-Abbès pour commander, jusqu’au 31 août 1939, la Compagnie d’instruction de mitrailleuses du DCRE. A la tête de cette unité, il participe, le 14 juillet 1939, au fameux défilé des képis blancs sur les Champs-Elysées à Paris. Ensuite, toujours en Algérie, il commande la Compagnie d’appui du 7e Bataillon, nouvellement créé, du 1er REI.
En même temps, au début de septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. Une grande partie de la Légion reste dans ses garnisons d’outre-mer pour garder l’Empire français. Néanmoins, d’autres hommes de la Légion arrivent en métropole pour y former des nouvelles unités. On trouve parmi eux, en mars 1940, le capitaine Amilakvari. Il est à la tête de la Compagnie d’accompagnement du 2e Bataillon d’une demi-brigade de montagne, qui deviendra le mois suivant la 13e DBMLE (demi-brigade de marche).
Avec cette unité, le capitaine Amilakvari participe, en mai, aux combats en Norvège où il est blessé. En juin, la demi-brigade revient en France. Mais en raison de la progression allemande et de la chute de Paris, les hommes rembarquent pour l’Angleterre. Ici, avec une partie de la 13e DBMLE, Amilakvari rejoint les Forces Françaises Libres (FFL) du général de Gaulle, au sein de l’armée britannique. Ils y forment la 14e DBMLE.
En 1941, promu commandant, il participe à la campagne d’Erythrée avec la demi-brigade (connue comme la 13e DBLE depuis fin 1940) puis il opère avec les troupes britanniques en Syrie. En Norvège, en Erythrée et en Syrie, Amilakvari confirme sa valeur exceptionnelle au combat par trois nouvelles citations à l’ordre de l’armée qui lui valent la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Promu lieutenant-colonel, il reçoit le commandement de la 13e DBLE, à ses trente-cinq ans.
En décembre 1941, deux bataillons de la 13 sont rattachés à la brigade française du général Koenig pour la campagne de Libye où la 8e armée britannique prépare une offensive, afin de repousser les Allemands hors d’Afrique. Les unités disposent de matériel anglais, d’armes lourdes et antichars pour affronter l’ennemi dans le désert. C’est en juin à Bir-Hakeim en Libye, où la 13e DBLE fait stopper l’avance de l’Afrika-Korps du général Rommel et repousse toutes ses attaques. Pour cette défense héroïque, Amilakvari est décoré de la croix de Compagnon de la Libération, des mains du général de Gaulle.
En octobre 1942 commence la seconde bataille d’El-Alamein, en Égypte. La brigade du général Koenig a pour mission de s’emparer des hauteurs d’El-Himeimat, une falaise dominant le champ de bataille, occupée par les Allemands. Le premier échelon d’attaque est constitué par les deux bataillons de la 13e demi-brigade, mais la forte résistance ennemie oblige Amilakvari à faire replier ses hommes.
Pendant ce replie, le 24 octobre 1942, à dix heures du matin, une salve de quatre obus explose. Alors qu’il venait de refuser de monter dans l’auto-mitrailleuse de l’officier d’artillerie britannique, le chef de la 13e demi-brigade s’écroule. Il est frappé par un éclat qui l’atteignait à l’oeil et traversait sa boîte crânienne. Transporté à l’arrière, le lieutenant-colonel Amilakvari meurt plus tard dans la journée, sous la tente du général Koenig. Père de trois enfants, il est enterré le lendemain sur les pentes d’El-Himeimat.
Après la guerre, le corps de Dimitri Amilakvari est transféré au cimetière militaire d’El-Alamein, où l’on trouve également sa tombe. Quant à son képi taché de sang et à l’éclat d’obus qui l’a mortellement blessé, ils sont conservés dans la salle d’honneur du Musée de la Légion étrangère à Aubagne.
La promotion 1954-1956 de Saint-Cyr choisit le nom de « Lieutenant-colonel Amilakvari ».
Décorations du lieutenant-colonel Amilakvari :
- Chevalier de la Légion d’honneur
- Ordre de la Libération Compagnon de la Libération
- Croix de guerre 1939-1945 avec 4 palmes (5 citations)
- Croix de guerre des Théâtres d’opérations (2 citations)
- Médaille coloniale avec agrafe « Maroc »
- Croix de guerre norvégienne
- Officier de l’Ordre du Ouissam alaouite
Pour l’anecdote, Dimitri Amilakvari avait un frère aîné, Constantin Amilakvari. En 1928, ce dernier s’engage également dans la Légion étrangère, mais comme simple légionnaire, sous le nom d’Eliko. Il devient adjudant au 1er REC au Maroc. Après treize années passées dans la Légion, il quitte l’institution à sa propre demande, à la mi-1941. Contrairement à Dimitri qui avait choisi le camp des Alliés, Constantin rejoint, avec un nombre d’autres anciens légionnaires russes ou géorgiens, la LVF (Légion des volontaires français contre le bolchevisme) et part combattre aux côtés des troupes allemandes sur le front de l’Est, contre l’Armée rouge de Staline. Là, le prince Constantin Amilakvari est gravement blessé et meurt de retour à Paris, en août 1943.
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L’article original : Lieutenant Colonel Dimitri Amilakvari
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La page a été mise à jour le : 10 novembre 2022